Astier, Ingrid «Angle mort» (2013)
Astier, Ingrid « Angle mort » (2013)
Auteur : Ingrid Astier vit à Paris. Révélée par Quai des enfers (prix Paul Féval de la Société des gens de lettres, prix Lafayette, prix Polar en plein cœur, prix Sylvie Turillon. Elle est la marraine de la brigade fluviale . Quai des enfers est le premier tome de la Trilogie du fleuve, bâtie autour de Paris et de la Seine. Publié originellement en 2010, dans la Série Noire de Gallimard, ce premier roman a été très bien reçu par la critique. En 2013 sort le deuxième tome, Angle mort, toujours dans la Série Noire. En 2014, elle publie « Petit éloge de la nuit » (série « Petit éloge » à 2 euros). En 2017, Haute Voltige paraît en Série Noire Gallimard
Collection Série Noire, Thrillers, Gallimard – 528 pages- Parution : 13-01-2013 – (Folio policier (n° 750),2015)
Résumé : «Les armes, c’est comme les femmes, on les aime quand on les touche.»
Diego est braqueur, né à Barcelone. Il vit à Aubervilliers, dans une hacienda délabrée, avec son frère Archibaldo et des souvenirs. Leur sœur, Adriana, a fait d’autres choix. Artiste au cirque Moreno, elle rêve d’accrocher son trapèze à la tour Eiffel.
À Paris, un braquage que la police surveillait pour obtenir le flagrant délit tourne au massacre. La traque est lancée, du quai des Orfèvres au canal Saint-Denis, du port de l’Arsenal aux replis secrets d’Aubervilliers. La brigade criminelle du 36 et le 2e DPJ enquêtent. Les commandants Desprez et Duchesne, aidés de la Fluviale, essaient de démêler les fils. Un nom finit par tomber : Diego. Entre flingages et virées nocturnes, Diego garde toujours un temps d’avance. Comment piéger celui que rien n’arrête ?
Tandis que l’enquête progresse, aussi implacable que le destin, des histoires cristallisent et les sentiments viennent bouleverser les liens de sang. Une tragédie effrénée, où rayonne le soleil noir de la liberté.
Dans une interview : En 2013, les Éditions Gallimard publient, toujours dans la Série Noire, son deuxième roman, « Angle mort », un roman policier entre « western urbain et romantisme noir », salué par François Busnel comme « le nouveau souffle du polar français ».
Il met en scène Diego, un braqueur d’Aubervilliers, son frère Archi et sa sœur Adriana, surnommée « la petite mésange », une trapéziste au cirque Diana Moreno. Face à eux, le commandant Michel Duchesne, ainsi que le commandant Jo Desprez et le lieutenant Marc Valparisis, que l’on trouvait déjà dans Quai des enfers.
L’action se déroule entre scènes de braquage à Paris et courses-poursuites du port de l’Arsenal à une hacienda délabrée d’Aubervilliers « en évitant », selon Didier Hassoux, « Le Canard enchaîné, le bon, la belle et le truand » [archive], « toute facilité, tout cliché collé à ces villes en marge forcément sinistres et déprimantes ». Loin de peindre la banlieue dans sa morosité habituelle, le roman s’attache à préserver une coloration humaine, avec des ambiances burlesques dans un restaurant chinois, des scènes de poulet boucané où des Haïtiens jouent au bézigue ou le décor de western d’une hacienda au cœur de la ville. Le maire d’Aubervilliers, Jacques Salvator, reconnut l’hommage que la littérature rendait à la ville, en dépit du thème du grand banditisme : « Nos anciens redoutaient un peu un livre qui mettait en avant l’aspect délictueux d’Aubervilliers. Mais ils ont compris que c’était aussi une manière de la mettre en valeur à travers le romantisme policier »40.
Le thème principal du roman est le prix de la liberté et le roman est entièrement bâti autour d’un angle mort, qui, telle la pièce manquante d’un puzzle, donne sa justification au titre et ne se révèle qu’à la fin.
