George, Elizabeth «Le cortège de la mort» (2010)

George, Elizabeth «Le cortège de la mort» (2010)

Auteur : Née le 26 février 1949 aux Etats-Unis, Elizabeth George s’éprend, assez jeune, du Royaume-Uni. Et comme, d’après ses propres dires, il est plus facile d’écrire sur un sujet et un thème qui nous intéresse, elle situe toutes les intrigues de ses fascinantes enquêtes policières en Angleterre. Avant l’écriture, elle commence sa carrière comme professeur d’anglais en Californie où elle aime étudier tous les genres de littérature.

Série Inspecteur Lynley : Enquête dans le brouillard(1988) – Le Lieu du crime, Presses de la Cité, (1991) – Cérémonies barbares (1993) – Une douce vengeance, (1993) – Pour solde de tout compte( 1994) – Mal d’enfant (1994) – Un goût de cendres (1995) – Le Visage de l’ennemi( 1996) – Le Meurtre de la falaise, (1997) – Une patience d’ange (1999) – Mémoire infidèle  (2001) – Un nid de mensonges, (2003) – Sans l’ombre d’un témoin, (2005) – Anatomie d’un crime (2007) – Le Rouge du péché (2008) – Le Cortège de la mort ( 2010) – La Ronde des mensonges (2012) – Juste une mauvaise action (2014) – Une avalanche de conséquences (2016) La punition qu’elle mérite ( 2019)

George, Elizabeth « les enquêtes de Lynley » (Page sur la série)
Série Inspecteur Lynley – 16ème enquête ( j’ai lu tous les précédents mais pas tous commentés car je n’avais pas encore de blog)

Presses de la Cité – 07/10/2010 – 650 pages (Careless in Red) / Pocket 10/11/2011 – 1016 pages

Résumé : Depuis le meurtre de son épouse, l’inspecteur Thomas Lynley n’a pu se résoudre à reprendre son poste à Scotland Yard. Lorsqu’une femme est retrouvée égorgée dans un cimetière londonien, sa remplaçante, Isabelle Ardery, y voit l’occasion rêvée de résoudre une affaire criminelle qui pourrait donner de l’élan à sa carrière. Mais, loin de faire l’unanimité au sein de son équipe, elle comprend qu’il lui sera difficile de parvenir à ses fins sans l’aide du très respecté Lynley, qu’elle appelle en renfort. Dans cette seizième enquête de l’inspecteur Lynley qui signe ici son grand retour au Yard, Elizabeth George plonge au coeur de la violence humaine, que même une société aussi policée que la société britannique ne peut contenir.

Mon avis : Valeur sûre que les enquêtes de Lynley. Quel plaisir de retrouver Tommy, l’inénarrable Barbara et de rendre visite à Simon et Deb. J’avais peur de ne plus le retrouver après ce qui était arrivé à sa douce Helen. Mais le voici de retour, sur la pointe des mocassins. Il est appelé en renfort par Isabelle Ardery, une femme prête à tout pour prendre la place qu’il a laissé vacante. Il faut dire que l’Isabelle est maladroite et se met tout le monde à dos ; comme si elle n’avait pas assez de mal avec ses problèmes persos il faut qu’elle se montre agressive, méprisante, hautaine avec ses « troupes » ; comme elle prend en prime systématiquement les mauvaises décisions, l’ambiance est loin d’être au beau fixe. Ma chère Barbara va donc décider de mener l’enquête à sa façon, en se contrefichant totalement des ordres de la pimbêche qui en plus menace de se débarrasser d’elle si elle n’est pas sapée bon chic bon genre, maquillée, pomponnée… Ceux qui connaissent le personnage apprécieront.
On va se promener entre Londres et le Hampshire (côte sud de la Grande-Bretagne, en face de l’île de Wight) et voir comment les différents enquêteurs ont des idées différentes pour appréhender le coupable d’un meurtre particulièrement atroce commis dans un cimetière londonien.
J’ai adoré ! J’ai visité New Forest, fait les boutiques avec Barbara (!), admiré la diplomatie de Lynley… J’ai adoré ! et en plus comme toujours, l’intrigue est intéressante, il y a des fausses pistes, il y a de l’humain dans les personnages. Un petit bémol… des longueurs dans la narration de l’enlèvement et le meurtre du petit enfant ( un cas réel) : l’autrice aurait pu étoffer un peu moins la partie y relative :  Il fait dejà plus de 1000 pages le roman…
Mais je vais rattraper mon retard car on en est déjà à la vingtième enquête… Et une fois encore, les livres sont tellement supérieurs à la série télévisées ou les seconds rôles sont inexistants et Barbara  pour ainsi dire acratopège

Extraits :

En juin, il pleuvait d’ordinaire à torrents, histoire de bien doucher tout espoir d’été.

