Swarup, Vikas «Pour quelques milliards et une roupie» (2014)
Auteur : Né en 1963 à Allahabad, en Inde, Vikas Swarup est diplomate. Après avoir été en poste en Turquie, aux Etats-Unis, en Ethiopie, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, il est actuellement consul général de l’Inde à Osaka, au Japon. Après « Les Fabuleuses Aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire » adapté en film sous le titre de « Slumdog Millionaire ») et « Meurtre dans un jardin indien » (Belfond, 2010 ; 10/18, 2012), « Pour quelques milliards et une roupie » est son troisième livre traduit en français.
Belfond – 3.4.2014 – 405 pages / 10/18 – 2.04.2015 – 432 pages
Résumé : Par l’auteur de l’inoubliable Slumdog Millionaire,
un roman picaresque foisonnant, drôle, émouvant, doublé d’un page turner
redoutable. Des paillettes des plateaux télé de Mumbai aux sous-sols des
bidonvilles de Delhi, un trépidant voyage au cœur de l’Inde d’aujourd’hui.
Les contes de fées, il y a bien longtemps que la jeune Sapna Sinha n’y croyait
plus. Écartelée entre un propriétaire sans scrupules, une sœur qui se prend
pour Miss India et une mère malade, elle a dû renoncer à ses rêves et accepter
un poste de vendeuse en électroménager.
Et puis un jour, le miracle ! Le rendez-vous qu’elle attendait avec son destin.
Ou en l’occurrence avec Acharya, un industriel richissime, qui lui fait une
proposition hallucinante. Son entreprise, sa fortune, il lui lègue tout. À une
condition : que Sapna réussisse sept épreuves.
Don du ciel ou pacte avec le diable ?
Et voilà notre jeune Sapna embarquée dans une suite d’aventures rocambolesques
où elle devra, pêle-mêle, sauver une jeune fille d’un mariage arrangé,
démasquer l’avarice d’une star bollywoodienne adulée, partir à la rescousse
d’enfants réduits en esclavage ou encore révéler l’odieux trafic d’un médecin
au-dessus de tout soupçon.
Dans ce périple au bout d’elle-même, Sapna saura-t-elle ne pas se perdre ?
Jusqu’où est-elle prête à aller pour quelques milliards et une roupie ?
Mon avis : Passé un excellent moment. J’avais déjà lu les deux précédents et trouvé très sympa et délassant à lire. Si le nom de l’auteur ne vous dit rien, vous vous souvenez certainement au moins du film adapté sous le titre Slumdog Millionaire. C’est dans le même style mais cette fois, la fortune va sourire (ou pas ?) à une jeune fille…
Un livre fantaisie, léger mais qui nous parle de la réalité indienne, de la vie quotidienne, de la religion, des castes, et des problèmes actuels, un roman d’aventure, une épopée des temps modernes, des sourires. Une plongée dans l’Inde moderne en pleine évolution, dans les rêves des jeunes filles, dans l’explosion économique, dans le monde de la téléréalité, des affaires. Un roman initiatique à l’image du roman qui avait fait connaitre l’auteur avec des personnages attachants. Une question se pose : est-ce une proposition désintéressée ou un pacte machiavélique avec un méchant ? C’est vivant, délassant et très sympa à lire.
Extraits :
Dans la vie, on n’obtient jamais ce qu’on mérite ; on obtient ce qu’on a négocié.
La déesse Durga est l’Invincible qui rattrape les situations les plus désespérées.
Mon darshan – le tête-à-tête avec Dieu – achevé, je m’apprête à descendre les marches quand une main s’abat sur mon épaule.
Lorsqu’un inconnu aborde une jeune femme à Delhi, le premier réflexe de celle-ci est d’attraper la bouteille de spray au poivre qu’elle garde toujours à portée de main.
Dieu a fait du corps humain une machine à obsolescence programmée.
Le contentement engendre la paresse. C’est l’ambition qui fait parvenir à ses fins. Je veux quelqu’un qui a faim. Une faim née dans le désert de l’insatisfaction.
Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps, où la barque de mon existence avait un cap et un élan qui lui étaient propres. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une épave à la dérive, sans but ni gouvernail : chaque jour ressemble au précédent, et il n’y a aucun changement en vue.
L’espoir est une drogue douce qui te fait planer selon la dose d’attentes irréalistes qu’on t’injecte.
Les morts ne meurent pas. Ils se métamorphosent en fantômes, flottent dans l’air, hantent nos pensées, squattent nos rêves.
Prof de maths, il réduisait le monde à un schéma binaire, le blanc et le noir, le bien et le mal. Il n’y avait pas de place dans son univers pour les nuances de gris.
Que tous vos rêves se réalisent dans l’année à venir.
— Gardez vos vœux, ça fait longtemps que je ne rêve plus.
— Pourquoi ?
— Un rêve trop ancien finit par rouiller. Et il n’y a pas plus toxique qu’un rêve rouillé. C’est du poison pour le cœur.
Cette obsession de la célébrité me laisse perplexe. La gloire ne vient pas avec le talent, elle est devenue une fin en soi.
Mercy n’a aucune chance de décrocher le titre de Popstar no 1. Elle a beau chanter comme un ange, elle a le charisme d’une plante potagère.
Notre cité fonctionne, comme toutes les classes moyennes en Inde, sur un réseau complexe de liens, relations, obligations et services. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un.
Un hôpital, c’est un vaisseau qui transporte les âmes en peine d’une rive à l’autre du fleuve de la maladie.
On ne sait pas toujours quand un amour commence, dit-on, mais on sait toujours quand il finit.
J’ai plus appris dans la vie que dans les livres, et la leçon que j’en tire, c’est qu’il faut trois choses pour être véritablement heureux dans ce monde : quelqu’un qu’on aime, un travail qui vous plaît et un rêve qui donne un sens à votre existence.
Faire l’objet d’une enquête de police, c’est un peu comme marcher sur des sables mouvants. Vous avez beau vous débattre pour en sortir, vous vous enfoncez de plus en plus profondément.
Beaucoup de gens pensent que la sagesse vient avec l’âge. C’est faux. Seuls les cheveux blancs et les rides viennent avec celui-ci.
Info : La déesse Durga
One Reply to “Swarup, Vikas «Pour quelques milliards et une roupie» (2014)”
Ce roman m’inspirerait plus que le précédent. Sans doute la difficulté d’effacer un succès qui a abouti à un superbe film.
Le sujet a l’air bon et plus original et on se demande quelle est la finalité de toutes ces épreuves. Il doit forcément y en avoir une, sinon le roman ferait flop.