Penner, Sarah «La petite boutique aux poisons» (2021)

Penner, Sarah «La petite boutique aux poisons» (2021)

Autrice : Sarah Penner est née dans le Kansas et a fait des études de comptabilité. Début 2021, elle quitte son emploi pour écrire à temps plein. « La petite boutique aux poisons« , son premier roman, connaît un succès fulgurant depuis sa parution et va être adapté en série.

Editeur : Faubourg Marigny – 12.10.2021 – 405 pages – traduit par Laura Bourgeois – titre original : « The Lost Apothecary »

Résumé :
Règle 1 : le poison ne doit jamais être utilisé pour blesser ou tuer une autre femme.
Règle 2 : le nom de la meurtrière et celui de sa victime doivent être notés dans les registres de l’apothicairesse. Une froide soirée de février 1791, à l’arrière d’une sombre ruelle londonienne. Nella attend sa prochaine cliente. Autrefois guérisseuse respectée, l’apothicairesse utilise maintenant ses connaissances dans un but beaucoup plus sombre: elle vend des poisons parfaitement dissimulés à des femmes désespérées, qui veulent tuer les hommes qui les empêchent de vivre.
Mais celle qui frappe à sa porte s’avère être une jeune fille de 12 ans, Eliza Fanning. Une amitié improbable va naître entre elles, et entraîner une cascade d’événements qui risquent d’exposer toutes les femmes dont le nom est inscrit dans le registre de Nella… De nos jours à Londres, Caroline Parcewell passe son dixième anniversaire de mariage seule, encore sous le choc de l’infidélité de son mari.
Lorsqu’elle découvre sur les bords de la Tamise une vieille fiole d’apothicaire, elle ne peut s’empêcher de faire des recherches et va découvrir une affaire qui a hanté Londres deux siècles auparavant : l’apothicaire tueuse en série. Alors qu’elle poursuit ses investigations, la vie de Caroline va heurter celles de Nella et d’Eliza. Tout le monde n’y survivra pas…
Dans la liste des best-sellers du New York Times depuis sa parution (mars 2021)

Note historique (fin du livre)
La mort par empoisonnement est d’une nature intrinsèquement intime : un lien de confiance existe généralement entre victime et coupable. Une telle proximité est susceptible d’être exploitée, comme le prouvent les accusations d’empoisonnement dans l’Angleterre des XVIIIe et XIXe siècles, qui portaient essentiellement sur des mères, des épouses et des servantes, âgées de vingt à vingt-neuf ans.

Il fallut attendre la moitié du XIXe siècle pour que les premiers toxicologues soient en mesure de détecter le poison dans les tissus humains.
sur la période de 1750-1914, les poisons les plus fréquemment cités dans les affaires criminelles sont l’arsenic, l’opium et la strychnine (nux vomica).

Mon avis : Londres – fin du XVIIIème siècle : Une boutique pour les femmes ; les hommes n’y ont pas accès. Nella, une tueuse en série rongée de l’intérieur par les morts qu’elle a provoquées avec ses potions…
Londres – début du XXIème siècle : Caroline, une jeune américaine férue d’histoire se retrouve seule à Londres alors qu’elle aurait dû y fêter ses dix ans de mariage…
Un roman dans lequel les femmes sont au service des femmes… Une apothicairesse qui aide les femmes victimes des hommes…
Une jeune employée de la British Library, Gaynor, va aider la jeune américaine, non seulement à mener une enquête sur les mystères du passé mais ensuite lors de démêlés avec la police…
Des amitiés se créent entre femmes d’âges et de conditions sociales différentes.
Une chasse au trésor, le trésor étant la révélation d’un passé oublié ou dissimulé et qui ressurgit au grand jour suite à la découverte d’une petite fiole au bord de la Tamise. Cette petite fiole est le point de départ de l’enquête que va mener Caroline, avec l’aide de Gaynor. Et au fil des recherches, des personnages plus mystérieux et attachants les uns que les autres vont surgir des brumes du passé…Nella, Eliza… Qui n’a pas rêvé de maisons hantées, de passages secrets, de pousser la porte du passé ?
J’ai beaucoup aimé ce roman féminin/féministe qui se déroule dans l’Angleterre victorienne mais qui réveille aussi les femmes d’aujourd’hui et leur font comprendre que d’accepter de vivoter dans l’ombre de leur mari est le meilleur moyen pour qu’elles dépérissent et perdent leur joie de vivre et ce qui constitue leur vraie personnalité… et que pour être heureux il faut vivre sa vie et ses passions.
Et merci pour les recettes …  il y a celles à base d’arsenic, de cigüe, ellébore et autres produits hautement toxiques et celles que je recommande plus particulièrement pour un 5 o’clock tea avec des biscuits « shortbread » traditionnels au romarin…

Extraits :

Sur mes pages, j’inscrivais l’ortie, l’hysope et l’amarante, oui, mais également de bien plus sinistres remèdes : la belladone, l’ellébore, l’arsenic. Sous l’encre qui imbibait le parchemin se cachaient la trahison, la douleur… et les plus sombres secrets.

Northanger Abbey. Rebecca. Mrs Dalloway. Que m’avaient-ils apporté de bon ? […] me cloîtrer dans les rayonnages des archives et me plonger dans les contes de manoirs hantés n’avait débouché sur aucune offre d’emploi.

je me demandai pour la première fois s’il n’avait pas traité mes rêves de jeunesse comme un problème de comptabilité. Il s’était davantage inquiété du retour sur investissement et de la gestion du risque que de mon bonheur. Ce que j’avais toujours considéré comme raisonnable venant de James m’apparaissait maintenant sous un autre jour : étouffant et subtilement manipulateur.

Ma mère s’était engagée à créer un refuge où les femmes pourraient exposer leur vulnérabilité et parler sans pudeur de leurs indispositions, sans craindre l’auscultation lascive d’un homme.

La meilleure des apothicairesses est celle qui sent dans sa chair la souffrance de sa patiente, qu’elle ait trait au corps ou au cœur.

— D’abord, il y a eu la confiance. Puis la trahison. L’une ne va pas sans l’autre. Seule une personne à qui l’on accorde notre confiance peut nous trahir.

La jeune étudiante aventureuse en moi remontait à la surface. Comme si la fiole que j’avais déterrée de la boue avait révélé au passage un désir sommeillant en moi.

Je commençais à croire que chaque personne, chaque lieu, était porteur d’une histoire secrète quand on en grattait la surface.

Pourquoi souffrait-on de garder un secret ? Était-ce pour se protéger soi ou les autres ?

 

Information :
Agripaume : une plante spécifique des dysfonctionnements cardiaques d’origine nerveuse : elle vient soulager les personnes inquiètes, stressées et anxieuses qui somatisent leur nervosité par des troubles cardiaques tels que des arythmies ou des palpitations.

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