[…] ne plus voir quelque chose, c’était ne plus y penser. Elle possédait cette qualité admirable entre toutes : elle était capable de vivre totalement dans l’instant.

Si la chienne avait pu ronronner, elle l’aurait fait.

Dans son immense tunique, elle avait l’impression d’être une girafe recouverte de tentures.

Elle était passée maître dans l’art de paraître calme, sûre d’elle et parfaitement compétente, et cette façade lui avait si bien servi pendant tant d’années que c’était désormais pour elle une seconde nature d’afficher cette image professionnelle comme un soldat porte une armure. Voilà ce que c’était que d’avoir de l’ambition dans un monde dominé par les hommes.

Encore sauf votre respect, vous ne pouvez pas m’ordonner…
— En effet. Très juste. Mais je ne vous l’ordonne pas. Je vous le conseille. Je vous le suggère. Je vous y invite. Toutes choses, je suppose, que vous avez déjà entendues.

Il avait fini par tomber d’accord avec elle. Il était facile d’aimer et d’accepter des gens qui vous ressemblaient. C’était moins évident avec les gens différents de vous.

Ils étaient à un âge où l’idée d’aventure surpassait tout hormis la magie du matin de Noël, et le cimetière était assurément un lieu propice à l’aventure.

Le vieil homme était aussi frêle que les mufliers sauvages qui poussaient le long du sentier.

Faire son chemin dans ce microcosme, c’était comme faire son chemin dans la vie en général. Désir et compromis. Tenter sa chance et y croire, et sentir plus souvent la claque du rejet que l’étreinte du succès. Mais il n’y avait pas de succès si on ne tentait pas sa chance, si on ne prenait pas de risques, si on n’était pas prêt à se jeter à l’eau.

quand une personne mentait pour une chose, elle mentait pour des dizaines d’autres.

— J’aime bien tonifier d’abord, avant d’exfolier. Vous exfoliez souvent, Barbara ?
Barbara murmurait les réponses attendues, mais tonifier évoquait pour elle un exercice de salle de gym, et exfolier avait sûrement un lien avec le jardinage, non ?

L’un de nous avait un couteau, tu vois, et l’autre un rasoir. Maintenant, voilà : le rasoir, c’est rapide et ça fait des dégâts. Mais le couteau ? C’est toujours lui qui gagne à la fin.

Il était presque impossible de ne pas être enchanté par un pays où les poneys lapaient l’eau des flaques et des étangs, et où les chaumières en torchis blanchi à la chaux donnaient l’impression d’être récurées quotidiennement. D’immenses panoramas de collines présentaient un patchwork bigarré où le vert des fougères avait commencé à brunir et où le jaune des ajoncs cédait la place au violet de plus en plus intense de la bruyère.

Nous faisons la vaisselle avec un détergent spécial.
Comme pour expliquer pourquoi les fleurs n’étaient pas mortes malgré l’interdiction d’arroser et la sécheresse qui sévissait.

Elle voyait toujours de l’amour dans des choses qui n’étaient pas du tout des signes d’amour

Elle n’arrivait même plus à se rappeler ce qui avait réellement porté atteinte à leur longue amitié. Leur affection mutuelle s’était-elle lentement effritée, ou bien avait-elle subi un coup fatal ? Elle n’arrivait pas à s’en souvenir, ce qui prouvait à quel point la cause de leur brouille devait être dérisoire.

Uniquement fait de brique, de béton et de macadam, le quartier aux alentours du viaduc possédait tous les charmes que pouvaient offrir des poubelles qui débordent et des rues jonchées de détritus.

