Norek, Olivier «Surface» (2019)

Norek, Olivier «Surface» (2019)

Auteur : Engagé dans l’humanitaire pendant la guerre en ex-Yougoslavie, puis lieutenant à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 depuis dix-huit ans, Olivier Norek est l’auteur de trois romans largement salués par la critique et traduits dans plusieurs pays, ainsi que le lauréat de nombreux prix littéraires. Après Code 93, Territoires et Surtensions, Il publie « Entre deux mondes » en 2017 , « Surface » en 2019, « Impact » en 2020

Michel Lafon – 04.04.2019 – 430 pages

Résumé : Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police. Là-bas, personne ne veut de son enquête.

Mon avis : Le moins qu’on puisse dire, c’est que la quatrième de couverture n’a pas défloré le sujet 😉. Encore une fois un excellent Norek. Plus psychologique que la série des enquêtes de Coste, je le recommande chaudement.

Dans tout il y a un avant et un après. La capitaine avait tout pour elle : la réussite professionnelle, la beauté, l’amour. La vie de Noémie bascule le jour où elle se réveille défigurée suite à une intervention qui a mal tourné. Elle qui avait tout pour elle va se retrouver écartée du 36, sous le prétexte fallacieux pour lui permettre de se refaire et se retrouve parachutée dans un bled paumé de l’Aveyron : Avallon, un petit coin de paradis, calme, tranquille, sans problèmes, une vallée tranquille qui respire la quiétude et le calme. En surface…

Tout dans le roman est avant / après. Jusqu’au village dans lequel elle atterrit, en passant par le chien qui est aussi gueule cassée qu’elle. Les êtres qui habitent le village vont également se révéler des traumatisés par un événement qui les a changés à jamais ; il y a ceux qui se sont mis à boire, ceux qui se sont fâchés et se livrent une guerre larvée, ceux qui ont perdus l’esprit, ceux qui se sont arrêtes de vivre, ceux qui ne se parlent plus… Il faut se méfier de l’eau qui dort.  Elle peut cacher des fantômes, des revenants… Et quand la surface est dérangée par les vagues, la tempête peut se révéler très destructrice.

Pour guérir, il va falloir comprendre le passé, accepter le présent, voir vers le futur. Mais pour cela il va falloir tout remettre à plat et comprendre. Affronter les autres et s’affronter soi-même. Reprendre confiance et accepter de refaire confiance.

Une superbe enquête policière qui va jusqu’au bout du suspense et une enquête psychologique. Noémie sera-elle capable de renaitre de ses blessures, d’enquêter en profondeur, de plonger et de remuer le fond et de troubler la surface ? Tout comme le regard des autres s’est modifié, elle a perdu confiance et se barricade derrière une agressivité bouclier. Sous la surface, le passé sommeille et la vérité ne demande qu’à remonter à la surface. Il en va de même pour la personnalité de Noémie qui va devoir se révéler au jour si elle veut se reconstruire à l’intérieur en faisant abstraction de ce qui se voit.

Extraits :

L’enfer reste toujours le regard que les autres portent sur nous. Comme un jugement. Le regard qui nous examine, celui qui nous empêche d’oser, celui qui nous freine, celui qui nous peine, celui qui nous fait nous aimer ou nous détester.

L’étude des rêves est une porte vers votre inconscient. Dans les songes, les personnages que vous créez ne sont souvent qu’une variante de vous-même. Ce chat qui essaie de vous montrer la sortie du tunnel, ce n’est autre que vous qui tentez de vous échapper. Freud parle des rêves comme d’un accomplissement des souhaits.

Avez-vous déjà réfléchi à la fonction du visage ? Avez-vous compris qu’il est le reflet de tous vos sentiments ? On y lit le chagrin, la joie, les peurs, les interrogations, la douleur comme la jouissance. Il parle, avant même les mots. En tout, il exprime vingt et une émotions, vingt et un messages différents que vous destinez à l’autre.

Puis lentement, comme le mercure monte, ses poings se serrèrent. Son regard devint noir. Et elle se releva enfin, déterminée.

Les légendes aiment les zones de mystère.

– Je suis ton supérieur.
– Pas quand tu deviens con.

– Le courage c’est une qualité. La témérité, c’est une faiblesse.

Les vieilles bâtisses vivent. Qu’elles soient immergées ou non, elles parlent la nuit, grincent, frottent, se contractent ou se dilatent.

Certains voyaient pour la première fois ce fameux flic de Paris au visage de carambolage et ne se gênaient pas pour l’inspecter comme on estimerait le prix d’une voiture d’occasion. Elle qui voulait passer inaperçue…

Absolument toutes les branches de l’arbre des hypothèses sont inspectées, jusqu’à leurs feuilles les plus chétives.

Deux ans de relation heureuse et passionnée remontaient doucement à la surface comme un cadavre.

– Tu caches tes blessures. Mais pour moi, tu n’es ni moins bien ni mieux qu’avant. Je ne t’ai jamais connue que comme tu es. Et ça me va. Elles sont honnêtes, au moins, tes blessures. Elles ne se cachent pas, elles ne mentent pas. Elles te racontent.

Retourner sur ses pas, c’est la base d’une enquête.

Cette affaire, vous la résoudrez avec votre esprit, votre logique et vos capacités de déduction.
– Un genre de grand final à la Agatha Christie ?
– Comment pensez-vous que vos prédécesseurs faisaient avant toutes les sciences d’investigation ?

Des tas de sons de cloche ne font pas une musique, il faut d’abord les accorder.

6 Replies to “Norek, Olivier «Surface» (2019)”

  1. Belle analyse, C@t ! J’ai beaucoup aimé « Surface » également. Sans surprise avec Olivier Norek, la qualité est, une nouvelle fois, au rendez-vous. Après le magnifique « Entre Deux Mondes », l’auteur revient au polar pur et dur avec ce cold case qui se déroule dans l’Aveyron. L’héroïne, Noémie Chastain, est un personnage complexe et attachant que j’espère retrouver dans le futur.

  2. Après la claque d’Entre deux Mondes, mon coup de cœur 2018, j’avais une certaine appréhension à me replonger dans un texte de Norek ! Mais Surface fut une belle surprise, j’ai beaucoup aimé le lire ! Et tout comme vous, j’espère retrouver No dans une prochaine histoire.
    Belle journée ☀️

  3. Merci C@t ♥♥♥ pour ta critique et tes commentaires.
    Je suis extrêmement content de retrouver Norek a son meilleur et « Surface » m’a (re)tenu en haleine jusqu’au bout !
    Sans compter sur ce personnage de No (et Mie) tellement attachant…
    A recommander…

  4. Ahhh ! Cet Olivier Norek, il est vraiment excellent ! Je n’ai été déçue par aucun de ses livres et les 3 derniers (Surtensions, Entre deux mondes et Surface) sont particulièrement bien réussis.
    Effectivement, tout comme Victor Coste, j’aimerai bien retrouver le personnage de No pour encore 1 ou 2 enquêtes.

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