George, Elizabeth «Le rouge du péché» (2008)
Auteur : Née le 26 février 1949 aux Etats-Unis, Elizabeth George s’éprend, assez jeune, du Royaume-Uni. Et comme, d’après ses propres dires, il est plus facile d’écrire sur un sujet et un thème qui nous intéresse, elle situe toutes les intrigues de ses fascinantes enquêtes policières en Angleterre. Avant l’écriture, elle commence sa carrière comme professeur d’anglais en Californie où elle aime étudier tous les genres de littérature.
Série Inspecteur Lynley : Enquête dans le brouillard(1988) – Le Lieu du crime, Presses de la Cité, (1991) – Cérémonies barbares (1993) – Une douce vengeance, (1993) – Pour solde de tout compte( 1994) – Mal d’enfant (1994) – Un goût de cendres (1995) – Le Visage de l’ennemi( 1996) – Le Meurtre de la falaise, (1997) – Une patience d’ange (1999) – Mémoire infidèle (2001) – Un nid de mensonges, (2003) – Sans l’ombre d’un témoin, (2005) – Anatomie d’un crime (2007) – Le Rouge du péché (2008) – Le Cortège de la mort ( 2010) – La Ronde des mensonges (2012) – Juste une mauvaise action (2014) – Une avalanche de conséquences (2016) La punition qu’elle mérite ( 2019)
– George, Elizabeth « les enquêtes de Lynley » (Page sur la série)
Série Inspecteur Lynley – 15ème enquête ( j’ai lu tous les précédents mais pas tous commentés car je n’avais pas encore de blog)
Presses de la Cité – Octobre 2008 – 523 pages (Careless in Red)
Résumé : Inconsolable trois mois après le meurtre de son épouse, Thomas Lynley erre le long des côtes de Cornouailles, loin de l’absurdité du monde. Lorsqu’il découvre le cadavre d’un jeune grimpeur au pied des falaises, son retour à la réalité est brutal…
Chargée de l’enquête, l’inspecteur Bea Hannaford renonce vite à considérer comme suspect le vagabond aux vêtements crasseux qui présente des papiers au nom de Thomas Lynley. En manque d’effectifs, elle le met à contribution : il est certes un témoin, mais, une fois son identité vérifiée, elle ne doute pas que son expérience de commissaire au Yard pourra s’avérer très utile. Car il y a du travail : le matériel d’escalade de Santo Kerne, la victime, a été saboté, et les personnes ayant pu désirer la mort du jeune homme sont légion.
Dans ce pays sauvage de falaises et de mer démontée, Lynley participe à contrecoeur aux investigations mais reprend pied peu à peu. Il retrouve son éternelle partenaire, Barbara Havers, que Londres a dépêchée sur place autant pour collaborer à l’enquête que pour mener à bien une mission délicate : récupérer Lynley.
Après le succès d’Anatomie d’un crime, son grand roman social, Elizabeth George renoue avec son art consommé du suspense et tisse une intrigue d’une incroyable densité, multipliant les fausses pistes et les faux coupables. Un roman magistral qui, après trois ans d’absence, marque le retour tant attendu de Thomas Lynley et Barbara Havers.
Mon avis : Cela faisait bien longtemps que j’avais délaissé Lynley … J’avais lu les 14 premières enquêtes, puis « Anatomie d’un crime » et j’ai donc retrouvé avec plaisir Thomas et Compagnie. Il faut dire qu’entretemps j’ai vu la Serie « Meurtres à l’anglaise » mais il manque tellement de personnages secondaires (Simon et Deborah) importants à mes yeux…
Ce pauvre Lynley est l’ombre de lui-même, fracassé par la mort de sa belle Helen. Il a démissionné de la police et aspire à la solitude. Mais quand il découvre un corps, impossible de laisser son instinct de policier de côté… D’ailleurs la police locale ne lui laisse pas vraiment la possibilité de rester extérieur à l’enquête… Scotland Yard envoie Barbara en Cornouilles pour seconder la personne chargée d’enquêter. Quant à Lynley, très réfractaire à l’idée d’être enrôlé, il mène sa petite enquête en marge en expliquant à qui veut bien l’entendre qu’il est policier dasn l’âme mais plus en titre…
Si vous aimez le surf, vous apprendrez tout sur la fabrication des planches de surf… et les bons coins de Cornouailles. Une fois encore « Sa Seigneurerie » détonne parfois bien qu’il tâche d’expliquer que la différence de classes sociales ne doit pas être un obstacle..
Barbara est parfaite, comme toujours…
Extraits :
Tu as placé tes rêves en elle au lieu de vivre les tiens.
Ils se faisaient face, chacun à un bout de la cuisine. Moins de trois mètres les séparaient, mais c’était comme un gouffre, qui s’élargissait un peu plus chaque année.
Face à l’inévitable, le mieux était de s’endurcir, de se blinder intérieurement tout en simulant l’assurance.
La vie fonce sur vous tel un cheval au galop, et vous n’avez que deux solutions : enfourcher le cheval ou être piétiné. Essayez de trouver un moyen terme et vous êtes fichu…
De toute manière, il fuyait le sommeil. Quand il dormait, il rêvait, et il redoutait ses rêves. Non parce qu’ils étaient dérangeants, mais parce qu’ils avaient une fin. Il avait constaté qu’il était plus supportable de ne pas dormir du tout.