Il avait envie de lui expliquer que l’amour était une drôle de chose, qu’il comblait les fossés, qu’il s’estompait et qu’il ressurgissait. Mais il savait qu’elle l’avait déjà compris parce qu’elle vivait le phénomène exactement comme lui.

J’allais dire que c’était vous qui décidiez. Vous qui donniez les ordres. J’allais dire que cette enquête était la vôtre.

Elle n’en était pas persuadée. Lynley avait les traits aussi lisses qu’un glaçage de gâteau.

[…] regrettable, déplorable, inévitable, et tous les adjectifs en -able que pouvait contenir le dictionnaire […]

la mode, c’était justement élargir ses horizons. Mais lui il a dit que les horizons, c’était pas élastique à ce point, et que le chemisier classique était mieux. Moi j’ai dit que l’encolure du chemisier était censée reproduire la forme du menton, et t’as un visage rond, pas vrai, pas en angles comme le chemisier classique.

Il savait qu’elle marchait sur des œufs et il se réjouissait de la pousser à sauter dessus à pieds joints.

Avec un type comme ça, Eve aurait choisi le serpent plutôt qu’Adam.

Contrairement à d’autres établissements, nous ne laissons pas nos décorations trop longtemps. On les a tous en horreur, à vrai dire. Comme les chants de Noël. Bing Crosby rêve peut-être de neige, mais moi, au bout d’une semaine à l’écouter en boucle, je rêve d’étrangler Bing Crosby.

[…] ce qui compte, c’est le meurtre, le parc, et notre conviction que la population préfère à coup sûr que nous la protégions de cinglés qui brandissent des armes plutôt que de tourner sur la pointe des pieds autour de quelqu’un qui entendrait Belzébuth lui marmonner à l’oreille.

C’était comme ça que réagissaient les femmes battues… Si elles prenaient le temps de « réfléchir », elles concluaient en général que c’était leur faute à elles, qu’elles avaient en quelque sorte poussé les hommes à la violence. Elles finissaient par se convaincre que si seulement elles l’avaient bouclée, si elles s’étaient montrées dociles ou si elles avaient prononcé des paroles différentes, jamais elles n’auraient récolté de coups de poing.

Je n’aurais jamais cru parler à un flic. J’ai lu des quantités de romans policiers, pourtant. D’après vous, alors, à qui vous ressemblez le plus, à Rebus ou à Morse ?
— J’ai un penchant fatal pour les voitures anciennes, reconnut Lynley.
— Alors c’est Morse.

Et puis, qui aime que les flics soient amicaux ? Même moi, ça me rendrait nerveuse, et pourtant je suis flic.

Nous n’avons pas besoin de pardonner le crime, ni de l’excuser. Mais nous avons bel et bien besoin de comprendre la raison de ce crime, de manière à empêcher qu’un tel crime puisse se reproduire.

[…] ses pensées étaient comme une volée d’oiseaux qui décrivaient des cercles, se posaient un instant pour picorer puis reprenaient leur vol.

— Nous nous efforçons de ne pas opérer comme nos cousins américains, ma chère. Tirer d’abord et poser les questions après ? Ce n’est pas tout à fait notre style.

Il ne dit rien. Mais ses yeux se plissèrent comme à l’approche d’un projectile. Du sable, une poignée de terre, une méchanceté…

Reportage : à la découverte de la New Forest (voir article)

« les enquêtes de Lynley » (Page sur la série)

2 Replies to “George, Elizabeth «Le cortège de la mort» (2010)”

  1. Entièrement d’accord avec toi !!!! Enfin une ecrivaine (ou auteure ou autrice) qui ne me déçoit jamais ! J’ai terminé le dernier de la série il n’y a pas longtemps eg je suis toujours aussi fan

  2. mon commentaire sur le Cortège de la mort :
    Ah le retour de Lynley… Enfin celui-ci revient un peu dans la trempe des premiers romans d’Elizabeth George et il faut bien se faire à l’idée qu’Hélène n’en fera jamais plus partie… Si vous aussi, vous avez été déçus par les deux derniers, vous pouvez franchement vous plonger dans celui-ci mais je ne vous en dirai pas plus pour ne pas entamer le dévoilement de l’intrigue…

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