Nothomb, Amélie «Premier sang» (RL2021)

Nothomb, Amélie «Premier sang» (RL2021)

Auteur : nom de plume de la baronne Fabienne Claire Nothomb, née le 9 juillet 1966 à Etterbeek (Région de Bruxelles-Capitale, est une romancière belge d’expression française. Auteur prolifique, elle publie un ouvrage par an depuis son premier roman, Hygiène de l’assassin (1992). Ses romans font partie des meilleures ventes littéraires et certains sont traduits en plusieurs langues. Ce succès lui vaut d’avoir été nommée commandeur de l’ordre de la Couronne et d’avoir reçu du roi Philippe le titre personnel de baronne. Son roman Stupeur et Tremblements a remporté en 1999 le Grand prix du roman de l’Académie française. En 2015, elle est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle a reçu, entre autres, le prix Chardonne, le prix de Flore, et le Grand prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre.

Chroniques : – Pétronille » (08/2014) –  « Le crime du comte Neville » (2015) –  «Riquet à la houppe» (08/2016) –  «Frappe-toi le cœur» (RL2017) –  « Les prénoms épicènes » (RL2018) – «Soif» (RL2019) – « Les Aérostats » (RL2020) – « Premier sang » (RL2021)

30ème roman d’Amélie

Albin Michel – 18.08.2021 – 180 pages

Résumé : « Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. »  Amélie Nothomb

Mon avis : Dans ce livre Amélie se glisse dans la peau de son père, à la fois son héros et un héros, pour lui rendre hommage. Elle a toujours été comparée à son père et en est fière, même si petite, cela l’agaçait prodigieusement d’entendre à tout bout de champ. « Mais celle-là, c’est Patrick ».  Elle nous raconte, en se mettant à la place de son père, en écrivant à la première personne du singulier, son enfance, son adolescence, la rencontre avec sa mère, la découverte de la poésie, le début de sa vie professionnelle dans la diplomatie ( lui qui ne rêvait pas d’exercer ce métier),  l’héroïsme de son père, nommé Consul dans la République populaire du Congo, pris en otage, confronté à la mort, collé devant un peloton d’exécution, raconteur d’histoires, et qui a sauvé la vie de 1500 personnes, les habitants blancs de la ville appelée Stanleyville (maintenant Kisangani)   en jouant comme le dit Amélie, le rôle de «Shéhérazade».
Elle nous raconte les vacances dans la famille, son désir d’avoir un père… lui qui n’a hélas que des grands-pères, une mère inexistante, une grand-mère, une rafale d’oncles et tantes de son âge (plus ou moins).
Les circonstances de l’écriture du roman –  la mort de son père au début du Covid et l’impossibilité de lui rendre hommage) – sont dramatiques mais la façon dont elle a réussi à faire son éloge est magnifique : malgré sa tristesse, elle nous fait sourire, rire, et par-dessus tout aimer cet homme. Une grande tendresse et de l’humour …Ce n’est pas mon préféré mais chapeau bas Amélie. C’était un héros ; elle nous le rend attachant, humain, vivant…
Et elle se livre totalement, en nous dévoilant pudiquement et drolatiquement son histoire personnelle, ses sentiments et une vie hors du commun.
Quant au titre, je vous laisse lire pour découvrir …

Extraits :

Il allait de soi que j’y avais, sinon ma place, du moins mon emplacement.

« Tu dois t’endurcir. » Je commençai à comprendre ce que cela signifiait : j’avais le corps aussi tendre que l’âme. Si je voulais survivre aux deux mois qui m’attendaient, il allait falloir transformer ma douce constitution en armure.

La shtouf désignait un mode de vie qui permettait de survivre à l’hiver ardennais. Il s’agissait d’entasser tous les êtres vivants d’une maison, animaux inclus, dans la seule pièce qui pouvait les contenir.

Je me frayai un chemin parmi ces poèmes escarpés. J’avais l’impression qu’on me proposait des ascensions trop difficiles. Il n’empêche que je me promis d’escalader ces hauteurs quand je serais alpiniste.

La parole circulait et lorsqu’elle me revenait, je m’en emparais corps et âme jusqu’au moment où je la lançais comme un ballon sur qui voulait l’attraper.

La solitude m’a toujours renvoyé à la tristesse de mon enfance. Je préfère de loin les alarmes de la promiscuité.

2 Replies to “Nothomb, Amélie «Premier sang» (RL2021)”

  1. Ici, Amélie Nothomb pose un regard drôle mais sans concession sur sa famille. Du coup, on comprend un peu mieux la personnalité de l’auteure.

  2. Petit livre que j’ai dévoré de bout en bout. On a difficile de croire que c’est Amélie qui raconte et non son père tant les émotions que les faits sont relatés avec tellement d’empathie que l’on a vraiment l’impression de lire les souvenirs de Patrick Nothomb. Par la même occasion, j’ai appris les faits tragiques qui se sont déroulés au Congo en 1964…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *