Iles, Greg – Trilogie Natchez Burning – «Le sang du Mississippi» (tome 3) 2019

Auteur : romancier, scénariste et guitariste américain. Greg Iles est né en 1960 à Stuttgart, en Allemagne, où son père dirigeait la clinique de l’ambassade des États-Unis au plus fort de la guerre froide. Il vit dans le Mississipi. Son premier roman fut le thriller Spandau Phoenix (1993), centré autour du criminel nazi Rudolf Hess. Il publie ensuite 24 heures pour mourir (2003) , La Femme au portrait (2005), Passion mortelle (2007) , La Mémoire du sang (2008), Une petite ville sans histoire (2009), Poison conjugal (2010) Il a publié chez Actes Sud la Trilogie Natchez Burning (2018- 2018) – En 2021. Il publie Cemetery Road.
Page sur la trilogie : Iles, Greg « Trilogie Natchez Burning »
« Le sang du Mississippi » (tome 3)
Actes Sud Littérature – Actes noirs – 02.10. 2019 – 896 pages / Babel noir – 05.01.2022 – 969 pages – Titre original :Mississippi Blood
Résumé :
La vie de Penn Cage, le maire de Natchez, est en ruine. La femme qu’il aimait est morte, assassinée par des membres des Aigles Bicéphales, le groupuscule de suprémacistes blancs qui sévit à Natchez depuis les années 1960. Son père, le docteur Tom Cage, est poursuivi en justice pour avoir prétendument tué Viola Turner, une femme noire avec qui il a eu une liaison à l’époque où elle était son assistante ; son procès, placé sous haute protection, est sur le point de s’ouvrir. Snake Knox, le chef des Aigles Bicéphales, est prêt à tout pour intimider les Cage. Penn sait qu’il n’y aura pas de paix dans sa ville tant que Snake n’aura pas été mis hors d’état de nuire.
Dans cet ultime volet de sa magistrale trilogie romanesque, ouverte avec «Brasier noir» et prolongée par «L’Arbre aux Morts», ce n’est rien de moins que le noir passé de l’histoire américaine que Greg Iles cite à comparaître.
Mon avis :
Comme si je venais de finir le tome 2 (lu pourtant il y a tout juste un an), j’ai repris la suite sans aucun souci. C’est pour moi la preuve que c’est un récit qui m’a marqué car tous les personnages et les faits sont présents dans ma mémoire. Les personnages sont au rendez-vous. C’est vraiment une suite et on ne peut pas le lire sans avoir lu les précédents ( sauf peut-être si l’on veut prendre une leçon en matière de plaidoirie lors d’un procès) .
A la fois historique, tragédie familiale et sociale, j’ai été emportés par cette trilogie qui nous fait pénétrer dans la vie des noirs et des blancs du Mississipi.
Ce troisième tome m’a fasciné. C’et presque un huis-clos qui aurait pour cadre un procès. Et quel procès ! Les deux avocats s’affrontent et les tactiques des deux adversaires sont si différentes qu’on se demande où on va… Qui va gagner ? La tension et la haine sont palpables et l’atmosphère est juste oppressante et électrique…Car il y a des vies en jeu… pas seulement celle de celui qui est jugé mais celles qui dépendent du verdict…
C’est vraiment une trilogie remarquable, tant par son sujet que par la façon dont l’auteur décrit la ville où il a grandi et la manière dont il parle du racisme dans cette région du Sud des États-Unis
Extraits :
Le chagrin est l’émotion la plus solitaire qui soit ; il fait de chacun de nous une île.
il chante avec l’humanité blessée d’un homme sans tribu, un homme qui a connu l’amour et le chagrin, qui comprend que l’un est le prix de l’autre.
Les jours et les nuits ne veulent plus rien dire. Le passage des instants et des heures vacille, tout est détraqué. Les horloges génèrent la confusion, et même la panique. Dans le semi-monde du deuil, le sentiment d’individualité commence à se déliter. Les êtres forts trouvent un moyen de se réorienter selon la structure temporelle superposée qui régit le reste du monde, mais j’ai eu beau essayer, je n’y suis pas parvenu.
Mais si l’expérience m’a appris quelque chose, c’est que les gamins paraissent très bien gérer les visites en prison ; ce sont les adultes qui oscillent entre forte angoisse et dépression.
Ce genre de situation te frappe en plein point faible, là où tu ne t’y attends pas.
“C’était une autre époque. Plus dure. Les enfants, on tolérait de les voir mais pas de les entendre. C’était comme ça alors, et ce serait peut-être mieux ainsi aujourd’hui.”
Je crois fermement aux premières lignes d’un livre. Si un auteur ne vous accroche pas dès la première phrase, même dans une œuvre littéraire, alors il doit peut-être songer à un autre boulot.
Quand la culpabilité est devenue insupportable, j’ai permis à une autre émotion d’émerger pour la remplacer. La peur.
Le sang du Mississippi est différent. Il y a du fleuve en lui. De la terre du delta, de la térébenthine, de l’amiante, du poison, du coton. Mais il y a de la force aussi. Une force qui a été battue mais pas brisée. C’est le sang du Mississippi.
Rouler à cinquante à l’heure est une manière non conventionnelle de gagner le Grand Prix de Daytona.
“Même le plus long voyage commence par un pas. Une avalanche peut naître d’un seul flocon de neige. Un murmure, mon frère. Un mot.”
Tout ce que j’ai à faire, c’est lui offrir un crochet où suspendre ses doutes.
Je comprends qu’il serait tout aussi simple pour un jury moderne d’interpréter cette situation comme étant du harcèlement sexuel. Mais aujourd’hui, Quentin profite du fait que le Mississippi a toujours eu dix ans de retard sur son temps.
— Il n’y a pas de colline pour celui qui avance un pas après l’autre.”
Mais un procès est un processus fluide, comme une guerre. Les marées alternent vite. Tous les avocats le savent.
Et qu’est-ce qu’un avocat sinon un escroc avec un diplôme ?
Natchez est une ville divisée, comme le Mississippi est un État divisé et l’Amérique une nation divisée. Et malgré les protestations de ceux qui réfuteraient cette tragique vérité, la racine de cette division est raciale – le boulot inachevé de l’esclavage.
Le whisky a peut-être été simplement le catalyseur qui m’a écarté de mon propre chemin. En tout cas, je comprends désormais quelque chose que je ne comprenais pas plus tôt et, comme tout homme qui a perdu ses dernières illusions… j’ai envie de les récupérer.
j’ai eu le sentiment que tout ce en quoi j’avais cru, enfant, était vrai : il vaut mieux être droit que fort ; fidèle et bon plutôt que riche ; et l’honneur l’emporte sur tout le reste.