Lenormand, Frédéric « Au Service secret de Marie Antoinette: L’enquête du Barry » (2019)
Lenormand, Frédéric « Au Service secret de Marie-Antoinette: L’enquête du Barry » (2019)
Auteur : Couronné par les prix Historia et Arsène Lupin, Frédéric Lenormand est auteur de nombreux romans historiques. Écrire sur Marie-Antoinette lui a longtemps trotté dans la tête avant qu’il n’en parle aux Éditions de La Martinière. L’Enquête du Barry est le premier volume de la série « Au service secret de Marie-Antoinette ». Pour en savoir davantage, je vous invite à aller sur la page de mon blog « Auteurs E-L »
Série : Au Service secret de Marie Antoinette : L’Enquête du Barry – Pas de répit pour la Reine – La Mariée était en Rose Bertin –
1ère enquête du duo Rose Bertin (modiste) et Léonard Autier (coiffeur)
Editions La Martinière – 16.05.2019 – 351 pages
Résumé : La grande organisatrice ! Marie-Antoinette est reine depuis peu, mais s’ennuie déjà à périr! Son mari, Louis XVI, est un benêt : elle décide de s’occuper elle-même des affaires du royaume… Détective amateur n°1 ! La couturière Rose Bertin est aussi exigeante avec son dé à coudre qu’envers son entourage ! Un tantinet perfectionniste, elle ne supporte pas la désinvolture de Léonard. Détective amateur n°2 ! Le coiffeur Léonard Autier manie mieux le peigne sur autrui que sur lui-même.
Véritable noceur, il compte bien remplir sa mission, en dépit de l’agaçante partenaire qu’on lui impose… Une comédie policière endiablée et drôle, au service de son intrépide Majesté ! Les bijoux de la Comtesse du Barry ont disparu quatre ans plus tôt. Depuis, les cadavres s’amoncèlent. La reine Marie-Antoinette missionne un improbable duo d’enquêteurs, Rose et Léonard, qui ne cessent de se chamailler, pour œuvrer « en toute discrétion », de Paris à Versailles !
Mon avis : J’avais beaucoup aimé le livre du même auteur «Mademoiselle Chon du Barry» (1996).. je me réjouissais de retrouver la « du Barry ». A défaut de la retrouver elle, je me suis lancée sur la trace de ses bijoux et j’ai bien ri. Une nouvelle série de cet auteur dont j’apprécie l’humour et les connaissances historiques, avec deux personnages haut en couleur, Rose la modiste et Léonard le coiffeur, et l’aide d’Alexandre Benallard (eh oui ! on ne recule devant rien) qui appartient au Service secret de Sa Majesté. Le duo fonctionne à merveille et on passe un excellent moment. L’ironie, l’humour sont présents et l’enquête est palpitante. Je vous le conseille ! Les personnages sont moins déjantés que dans la série Voltaire, ce qui rend le récit plus crédible et plus fin ; et le fondement historique est toujours présent ; une affaire du collier a bien existé, les joailliers Boehmer et Bassange ne sont pas des inventions, Rose Bertin et Léonard sont à l’origine des modes de l’époque, Marie-Antoinette effectuait bien des sorties incognito… C’est un excellent moment de lecture, pétillant d’humour et de jolies phrases, des jeux de mots, des références à la culture et la vie de l’époque qui émaillent le récit, tout ce que j’aime.
Extraits :
Les soucis des puissants sont les catastrophes des humbles, il faut bien que quelqu’un paie les pots cassés.
Le ministre sourit à cet extrait de sagesse très politique quoique très peu révolutionnaire.
Après la vêture et la coiffure venait le maquillage obligatoire qui vous donnait un teint immuablement frais et gommait toute expression naturelle. Parfait pour empêcher quiconque de deviner ce que vous pensez.
Vous savez, à force d’endurer ses propres malheurs, on devient dur d’oreille à ceux d’autrui.
S’il est vrai que l’on déterre les diamants dans la fange, le diamantaire avait retrouvé le chemin des origines.
Sa Majesté actuelle n’abuse jamais de rien, c’en devient même un vice.
On y voyait des dames du temps jadis coiffées avec excentricité, depuis les frisotis à la mode sous Louis XIII jusqu’à la fontange relevée sur le front qui avait marqué le règne de Louis XIV.
— Tiens ! Comment va-t-il ?
— Il rame un peu.
— S’est-il habitué à son nouveau métier ?
— Oh ! Une vraie galère !
— Où étiez-vous, hier au soir ? demanda Léonard
— Je piquais, ne vous déplaise. Et vous ?
— Je frisais.
— J’en suis fort aise.
— Ah ! Les femmes ! fit l’horloger. Où est-il, le temps où elles faisaient ce qu’on leur disait ?
— Oui, où est le Moyen Âge ?
Avant de mettre un pied dans la rue, elle tira sur les cordons dissimulés dans ses jupes, déplaça quelques accessoires, retourna son calicot, déplia son chapeau : ces artifices changeaient une cambrioleuse invisible en femme du peuple, tout aussi invisible. C’était l’avantage de fabriquer ses vêtements soi-même.
Par moments, elle se disait qu’elle n’avait pas renoncé à grand-chose, au fond : les hommes étaient décevants, les familles n’étaient pas fiables, la vie était une chienne. Elle, au moins, tenait ce qui lui importait vraiment : son travail. Le tissu, le fil et l’imagination, voilà des amis qui ne vous lâchaient jamais !
La Cour avait deux manières d’étouffer les scandales : une geôle dans un donjon ou le renvoi dans le néant.
La protection de la reine vous ouvrait toutes les portes, surtout avec un passe-partout.
Le village de Bercy, en bord de Seine, à la limite de la capitale, était un lieu marécageux peu prisé de la bonne société – mais pas de la mauvaise.
Les Comédiens-Français jouaient dans la salle des Machines du palais des Tuileries, près du pavillon de Marsan. C’était là qu’avaient été inventées les expressions « côté cour » (du Louvre) et « côté jardin » (des Tuileries) pour désigner la droite et la gauche de la scène.
Le luxe a poussé le raffinement jusqu’à prescrire le temps où devaient se montrer les couleurs. Ainsi l’or ne devait briller qu’au milieu des frimas, tandis que l’argent se portait pendant la canicule. Celui qui aurait paru dans la galerie de Versailles avec un tout autre habit que celui de la saison eût été regardé comme un homme sans usage et de mauvais ton.
3 Replies to “Lenormand, Frédéric « Au Service secret de Marie Antoinette: L’enquête du Barry » (2019)”
Je me suis bien divertie dans ce siècle un peu déjanté. Les descriptions sont parfaitement respectueuses de l’époque. J’ai adoré Louise, précurseuse (on dit ça ?) de nos grands couturiers. Le savoir faire de l’époque est incroyable. J’ai appris beaucoup sur l’art de se vêtir. Leonard est amusant. Moins d’affinité avec lui.
L’intrigue est drôle, bien menée, on ne s’ennuie pas entre le Chatelet et Trianon avec toutes ces dames et ces messieurs plus intriguants les uns que les autres.
Louise? Rose … non?
Rose oui … Louise c est ds ma tête… !!!