Chamak, Stéphane « Le petit Lebanski » (2018) 250 pages

Chamak, Stéphane « Le petit Lebanski » (2018) 250 pages

Auteur: de nationalité française, né en 1972.Il écrit depuis l’enfance, mais son désir de publication et de partage est récent.À 19 ans, Stéphane se lance dans le monde professionnel armé d’un baccalauréat de comptabilité, et travaille pour une société de contrôle de marchandises destinées à l’exportation en Afrique et en Amérique latine. Cette expérience dure sept ans et lui permet de nombreux déplacements à l’étranger (Bénin, Togo, Comores, Pays-bas…).
De retour en France en 1998, après deux ans d’expatriation à Djibouti, Stéphane décroche un poste de manager dans une grande société informatique, et supervise divers projets au niveau européens. Il est aujourd’hui responsable de projets sénior dans une société de service en ingénierie informatique, où il pilote le déploiement des 80 000 machines et systèmes d’exploitation d’un (gros) client.
Stéphane est un amoureux du livre, un objet qu’il trouve magnifique. Il écrit des nouvelles dans des genres très différents (comédie, thriller, conte, fantastique, drame…). Il est également passionné par le cinéma. Son travail d’écriture est avant tout motivé par son envie de raconter des histoires, de prendre et de donner du plaisir. (Source Babelio)

Romans : « Les éphémères » (2016)  – « Le petit Lebanski »(2018)    « Kanaka » (2023) 
Recueils de nouvelles : Un pied devant l’autre – IXCEA (2005) – Les escapades casanières – La Compagnie Littéraire (2007) – L’ombre au tableau – La Compagnie Littéraire (2009) – Les hommages collatéraux – Widj’Editions (2011) – Mozaïk – Widj’Editions (2014) – La bascule -Widj’Editions (2017)

14.05.2028 – 250 pages (Disponible sur Amazon en Kindle ou en broché)

Résumé:
« Je me trouvais devant la porte. Au centre, une vieille poignée argentée avait l’allure d’un gros poing américain. Comme me l’avait indiqué le chauffeur black, le battant était légèrement entrebâillé. Je suis resté quelques secondes figé, les mains dans les poches, nerveux comme une pucelle à sa première sauterie. Dans ma poitrine, mon cœur distribuait des battements en rab. D’un côté, j’étais impatient de savoir de quoi il en retournait. De l’autre, j’étais quasi certain qu’une fois passé cette foutue porte, mon existence – déjà de magnitude 8 à l’Échelle des Emmerdes – allait franchir un palier supplémentaire.
J’avais pas tort. »

Mon avis:

Malheureusement ce n’est pas le coup de cœur comme pour les deux autres romans que j’ai lu de cet auteur ( « Les éphémères » et « Kanaka » ). Je n’ai pas ressenti d’empathie pour les personnages, c’est trop trash, trop de grossier même si des thèmes importants comme la différence sont abordés. Trop malsain pour moi. J’ai dû m’accrocher par moments (surtout la première moitié).
MAIS attention c’est un excellent livre pour qui ne craint pas les scènes de bagarre et de violence. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !
Heureusement il y a des passages qui permettent de souffler un peu, mais ils sont trop rares à mon goût. Cela permet de décompresser dans cet océan de violence et ces moments là sont poétiques et doux !
Mais on sourit aussi si on aime – comme c’est mon cas – l’humour caustique de l’auteur. Et on ne peut qu’apprécier la galerie de personnages hauts en couleurs, plus déjantés et improbables les uns que les autres; dommage juste qu’ils soient tous aussi peu sympathiques… et je le redis… si je ne m’attache pas – au moins à un !!! – j’accroche pas… A part peut-être le personnage d’Axel, guitariste de talent,  lunaire et la tête dans l’amour de Dieu… mais celui-là il est tellement à l’ouest que j’avais envie de le secouer pour lui faire reposer les pieds sur terre …
Il y a une relation – ou plutôt devrais-je  dire une connexion – que j’ai beaucoup appréciée : celle qui relie le père et le fils. Un rapport étrange et qui ne s’explique qu’à la fin du roman. Mais je crois pourvoir dire que c’est la seule trace d’humanité dans ce monde de tension et de violence. Le poids du passé, de la différence, du manque,  est très palpable dans la vie de Victor qui souffre du manque de communication avec son père, de sa difformité, de sa singularité. Les phrases sur le deuil et sur la vieillesse sont également empreintes d’humanité.

