de Peretti, Camille « L’inconnue du portrait » (RLH2024) 357 pages

de Peretti, Camille « L’inconnue du portrait » (RLH2024) 357 pages

Autrice: Camille de Peretti naît à Paris en 1980. Elle effectue sa scolarité à l’École active bilingue Jeannine-Manuel. Après une classe préparatoire littéraire, elle intègre l’ESSEC Business School, puis s’inscrit au cours Florent une fois diplômée. À la même époque, elle crée une entreprise d’événementiel

Romans:

2005 Thornytorinx – 2006 : Nous sommes cruels – 2008 Nous vieillirons ensemble – 2011 La Casati – 2014 Petits arrangements avec nos cœurs – 2016 Blonde à forte poitrine –  2019 Le Sang des Mirabelles – 2021 : Les Rêveurs définitifs – 2024 L’Inconnue du portrait – 

Calmann-Lévy – 03.01.2024 – 357 pages

L’Inconnue du portrait de Camille de Peretti a été récompensée du Prix des romancières 2024, du Prix du roman Marie Claire 2024 et du Prix Maison de la Presse 2024.

Résumé:
 » La toile vibrait de beauté. Elle en avait le souffle coupé et se noyait dans l’oeil bleu ciel piqueté de vert. Est-ce qu’elle était réellement le sosie de cette inconnue ?  » Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie. 

Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. 

Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.

Mon avis:
Camille de Peretti nous offre une sublime saga familiale qui mêle le réel  – l’histoire de la disparition du tableau – avec une saga familiale romancée. On traverse les océans, de l’Autriche aux Etats-Unis, on fait un tour en Italie, on suit l’histoire d’un jeune orphelin, Isidore, qui deviendra millionaire et de sa famille.
Une sublime histoire de famille, l’histoire véridique d’un tableau de Klimt qui a traversé bien des aventures avant de trouver sa place au Musée d’art moderne Ricci Oddi à Piacenza en Italie.
Tout commence par une rencontre avec un petit cireur de chaussures qui rêve sa vie en grand et tombe amoureux d’une fillette issue d’une famille riche…
Une galerie de personnages plus fascinants et attachants les uns que les autres.
Le jeudi noir, le 24 octobre 1929, la crise de 29, le malheur des uns, le bonheur des autres..
Les arts , la peinture avec l’évocation de Toulouse-Lautrec, Klimt, les musées comme le MoMa, le Met, le Guggenheim, la Frick Collection; la poésie et surtout Lautréamont et les Chants de Maldoror; la littérature et Goethe et Les Souffrances du jeune Werther.
Je ne vous en dit pas plus pour vous laisser découvrir …
J’ai eu la joie de rencontrer l’autrice au Festival du Lac de Collonge (Genève – Suisse) ; elle est lumineuse et son écriture est comme elle. Une véritable conteuse qui vous attrape par les mots et le coeur et vous fait tourner les pages…
Gros coup de coeur. 

Extraits:

Une douceur triste émanait du regard de la jeune femme, comme si son cœur était lesté d’une pierre de silence.

On n’était pas obligé d’aller à l’université pour réussir sa vie. Seuls ceux qui avaient fait des études pensaient que c’était important ; les autres savaient qu’on peut très bien se démerder sans.

Il eut envie de prier, ne dit-on pas que la prière est la sœur tremblante de l’amour ? 

Les enfants, c’était beaucoup d’attachement. Et comme il fallait bien que les choses se détachent un jour ou l’autre, les enfants, c’était aussi beaucoup de douleur, inévitablement.

La vérité et le mensonge sont comme l’eau et l’huile, on imagine pouvoir les mélanger, mais l’huile finit toujours par remonter à la surface. Un bon mensonge agirait comme le vinaigre blanc, il saurait changer le goût de l’eau sans en changer la couleur.

Isidore n’était qu’un équilibriste dansant sur le fil de l’espoir

C’était peut-être ça l’amour, une décharge qui vous extrayait de l’espace-temps car elle vous faisait éprouver l’absolu dans l’instant présent.

La peur habitait son ventre et lui nouait les boyaux depuis des années, mais toute peur est chevillée à un espoir, celui d’en réchapper.

Il y a ceux qui veulent comprendre le monde et il y a ceux qui veulent le changer. Il y a ceux qui demandent pourquoi ? et ceux qui répondent parce que !

On se souvient facilement des premières fois de la vie, mais les dernières fois ont cela de terrible qu’elles ne s’annoncent pas.

Il y a celui que nous sommes et celui que nous nous rêvons être, et les deux coïncident si peu que le second empêche toujours le premier de jouir de qui il est.

Aussi, avaient-ils fini par apprendre à déambuler ensemble séparément.

Il n’avait personne pour veiller sur lui et personne sur qui veiller, on n’avait rien à lui prendre et il n’avait rien à perdre.

Ils ne lui avaient pas laissé le temps d’être triste ; il fut immédiatement intranquille.

Ayant compris qu’un bon mensonge n’était jamais un nouveau chemin mais une vérité qui aurait bifurqué, (…) 

Toutes les fois où il avait voulu s’accrocher à ses remembrances, où il avait fait l’effort de les ranimer pour s’y blottir et s’y frotter, l’invocation avait invariablement et presque instantanément été suivie de la perte, du vide. Un souvenir ne peut se vivre qu’au présent et ce présent surgissant lui griffait les yeux.

Il avait alors compris que rien ne pouvait être expliqué ou interprété, qu’il n’y avait ni sens ni but, simplement un destin qui frappait au hasard et, tour à tour, vous favorisait ou écrasait vos rêves. Comme les eaux tumultueuses d’un fleuve venaient se fracasser contre les piles des ponts avant de repartir sans rien laisser paraître de leur déchirure, il n’y avait rien d’autre à faire que de continuer à vivre ; 

— Le syndrome de Stendhal, c’est le trouble physique et psychologique que peut provoquer une œuvre d’art

C’était comme si j’avais retrouvé ma mère. Le portrait me parlait, il me réconfortait, il était devenu essentiel, je l’aimais comme une vraie personne, comme une personne réelle !

Couverture : Peinture : Gustav Klimt, Portrait d’une dame (repeint de Jouvencelle)

One Reply to “de Peretti, Camille « L’inconnue du portrait » (RLH2024) 357 pages”

  1. Je viens de le terminer suite à tes conseils et j’ai effectivement beaucoup aimé ce livre.
    Au début, j’étais un perdue avec les personnages à différentes époques mais on se laisse vite captiver par l’histoire d’Isidore…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *