Perry, Anne «Le brasier de Tooley Street» (2020)

Perry, Anne «Le brasier de Tooley Street» (2020)

Autrice : Anne Perry, née Juliet Marion Hulme le 28 octobre 1938 à Blackheath, à Londres, est une écrivaine britannique, auteur de plusieurs romans policiers qui se déroulent à l’époque victorienne. En 1954, elle a été condamnée pour l’assassinat de la mère de sa meilleure amie, perpétré avec celle-ci, dans l’une des affaires criminelles les plus célèbres de Nouvelle-Zélande, l’affaire Parker-Hulme. Cette affaire a inspiré en 1971 le film Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria et en 1994 celui de Peter Jackson Créatures célestes.
Elle a écrit plusieurs séries : Série Charlotte Ellison et Thomas Pitt –  Série Histoires de Noël – Série William Monk – Série Celie (À l’ombre de la guillotine – Un plat qui se mange froid)– Série Joseph et Matthew Reavley – et des romans (Du sang sur la soie)
 Suite de la série « Charlotte et Thomas Pitt » : Toute la serie des « Charlotte et Thomas Pitt »
Une série dérivée de la précédente mettant en scène Daniel, le fils de Thomas Pitt, jeune avocat qui préférerait suivre les traces de son père (1910) – « Un innocent à l’Old Bailey » (2018) – « Le manoir d’Alderney » (2019) – «Le brasier de Tooley Street» (2020) – «Le prix de l’orgueil» (2021)

Page sur la série Daniel Pitt : Toute la série Daniel Pitt

3ème enquête de Daniel Pitt

Grands détectives 10/18 – 01.10.2020 – 378 pages

Résumé : Avec Daniel Pitt et Miriam fford Croft, la justice est en marche dans le Londres du début du XXe siècle. 1910, des entrepôts brulent à Tooley Street en bordure de la Tamise. On retrouve le corps d’un criminel. Le jeune Rob Adwell est accusé et sa fiancée, désespérée, va trouver l’avocat Daniel Pitt pour qu’il prouve son innocence. Aidé par la scientifique hors pair Miriam fford Croft, et par l’expert en incendie Barnabas Saltram, Pitt parvient à l’innocenter… jusqu’à ce que lui-même devienne victime et soit assassiné… Quelle pièce du puzzle a échappé à Daniel et Miriam ?

Mon avis : Et je retrouve avec plaisir la famille Pitt. Ce fût une bonne idée de créer une suite dans laquelle Thomas Pitt a cessé d’être le héros pour laisser la place à son fils. Mais Thomas et Charlotte sont toujours dans le décor. La police a cédé la place à la justice, le policier à l’avocat mais la quête de la vérité et le refus de l’injustice est toujours la principale préoccupation des Pitt, père, mère et fils.
Je ne vais bien entendu pas vous dévoiler l’intrigue mais sachez qu’en plus des intrigues qui sont comme toujours bien ficelées, des personnages qui prennent leur place au fur et à mesure des tomes qui passent, le contexte social de ce début de XXème siècle est extrêmement important ; la place de la femme en Angleterre est toujours à la maison et les rares femmes qui tentent de faire des études et d’occuper leur place dans le monde des hommes (du travail donc) sont vite renvoyées à leur condition de mère, épouse ou femme au foyer. Certains hommes toutefois font confiance à l’intelligence des femmes mais ils ne sont pas nombreux.
C’est aussi un tournant, un nouveau siècle, des avancées scientifiques.
Daniel Pitt, jeune avocat qui a encore le cœur tendre et a plutôt tendance à accepter des affaires car les personnes qui voudraient qu’il les défende sont démunies et lui font de la peine va se retrouver opposé à des personnes peu scrupuleuses, qui vont tout faire pour le manipuler et le détruire. Difficile, dans de telles circonstances, de faire triompher la justice et la vérité, quand on sait pertinemment que cela peut déclencher des ennuis et des réactions en série.
Je l’ai commencé et pas lâché, comme c’est en général le cas avec tous les romans historiques de cette autrice.

Extraits :

un sens de l’absurde était parfois un atout qui rendait la vie plus supportable.

