Vichi, Marco « Mort à Florence » (2017)
«Série Commissaire Bordelli»
Auteur : Né en 1957 à Florence, Marco Vichi vit en Toscane. Il publie son premier roman en 1999 « L’inquilino ». A partir de 2002, il publie les enquêtes du commissaire Bordelli. En 2004, il remporte le prix Fedeli pour « Il nuovo venuto » et en 2009, le prix Scerbanenco pour « Morte a Firenze ». Auteur d’une dizaine de romans, de deux recueils de nouvelles et de plusieurs scénarios, il est classé parmi les meilleurs romanciers italiens de la décennie par le Corriere della Sera. Après Le commissaire Bordelli, Une Sale affaire est son deuxième roman traduit en France.
Après « Le commissaire Bordelli » et « Une Sale affaire », « Mort à Florence » est son troisième roman traduit en France. Il a obtenu le prix Scerbanenco, (littérature policière italien en référence à l’écrivain Giorgio Scerbanenco (1911-1969) dont je vous recommande la lecture (voir article «Le Sable ne se souvient pas» )…
Commissaire Bordelli – Tome 3
Résumé : Novembre 1966. Giacomo, treize ans, disparaît à la sortie du collège. Faute d’indice, le commissaire Bordelli s’accroche à une mince piste qui le mènera parmi des nostalgiques du fascisme et de Mussolini. Plus que jamais hanté par la guerre, il affiche une humeur aussi noire que le ciel qui surplombe alors Florence. Rien ne le soulage, ni ses amis, ni son jeune bras droit Piras, ni les plats succulents de Toto, ni même la jolie jeune femme brune dont il fait la connaissance. Quelques jours plus tard, sous l’effet des pluies torrentielles, l’Arno déborde et déverse dans les rues des flots de boue qui paralysent la ville. C’est l’occasion de découvrir un portrait sombre et inédit de la cité toscane où se démène un Bordelli désabusé, mais bien décidé à découvrir la vérité.
Mon avis : Moi qui regrettais dans les précédents opus que l’histoire puisse se dérouler n0importe ou et que je ne baigne pas dans l’ambiance florentine, je peux dire que cette fois j’ai été servie ! Je « goge » dans les eaux de l’Arno ! En pleine inondation…
Ambiance et écriture très particulière. On avance au rythme lent du Commissaire… Un enlèvement, un cadavre, des intuitions, des pistes qui se recoupent… On part à la chasse aux champignons, on va manger florentin, on aide les sinistrés de « l’Alluvione ». La vie privée du Commissaire n’est pas simple : il a toujours ses fidèles amis – qui sont pas tous très recommandables sur le papier mais sur qui il peut compter dans la vie – il avance dans son brouillard… Il rêve de tomber amoureux… il tombe amoureux… l’amour sera-t-il partagé enfin ? Son histoire se terminera-t-elle comme il le souhaite ? Le Commissaire va croiser des personnes très influentes et cela aura des conséquences sur sa vie et sur la résolution du crime… Mais je ne vous en dis pas davantage… je vous laisse patauger avec lui… dans tous les sens du terme
Extraits :
Chaque fois qu’il retournait à sa solitude, un nouveau monde se présentait à lui. Cela équivalait un peu à renaître, et un sentiment de liberté se répandait sous son mal-être…
En l’espace de vingt ans, je n’ai jamais rencontré une seule de tes fiancées.
– Je n’ai moi-même pas le temps de les connaître, vois-tu.
Quelques heures plus tôt, deux bougies n’étaient rien, et voilà que la crue de l’Arno avait bouleversé l’ordre des valeurs.
« Bougres d’Allemands… », marmonna-t-il. La « voiture du peuple » était née l’année même où le roi et Mussolini avaient signé les lois raciales, en 1938, et elle avait survécu au nazisme. C’était la énième preuve que le mal pouvait engendrer quelque chose de bon.
Une énorme masse d’eau coulait, majestueuse, vrombissant comme un quadrimoteur, et les pavés vibraient sous les semelles.
Le sens de l’État était totalement étranger aux Italiens, empoisonnés par le goût des privilèges et par le piston, fascinés par les riches et les puissants, dévoués au népotisme et au racolage. Une mentalité qu’ils traînaient depuis des siècles et dont ils ne se libéreraient jamais.
Il n’existe qu’un seul mot d’ordre pour tous, un mot d’ordre catégorique et astreignant ! Il enflamme les cœurs, de Ponte di Mezzo jusqu’à Coverciano : acheter ! Et nous achèterons tout pour offrir une longue période de dettes à l’Italie, à l’Europe et au monde. » Il singea ensuite le vacarme de la foule qui l’acclamait… « Du-ce, Du-ce, Du-ce… »
Il faut faire attention, avec vous autres femmes. Vous êtes toutes amoureuses de Don Giovanni et de Casanova. Au début, vous êtes heureuses que votre homme soit un coureur de jupons. Mais au fil du temps, vous devenez jalouses, même d’une poule… Je parle des volatiles.
– Tu sais quoi ? Marianna t’a trouvé beau…
– C’est une connaisseuse…
– Je pensais plutôt l’emmener chez le psychiatre.
– Ta délicatesse me bouleverse.
– Oh, pardon… Tu as peut-être besoin d’une paire de lunettes… »
Ceux qui tombent toujours amoureux ne tombent jamais amoureux…
– L’espoir est la vertu des morts.
– Tu as décidé de me poignarder pendant toute la soirée ?