« Je ne suis du côté de personne. Angle mort n’est d’ailleurs en aucune façon un livre sur « la violence dans les cités » mais plutôt sur le prix que l’on est prêt à payer pour rester libre. »
Selon Le Parisien, « trois ans d’enquête », tant du côté des policiers que des voyous, ont nourri l’écriture détaillée de ces « trois semaines de « mano a mano » entre flics et voyous. »
Sur le plan esthétique, Angle mort a été rapproché « des chefs-d’œuvre du cinéma américain noir des années quarante ».
Il obtient le prix Calibre 47 et a été livre-vedette du Grand Livre du mois.
Mon avis : Déçue mais déçue ! J’avais tellement aimé « Quai des enfers » et son ambiance « Bords de Scène ». Je me réjouissais de retrouver l’équipe, l’eau, le fleuve…et patatras… je me retrouve propulsé en banlieue et au lieu de fréquenter la fluviale, je fraye avec des malfrats … Et perso, la vie des malfrats, qu’ils soient espagnols, maliens, ou autres…ce n’est pas trop mon truc. Même la langue … déjà il y a tellement d’abréviations que j’ai parfois du mal à suivre. Alors oui, c’est sans doute un beau reportage sur la banlieue… mais… Il faut attendre plus de la moitié du livre pour se retrouver sur les bords de la Seine… et pas pour longtemps… Je n’ai pas retrouvé l’atmosphère que j’espérais…
Je vais quand même continuer à suivre cette romancière, en espérant que je vais retrouver une ambiance moins violente que cette fois…
Extraits :
La buée était l’ennemie des flics, elle attirait l’attention sur les véhicules de planque.
Et parmi les flics sévissait une loi immuable : ce qui est prévu ne se déroule jamais. Vous pouvez verrouiller les situations avec le génie de la synthèse, imaginer le moindre scénario de fuite, placer les effectifs en fonction des différents axes possibles, inventer le plan parfait, réunir les meilleurs hommes, il n’en reste pas moins un démenti violent, insolent et impassible : la réalité.
Mais c’était un sacré flic, un vivace, un tenace, modèle liane grimpante prête à se fixer partout, surtout là où on ne l’attendait pas.
Dans le banditisme, le mobile s’affichait en capitales : l’argent. Il n’avait pas de visage au sens propre puisque c’était une hydre à cent têtes.
La salle baignait dans le piano de Chostakovitch qui puisait ses notes dans toute la nostalgie du monde. Chostakovitch était une musique d’hiver, un vent glacé, une plaie vive.
On est restés silencieux : tous les deux, on adorait rouler le soir sans rien dire, avec juste l’écran de la nuit aux vitres.
En tout, je voulais de la mécanique parfaite. Que ça réponde au doigt et à l’œil. À bien y réfléchir, c’est peut-être pour ça que j’avais du mal avec les gens.
Ici, la lumière avait des tristesses d’hôpital.
Tout l’agaçait tellement qu’il se demandait si ce n’était pas de se lever du mauvais pied qui avait fini par lui bousiller la cheville.
La buée était l’ennemie des flics, elle attirait l’attention sur les véhicules de planque.
Inébranlable, il semblait autant à l’aise dans le banditisme que l’obélisque sur la place de la Concorde.
Cette fouine avait la curiosité d’un chapelet de concierges et l’âme d’un mercenaire.
Partager : le mot le moins évident entre services de police. Et pour seul levier : une amitié solide, des coups durs vécus ensemble
Avancée dans la connerie comme dans des sables mouvants. Un pied et je me suis enfoncé.
Ses richesses à lui étaient des souvenirs, comme lorsqu’il amorçait ses virages, signatures d’écume sur le fleuve.
Au fond, les courbes qu’il enchaînait ne dessinaient rien d’autre sur le fleuve qu’une parade amoureuse, tout en écume.
Elle portait toujours le même parfum. Qu’elle n’en change pas lui plaisait, elle signait l’air.
c’est comme la tombola. Être intelligent, chez lui, ça tient du coup de chance.
Son expérience lui avait appris à préférer le panache aux regrets.