Il savait que ce dernier avait une conscience aiguë de ses origines provinciales, d’être si souvent le garçon qui n’était pas tout à fait à sa place. En société, l’intelligence, même la brillance intellectuelle, ne suffisait jamais tout à fait.

Il n’aime pas être battu, voilà tout, que ce soit par un vivant ou par un mort !

Dès le seuil franchi, il sentit une chaleur l’envelopper. Non qu’il fît froid au-dehors ; c’était la familiarité des lieux qui le réchauffait. Si le savoir nouveau acquis par la civilisation était sans doute un bienfait, le passé, lui, était un havre de sécurité. Rien ne pouvait le ternir, ni changer les petites choses qui étaient irrévocablement bonnes.

— Et depuis quand la faute a-t-elle le moindre rapport avec la personne qu’on blâme ?

C’est un phénomène naturel, un processus scientifique qu’il est possible de comprendre et d’expliquer. Comme tous les autres éléments de la nature, les hommes en ont besoin pour vivre, mais il possède une entité propre aussi. Il faut être un imbécile pour ne pas le comprendre. La force de l’eau est impossible à mesurer. Le poids d’une vague qui déferle, sa puissance d’aspiration lorsqu’elle se retire dans l’océan. Les torrents qui tombent d’une cascade. La vie elle-même, qui se décline dans des formes trop nombreuses à dénombrer, et même à imaginer : la beauté, la variété, la soif de vivre.

Travailler avec vous est un peu comme se tenir sur un de ces manèges qui montent et qui descendent en trombe comme s’ils étaient sur le point de sortir des rails. Je ne sais jamais si on va se renverser, arriver jusqu’au bout, ou retourner au point de départ.

Et même ses rêves s’estompaient, maintenant. Ils n’avaient jamais été que des ombres élégantes sur le mur. Elle avait été la seule à les voir, à penser qu’ils étaient le reflet d’une quelconque réalité.

Qu’Oscar Wilde m’excuse : perdre une personne dérangeante ressemble à de la malchance ; en perdre deux ressemble à… un meurtre.

— Père, coupa-t-elle, personne ne rend quelqu’un d’autre heureux. Le bonheur n’est pas la responsabilité d’autrui. C’est à moi de construire mon propre bonheur, et une des choses qui me rendent malheureuse, c’est la façon dont je passe mon temps. Je fais comme si, un jour au cours de ma vie, l’intelligence des femmes allait être reconnue, et leur compétence professionnelle prise au sérieux. Je vais accepter désormais que ce n’est pas le cas.

— « Combien de fois vous ai-je dit que, quand vous aurez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable que cela paraisse, doit être la vérité ? »
— Sherlock Holmes

Nous rions de ceux qui sont amusants, ou de ce qui nous embarrasse, et nous croyons ce qui est le moins dérangeant, même si c’est ridicule. Nous avons besoin d’être satisfaits de qui nous sommes et cela dépend souvent de qui sont les autres.

Vous croyez tout ce que vous entendez ? Si c’est trop dérangeant, refusez de le croire !

Je veux dire qu’il est profondément blessé, et qu’il ne vous le pardonnera pas. Je veux dire que, si vous partez à la chasse à l’ours, vous feriez mieux d’avoir assez de cartouches pour l’achever. Vous ne voulez pas qu’un ours blessé vous traque pour se venger. Voire deux ours blessés.

Un enfant pouvait-il hériter de vos rêves, de vos cauchemars, sans se rendre compte qu’ils n’étaient pas les siens ?

— Mieux que parfaite ? demanda-t-il, avec un sourire sceptique.
— Absolument ! Réelle ! N’est-ce pas préférable à être un idéal ? un pur produit de l’imagination ? qui soit la réponse à vos rêves ?

Tandis que lui ne pardonnait jamais. Il engrangeait les injustices comme si c’étaient des pièces d’or. Ou des animaux capables de se multiplier, à condition qu’il les nourrisse et les tienne au chaud.

Je me soucie autant de la vérité scientifique que vous de la vérité devant la loi. Et peut-être est-elle tout aussi difficile à trouver.

 

 

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