Et puis il y a la bande son qui est splendide une fois encore, conforme à mes goûts comme dans tous ses romans: guitare, violon, classique, contemporaine…
Oh …petit bémol : cette fois il concerne le style qui est évidemment nettement moins poétique que ces autres romans mais je note certaines belles descriptions de la nature et la tendresse des scènes qui parlent de ricochets.. Ce que je ne comprends par contre pas c’est la manière de nier sans utiliser le « ne » mais sans doute est-ce une caractéristique du langage d’un univers que je ne connais pas…

Merci à l’auteur de m’avoir une fois de plus permis d’explorer une autre facette de son talent d’auteur, un peu trop glauque pour moi, mais je me réjouis de découvrir d’autres écrits. Peut-être des nouvelles, même si j’ai toujours du mal avec ce style littéraire. 

Extraits:

Moi, à côté, avec mon mètre quarante-sept, j’avais l’air d’un échantillon d’homme.

Ses pupilles où la mort avait déjà posé ses bagages, s’étaient portées derrière moi en direction d’une présence invisible, un fantôme que lui seul semblait voir. 

Avec la lumière faiblarde du jour et les crachins du dehors, l’ambiance était plus à la défenestration qu’à la Macarena.

Seule Imani a eu le courage de défier l’Occident, avec pour seul bagage, un déhanché de folie et des rêves multicolores comme des confettis dans un carnaval brésilien.

Ici, dans cet endroit mortifère, on passait quelques heures ensemble, les lèvres scellées à troquer nos silences.

Il parlait pas, c’est tout. Du temps où il était encore à la maison, il était absent même quand il était là. Absent et taiseux. Avec la vieillesse, il avait poussé l’économie de mots à son paroxysme.

Si un médecin légiste avait dû procéder à l’autopsie de ce salopard, à la place du cœur, sûr qu’il aurait trouvé un mini congélo.

J’ai posé un regard circulaire et désespéré à cette assemblée de croulants. Tous ces gens sans âge, froissés, silencieux, obéissants, étaient jadis des enfants ; des enfants bruyants, insoumis, débordants de vigueur. Et maintenant…

Je m’habituerai jamais au misérable spectacle de la vieillesse, jamais. De toutes les humiliations, vieillir est la pire. L’offense suprême. Personne au monde mérite ça.

C’est en dévorant ces livres que j’ai compris ce qu’y avait dans les mots, ce qu’ils contenaient. Du poison. Pour la plupart, les grands écrivains sont des espèces d’insectes venimeux, genre abeilles ou guêpes. Le meilleur, c’était San Antonio. Lui, c’était un frelon. S’il s’appelait Frédéric Dard, c’était pas pour rien.

J’ai cogné pour expulser ma peur, ma rage, ma peine, toutes mes frustrations. J’ai cogné pour oublier le manque, l’absence, le rejet, le mensonge, la honte, la culpabilité. J’ai cogné pour faire taire les injures, les rires, les humiliations,

En entrant dans la salle de bain, j’ai croisé mon reflet dans la glace. J’avais l’air de quelqu’un qui avait dormi dans les bras de Morflée.

Quand on y pense, la vie ressemble à un immense casino. Elle tourne les roues, distribue les cartes, colle des numéros. Elle nous bluffe, nous donne, nous reprend. Toujours.

les galets. Ces dragées en pierre qui font des cabrioles dans la flotte en laissant sur leur passage des cercles éphémères sur la surface.

J’ignore combien du temps je suis resté dans cette chambre, ma main blottie dans celle de mon père, emmitouflé dans mon enfance. J’en ai aucune idée. Je sais seulement que c’était bien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *