Bannalec, Jean-Luc «L’Inconnu de Port Bélon» (2017)

Bannalec, Jean-Luc «L’Inconnu de Port Bélon» (2017)

Auteur : Jean-Luc Bannalec est le pseudonyme d’un écrivain allemand (Jörg Bong) qui a trouvé sa seconde patrie dans le Finistère sud. Après Un été à Pont-Aven (2014), il écrit la suite des aventures du commissaire Dupin dans Étrange printemps aux Glénan (2015), Les Marais sanglants de Guérande (2016) , L’Inconnu de Port Bélon (2017) , « Péril en mer d’Iroise  » (2018), Les disparus de Trégastel : Les vacances du commissaire Dupin (2019).  Tous ses romans ont paru aux Presses de la Cité.

Les aventures du commissaire Dupin – tome 4

Résumé : Un nouvel hymne à la Bretagne signé Jean-Luc Bannalec !
Port Bélon, perle de Bretagne, célèbre dans le monde entier pour ses huîtres… Et théâtre de
nouveaux mystères pour le commissaire Dupin appelé à la rescousse après la découverte d’un
corps, inerte, ensanglanté. Aussitôt signalé, celui-ci a disparu. Volatilisé ? Dans les monts
d’Arrée, on trouve un second cadavre Il s’agirait d’un Ecossais, modeste pêcheur et saisonnier
dans les parcs à huîtres. Sur son bras gauche était gravé le Tribann, symbole d’une association
druidique…
De l’Ecosse aux monts d’Arrée jusqu’à Port Bélon, y a-t-il un lien entre les deux affaires ?
Pour le découvrir, Dupin plonge en eaux troubles au cœur du milieu, très concurrentiel,
des ostréiculteurs…

Mon avis : Sur la lancée, le tome 4 … Je découvre le monde des ostréiculteurs et je visite la région, ; cela me donne envie de déguster des huîtres ! On y croise aussi des manchots royaux et papous, des requins… Coté huitres, plongée dans l’ ostréiculture, mais aussi dans la dégustation… Plongée dans la culture et la musique celtique, dans les contes et légendes, dans le monde des druides. Et la culture celte ne se limitant pas à l’Armorique, on traverse la mer, direction l’Ecosse.

Deux enquêtes passionnantes qui se croisent et se séparent… Des personnages extrêmement bien décrits, une équipe d’enquêteurs que j’ai de plus en plus de plaisir à suivre. Certains personnages sympathiques et d’autres totalement imbuvables (dont le préfet). Et suspense garanti jusqu’au dénouement. Belle découverte que ce Commissaire Dupin, originaire… du Jura qui découvre la Bretagne après avoir été muté depuis Paris.

Extraits :

 

« La Bretagne compte deux saisons : la brève saison des averses continues et la longue saison des courtes pluies. »

Autour de l’estuaire de Port-Bélon, les petites routes n’avaient pas de nom – une particularité fréquente dans la région – et son GPS ne lui servirait à rien.

Le paysage était presque irréel. Hostile, étrange, sauvage comme dans un conte de fées sinistre. L’endroit parfait pour laisser son esprit vagabonder dans des sphères imaginaires et fantastiques comme les récits et légendes qui hantaient ces lieux. C’était l’habitat des druides, des magiciens, des fées, des nains et autres êtres fabuleux. Un lieu intimidant, inhospitalier pour de simples humains. Un décor rêvé pour des films de fantasy – les personnages de Frodon, Gandalf et leurs acolytes auraient fort bien pu évoluer dans de tels paysages.

C’est à la tombée de la nuit que les Kannerezed, les blanchisseuses de la nuit, des femmes au corps osseux et à la peau pâle, commencent à laver les linceuls des morts dans la lande.

Ce n’était pas parce qu’on faisait partie des vivants actuels qu’on était plus important que ceux d’hier ! Quel orgueil, quelle arrogance de la modernité !

La vérité des rêves ne faisait aucun doute en Bretagne.

Vous connaissez bien le dicton breton : rien n’est plus réel que ce qu’on ne voit pas ! Le monde est une forêt enchantée. Toute chose cache un sens. Les rêves sont un excellent indicateur.

L’Ecosse, l’Irlande, le pays de Galles, la Cornouailles, l’île de Man et la Bretagne – les « six nations celtiques », selon leur propre appellation.

L’écrit était considéré comme d’importance moindre, car le savoir devenait statique et immuable, ce qui était sa négation même. Ainsi le récit constituait-il la plus haute instance de la connaissance.

Etre druide entraînait une chose, plus que toute autre : être capable de raconter, de transmettre.

les druides. Tout comme chez les francs-maçons, il existe trois grades : les ovates, qui portent l’habit vert, les bardes, qui sont en bleu, et les druides, en robe blanche. Peut-être était-il vraiment druide.

Le fait qu’Aphrodite, la plus belle des femmes et déesse de l’amour, soit née dans une huître ajoutait beaucoup à son charme. Sans compter que ce mets s’accompagnait des meilleurs vins.

Les huîtres accumulent en elles le goût de l’eau dans laquelle elles vivent. Elles sont en quelque sorte un « pur concentré de mer ». Même chose que pour le vin avec le sol et le climat qui leur donnent leur saveur unique. Pour l’huître, c’est l’eau. Pour le vin, le terroir ; pour nous, le merroir.

Il est important de choisir un vin de même qualité – en fonction du goût, de la provenance et du type d’huître. Tous les vins blancs ne conviennent pas. Le muscadet s’accorde merveilleusement aux Bélon ! Le chablis n’est pas mal non plus, et pourquoi pas un pouilly-fuissé ou un puligny-montrachet – une véritable merveille !

L’Ankou, sombre créature armée d’une faux, était omniprésent dans l’imaginaire breton, sans pour autant inviter au fatalisme, à la résignation ou même au désir de mourir. La mort n’était pas écartée de la vie, c’était tout. Elle en faisait partie.

De temps à autre, une ondée s’ajoutait aux rafales qui fouettaient le sol. C’était un temps à réveiller un mort.

Quand il s’agissait de phénomènes naturels, en général, les Bretons étaient plutôt détendus. Ils savaient que la nature était la plus forte, qu’elle aurait le dernier mot, quoi qu’ils fassent. Cela ne voulait pas dire qu’ils acceptaient leur destinée sans broncher. Ils faisaient ce qui était en leur pouvoir pour se défendre, sans perdre leur sang-froid, sans céder à la panique.

L’Atlantique lui-même s’était mis sur son trente et un dans son costume bleu nuit. Il s’étendait à perte de vue, paisible, presque solennel. On le devinait bien ici, ce bout du monde.

La silhouette des Glénan se dessinait à l’horizon. Ce soir-là, l’archipel mythique semblait flotter au-dessus de la mer, majestueux et secret.

Lire l’article du Télérama : http://www.telerama.fr/livre/jean-luc-bannalec-l-ecrivain-allemand-qui-passe-la-bretagne-au-peigne-fin-avec-un-succes-fou,156568.php

 

 

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