Lemaître, Pierre «Robe de Marié» (2009)

Lemaître, Pierre «Robe de Marié» (2009)

Auteur : écrivain et scénariste français, né à Paris , le 19/04/1951. Fils d’employés de sensibilité politique de gauche, il passe son enfance entre Aubervilliers et Drancy.
Psychologue de formation, et autodidacte en matière de littérature, il effectue une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, leur enseignant la communication, la culture générale ou animant des cycles d’enseignement de la littérature à destination de bibliothécaires.

Ses polars : Verhoeven, tétralogie incluant : Travail soignéAlexRosy & JohnSacrifices – Robe de marié (2009) – Cadres noirs (2010) – Trois jours et une vie (2016) –
Trilogie de l’entre deux-guerres : Au revoir là-haut(2013 – Prix Goncourt) – Couleurs de l’incendie (2018) – Miroir de nos peines (2020)

Calmann- Lévy 07.01. 2009 – 270 pages – LdP – 02.01.2010 – 313 pages

Résumé : Nul n’est à l’abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s’accumulent puis tout s’accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n’a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite; elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape… Les ombres de Hitchcock et de Brian de Palma planent sur ce thriller diabolique.

Mon avis : Les malheurs de Sophie revus et amplifiés ! Une fois encore cet auteur est machiavélique. Un roman en trois parties sur la descente aux enfers d’une jeune femme qui se sent perdre pied et devenir folle. Angoissant ! Petit à petit le malaise nous envahit, l’incrédulité aussi. On se demande si on nage en plein cauchemar et qu’on va se réveiller ou si c’est la réalité. A un moment je me suis posé la question de la personne à personnalité multiple… L’horreur, la folie, la perte de repères… je ne peut pas vous en dire davantage mais je ne peux que vous conseiller de le lire jusqu’au bout ! et je vous confirme que qu’il n’y a pas de faute d’orthographe dans le titre!
J’ai donc fini de lire les polars de cet auteur : la prochaine étape sera la trilogie de l’entre deux-guerres…

Extraits :

… perdue dans ses pensées. Chez elle, c’est un état qui peut durer longtemps. Des sortes d’absence. Son cerveau semble se figer autour d’une idée, d’une image, sa pensée s’enroule autour, très lentement, comme un insecte, elle perd la notion du temps. Puis, par une sorte d’effet de gravité, elle retombe dans l’instant présent. Elle reprend alors sa vie normale là où elle s’est interrompue. C’est toujours comme ça.

Elle a le choix entre deux mauvaises solutions. C’est toute sa vie, ça.

Depuis sa mort, j’ai fait toutes sortes de rêves, mais souvent ce sont des scènes réelles que mon cerveau a enregistrées autrefois. Je suis toujours étonné de la précision quasi photographique de ces souvenirs. Il y a, quelque part dans mon cerveau, un projectionniste fou. 

Il paraît que c’est le changement de stratégie qui a fait le succès des guerres napoléoniennes. C’est aussi pour cela que Sophie a réussi. Elle a cent fois changé de route. Elle vient encore de changer de projet.

Les événements de sa vie l’ont privée de tout espoir de vrai bonheur et elle ressent maintenant un bien-être presque suffisant. On a vu des couples tenir sur ce modèle pendant des décennies.

Sans s’en rendre tout à fait compte, elle s’est lovée contre lui dans le lit, elle s’est laissé prendre dans ses bras, elle s’est laissé embrasser, elle s’est laissé pénétrer, et les premières semaines se sont écoulées ainsi en noir et blanc, dans des proportions nouvelles. Pour le côté noir, les visages des morts ne s’estompaient pas mais revenaient à des intervalles plus longs, comme s’ils prenaient de la distance. Pour le côté blanc, elle dormait mieux, se sentait non pas revivre mais au moins des choses se réveillaient ; elle avait un plaisir enfantin à faire le ménage, à refaire de la cuisine – comme elle aurait joué à la dînette –,

Dans la journée, elle essaie de ne pas dormir. Peur des rêves. Mais parfois rien n’y résiste, le sommeil survient, la submerge. La nuit ou le jour, les morts la visitent.

One Reply to “Lemaître, Pierre «Robe de Marié» (2009)”

  1. Je lis ta présentation de Pierre Lemaitre qui me fait ben sourire. Quand j’ai cherché des renseignements à son sujet, à l’issue de ma lecture de « Robe de marié » justement, j’ai vu sa tête et suis tombée de l’arbre : ce type-là, je l’avait eu en face de moi pendant 5 jours pour un stage sur la littérature américaine contemporaine… il a pris un pseudo pour écrire, c’est pourquoi je n’ai pas fait le rapprochement. J’étais à l’époque bibliothécaire, c’était il y a bien 15 ans et l’un des meilleurs stages que j’aie faits.

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