Desjours, Ingrid «Les fauves» (2015)

Desjours, Ingrid «Les fauves» (2015)

Auteur :  Ingrid Desjours est psychocriminologue. Après avoir exercé de nombreuses années auprès de criminels sexuels en Belgique, elle décide en 2007 de se retirer en Irlande pour écrire son premier thriller. Depuis, elle se consacre entièrement à l’écriture de romans et de scénarios pour des séries télévisées. Les nombreux psychopathes qu’elle a profilés et expertisés l’inspirent aujourd’hui encore. Outre ses tableaux cliniques pertinents, l’auteur excelle dans l’art de lever le voile sur la psychologie humaine et de faire ressentir au lecteur ce que vivent ses personnages, pour le meilleur et surtout pour le pire? Ses quatre premiers romans, Écho (2009), Potens (2010), Sa vie dans les yeux d’une poupée (2013) et Tout pour plaire (2014) ont été plébiscités tant par le public que par les libraires. Consécration : Tout pour plaire est en cours de développement pour une série TV par Arte. Elle a également animé l’écriture de Connexions, un polar interactif édité en partenariat avec l’émission « Au Field de la nuit » (TF1). Les Fauves (2015) ouvre la nouvelle collection de polars et thrillers des éditions Robert Laffont : « La Bête noire. » «La prunelle de ses yeux» est sorti en 2016. Ingrid Desjours publie également chez le même éditeur des sagas fantastiques chez Robert Laffont sous le pseudonyme de Myra Eljundir : la trilogie Kaleb ainsi que Après nous, dont le premier tome est paru en mai 2016. Elle vit actuellement à Paris.

Robert Laffont 2015 / Pocket 13/10/2016 443 pages

Résumé :

Votre pire prédateur : celui qui vous aura apprivoisé… « Torturez-la ! Violez-la ! Tuez-la ! » A la tête d’une ONG luttant contre le recrutement de jeunes par l’Etat islamique, l’ambitieuse Haiko est devenue la cible d’une terrible fatwa. Lorsque sa mère — célèbre journaliste politique — engage Lars pour la protéger, le militaire tout juste revenu d’Afghanistan a un mauvais pressentiment. Sa cliente lui a-t-elle dit l’entière vérité sur ses activités ? Dans cet univers où règnent paranoïa et faux-semblants, Haiko et Lars se fascinent et se défient tels deux fauves prêts à se sauter à la gorge, sans jamais baisser leur garde.

Mon avis : J’avais vu et entendu l’auteur en parler et donc je savais de quoi le livre allait parler. Sujet d’actualité s’il en est, mais c’est davantage un documentaire qu’un roman… Je dois dire que c’est avec « Sa vie dans les yeux d’une poupée » celui qui m’a le moins plus. Par contre, si vous voulez en apprendre beaucoup sur l’endoctrinement des jeunes … il est extrêmement bien documenté. Il est instructif aussi sur le manque d’encadrement des soldats qui ont été envoyés sur le terrain. Les personnages sont forts, certains (Lars) sont attachants mais ce n’est pas assez roman pour moi… J’ai eu l’impression de suivre un reportage sur les djihadistes…

Extraits :

Le problème, c’est que les gens ont tellement l’habitude de la versatilité qu’ils ne croient pas à la permanence des choses, encore moins à celle des intentions. Pas plus qu’ils ne font confiance à leur instinct. Ils ont tort. L’instinct c’est la conscience de l’évidence.

Elle parle sans aménité mais sans chaleur et va droit au but sans prendre la peine d’enjoliver les choses. Elle n’a nul besoin de recourir aux minauderies pour obtenir la pleine attention de ses interlocuteurs. Son intelligence suffit. Elle le sait.

Les gens se méfient de ceux qui plongent leurs yeux dans les leurs, c’est une réaction animale, celle de la proie que scrute son prédateur.

J’aime la science, la littérature, la philosophie. C’est ça ma religion.

Combien de prières et de promesses lancées au vent ? Vent qui ne lui a jamais ramené qu’un sifflement glaçant pour toute réponse…

Moi aussi j’ai peur. La peur maintient en vie. C’est une compagne cruelle, qui ne vous laisse jamais en paix, mais c’est aussi une amie. Comme la douleur, elle vous informe de ce qui cloche. Elle vous permet d’y remédier…

Elle a une vraie vocation et c’est un privilège de la protéger. Elle est la lumière qui demande de l’aide à l’ombre… Mais pourquoi a-t-il aimé lui faire du mal ? Est-il si pourri de l’intérieur qu’il ne sait plus qu’abîmer ce qui est beau, lui le veule qui expie son imposture en allant se faire corriger dans des combats où il risque sa peau ?

Elle jette quelques coups d’œil derrière elle, mais pas devant. Classique.

Ces fous-là ne le sont pas devenus sans raison. Pris en étau, avec d’un côté une Afrique pauvre hésitant entre espoir et révolte et de l’autre une Europe aussi arrogante que déliquescente, comment ne pas vouloir tout détruire pour reconstruire un monde où ils ne seraient pas laissés pour compte ?

ces fous de Dieu ne vivent pas dans la même temporalité que le reste de l’humanité. Évoluant dans un monde régi par le désir de conquête, l’exigence de conversion, ils sont la brutalité et l’obscurantisme pourvus de la technologie du XXIe siècle et seule une riposte sans merci en viendra à bout..

— Métis. Double culture…
— Et alors, c’est un crime ?
— Non. Mais c’est comme pour les gens qui ont un prénom composé, je m’en méfie. Ils arrivent rarement à intégrer les deux, à s’y reconnaître également. Alors ils naviguent en eaux troubles, endossent alternativement les caractéristiques d’un des prénoms au détriment de celles de l’autre… Ce sont des personnalités à double face. On ne sait jamais où se situe leur vérité. D’ailleurs le savent-ils eux-mêmes ?

Pour eux, tout est haram, c’est-à-dire péché. Le sexe, l’art, la culture, l’alcool… ainsi que tout ce qui peut être bon, beau. Ils ne révèrent pas la vie, ils ne rêvent que de mort.

Être avocat, c’est savoir raconter une histoire suffisamment crédible mais surtout à laquelle son auditoire aura plus envie de souscrire qu’à n’importe quelle autre.

Ça la ferait presque sourire de voir à quel point elle prend les choses du bon côté. Pourtant, ça l’inquiète un peu, cette insensibilité qui la gagne et grignote ses émotions, comme sa conscience. Parfois, elle a le sentiment d’être une espèce de monstre complètement déconnecté de son humanité, d’être indifférente à tout.

Le contact de sa peau le fait frémir, lui procure une émotion si forte qu’il a le sentiment que son cœur va s’échapper de sa cage thoracique. Comment fait-elle pour l’émouvoir à ce point ?

Le mal, il faut le traquer et le déchiqueter comme un fauve s’acharne sur sa proie,

Oui, elle compte ses ennemis comme d’autres comptent les moutons… mais évidemment ça ne l’aide pas à dormir.

La journée s’étire comme un élastique, hésitant entre tension et relâchement en fonction des interventions qui l’égrènent.

 

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