Plein de regret ? Fatigué ? Le cœur gros ? Résigné devant le fait que tant qu’on refusait de changer, le Passé était voué à se reproduire ?
— Les êtres humains ne sont pas des choses qu’on peut “gérer”. Ce ne sont pas des quartiers de viande qu’on manipule, ni des marchandises.
— Tu déformes mes paroles.
— Tu déformes la vie des gens.
Tu es en colère parce que tu as peur. C’est plus facile, et plus logique, d’être en colère.
Ah ! Les achats, c’est excellent pour le moral, parait-il. Ça vous requinque à tous les coups. Les femmes le savent d’instinct. Les hommes, eux, doivent acquérir cette sagesse.
Il aspirait à connaître la vie plutôt qu’à la construire.
Pour cicatriser, il valait souvent mieux laisser une blessure au repos plutôt que de la sonder sans relâche.
Le plus terrible pour un père, c’était de s’apercevoir que son propre père étendait son ombre sur lui, et qu’il n’avait aucun moyen de lui échapper.
Dans tous les lieux de villégiature, il existe une ligne de démarcation entre les gens du bled et les intrus nés ailleurs.
des glousseuses, des allumeuses, des blablateuses, qui passaient leur temps à repeigner leurs cheveux décolorés par le soleil et à demander aux mecs s’ils les trouvaient grosses. Elles n’avaient aucun mystère, aucune complexité.
En situation de crise, les gens se démènent pour trouver des réponses et des solutions. Et, dans leur esprit, la solution correspond toujours à ce qu’ils désirent eux. Pas forcément à ce qui vaudrait mieux pour l’autre.
Sauter la femme du patron ? Dans la cuisine familiale ? Autant mettre une stèle sur sa propre tombe !
Je mets si souvent les pieds dans le plat que toutes mes paires sont bousillées. »
— Mon Dieu ! s’exclama-t-il.
— J’ai connu pire, comme surnom.
La vieillesse était une saloperie, pas de doute. Mais la vieillesse plus la maladie, c’était l’enfer.
Il se tapait des enfants de chœur ? Des chèvres ? Des moutons ? Une courgette de temps en temps ? Quoi ?
Barbara aurait écrasé sa grand-mère avec un semi-remorque, pour peu qu’elle se soit dressée entre elle et une information pertinente.
Mais il arrivait que des bribes de vérité sortent de la bouche des incapables, comme de celle des enfants.
Pour lui, les églises et les religions faisaient des promesses qu’elles ne parvenaient pas à tenir : il était facile de garantir la félicité éternelle après la mort, étant donné que personne n’était jamais revenu pour témoigner du devenir d’une existence vécue dans la soumission non seulement aux contraintes édictées par les hommes, mais aussi aux horreurs que ceux-ci infligeaient à leurs semblables.
Il lui faut un responsable. À sa femme aussi. N’importe qui, parce qu’ils croient qu’accuser, arrêter, juger et mettre en prison quelqu’un leur permettra de se sentir mieux, ce qui bien sûr est faux.
Ils se dévisagèrent comme seuls peuvent le faire deux ex-amants. Comme des ethnologues passant un site au peigne fin, cherchant des traces d’une civilisation ancienne.
L’ennui, c’est qu’il était plus doué pour agir que pour réfléchir. Trop réfléchir l’angoissait, et il n’existait que deux remèdes à cette angoisse. L’un était l’action et l’autre la boisson.
On a tous peur au bout du compte, parce que rien n’est jamais garanti. La vie est ainsi.
Le sexe, le pouvoir, l’argent… L’éternel trio, qui finissait toujours par surgir en cours d’enquête. La jalousie, la colère, la vengeance et la cupidité, tous ces sentiments étaient liés au sexe, au pouvoir et à l’argent.
Elle éteignit l’ordinateur et se dirigea vers la sortie. Parfois, il n’y avait rien d’autre à faire que de rentrer chez soi, même seule.
— L’horreur, pour une femme, c’est de s’attacher à un homme, et patatras ! Un beau jour, il fait un truc qui vous démontre que, malgré tous vos émois, toutes vos convictions bêtement romantiques, lui n’est pas le moins du monde attaché à vous.
Plus j’avance en âge, plus je pense qu’une femme a intérêt à entretenir une relation profonde et affectueuse avec un vibromasseur. Et peut-être aussi un chat, mais seulement peut-être. Il est toujours agréable d’être accueilli chez soi par une créature vivante. Remarquez, un aspidistra ferait aussi bien l’affaire.
C’était une attirance réciproque. Très intense. Impossible à ignorer.
Quelqu’un de romantique aurait qualifié de « coup de foudre » ce qui les avait rapprochés. Un psychanalyste aurait appelé ça une fixation.
Les articles de journaux – tabloïds, magazines, peu importe – ne mentionnent que les événements spectaculaires, poignants, sordides. Ils ne citent jamais ces pans d’existence composés de détails quotidiens, à la fois précieux et inoubliables. Pas assez dramatiques… Et pourtant, au bout du compte, ce sont ces moments-là qui nous définissent.
— Les gens comme vous…
— S’il vous plaît, non. Il n’y a pas de « gens comme moi ». Il y a seulement des gens. Il y a seulement l’expérience humaine,
Si la pièce avait été écrite par les Grecs, j’imagine que Thor aurait foudroyé le bonhomme…
— Zeus.
— Quoi ?
— Thor est un dieu Scandinave. C’est Zeus qui est grec.