Pérez-Reverte, Arturo « Le Capitaine Alatriste» (1996)
Auteur: Arturo Pérez-Reverte, né le 25 novembre 1951 à Carthagène en Espagne, est un écrivain, scénariste espagnol et ancien correspondant de guerre.
Ses romans : ( en italique : lus avant la création du blog)
1986 : Le Hussard (El húsar), retouché et réédité en 2004 après le rachat des droits par l’auteur
1988 : Le Maître d’escrime (El maestro de esgrima) adapté au cinéma en 1994 par Pedro Olea sous le titre El maestro de esgrima
1990 : Le Tableau du maître flamand (La tabla de Flandes) a inspiré le film du même nom de Jim McBride (titre original : Uncovered)
1993 : Le Club Dumas ou l’ombre de Richelieu (El club Dumas) a inspiré le film La Neuvième Porte de Roman Polanski
1993 : La sombra del águila
1994 : Territorio comanche
1995 : Cachito (Un asunto de honor)
1995 : Obra breve
1995 : La Peau du tambour (La piel del tambor)
1998 : Patente de corso
2000 : Le Cimetière des bateaux sans nom (La carta esférica)
2002 : La Reine du sud (La Reina del Sur)
2004 : Cabo Trafalgar
2006 : Le Peintre de batailles (El pintor de batallas)
2008 : Un jour de colère (Un día de cólera, Trad. François Maspero)
2009 : Les Yeux bleu (Ojos azules)
2010 : Cadix, ou la diagonale du fou (El asedio, Trad. François Maspero)
2012 : Le Tango de la vieille garde (El Tango de la guardia vieja)
2013: La Patience du franc-tireur (El Francotirador paciente )
2015 : Deux hommes de bien (Hombres buenos)
Série Capitaine Alatriste
– 1996 : Le Capitaine Alatriste (El capitán Alatriste) – tome 1
– 1997 : Les Bûchers de Bocanegra (Limpieza de sangre) – tome 2
– 1998 : Le Soleil de Breda (El sol de Breda) – tome 3
– 2000 : L’Or du roi (El oro del rey) – tome 4
– 2003 : Le Gentilhomme au pourpoint jaune (El caballero del jubón amarillo) – tome 5
– 2006 : Corsaires du levant (Corsarios de Levante) – tome 6
– 2012 : Le Pont des assassins (El puente de los asesinos) – tome 7
Série Falcó
– 2016 : Falcó, (Falcó) – 2017 : Eva (Eva) – 2018 : Sabotage (Sabotaje)
Série Capitaine Alatriste
– 1996 : Le Capitaine Alatriste (El capitán Alatriste) – tome 1
Seuil – 15.07.1998 – 216 pages / Points 03.04.2008 – 263 pages
Résumé : » Il n’était pas le plus honnête ni le plus pieux des hommes, mais il était vaillant. » Ainsi commence Le Capitaine Alatriste, histoire d’un ancien soldat espagnol, vétéran de la guerre de Flandre, spadassin à la solde des nobles ou de riches hidalgos. Ses aventures, aussi dangereuses que passionnantes, nous entraînent dans les intrigues de la cour de Philippe IV, roi d’une Espagne corrompue et décadente, dans les ruelles obscures de Madrid où l’on croise le fer pour quelques maravédis, dans les tavernes où Francisco de Quevedo compose des sonnets la main à l’épée, dans les théâtres où les représentations des comédies de Lope de Vega finissent en échauffourées. Le jeune Inigo de Balboa, l’implacable Inquisiteur Emilio Bocanegra, l’assassin Gualterio Malatesta et le diabolique secrétaire du roi, Luis de Alquézar sont quelques-uns des personnages inoubliables de ces aventures où l’action renoue grâce à une plume flamboyante avec la plus grande tradition du roman de cape et d’épée.
Mon avis :
Bienvenue dans le XVIIème siècle espagnol, le siècle d’or espagnol, l’Espagne des Autrichiens, celle des peintres, des mécènes, des artistes… L’action se passe sous le règne de Philippe IV, ce roi décrit comme indolent, incompétent, faible, dépravé, oisif…
Nous y faisons la connaissance du Capitaine Alatriste, redoutable bretteur, soldat avec un sens de l’honneur très fort et très personnel. Alatriste est accompagné du fils d’un ancien compagnon de guerre, Iñigo Balboa, qui fait office de page. Il vit avec lui au-dessus de la taverne qui est son quartier général et tenu par une belle espagnole, Caridad, à laquelle il n’est pas insensible. Bien qu’il ne soit pas de la Haute société, il a des appuis solides et est estimé par des personnes influentes. De plus il traine en bonne compagnie et ses amis sont réputés : le peintre Diego Velázquez, les auteurs et poète Lope de Vega, Don Francisco de Quevedo ou Don Pedro Calderón de la Barca.
Ce tome un est une prise de contact avec ce personnage à la « Alexandre Dumas » – dont l’auteur est spécialiste – et une mise en condition pour la suite de la série. Le décor est planté : Madrid, L’Inquisition, les complots, les intrigues …
Luis d’Alquézar, le secrétaire privé de Sa Majesté Philippe IV, le conte d’Olivares, le père Emilio Bocanegra, Gualterio Malatesta, la fillette aux yeux bleus, qui répond au doux prénom d’ Angélica sont les personnages dont il va falloir se méfier…
Pour être au courant des nouvelles, il suffit de se rendre sur le parvis de San Felipe, décrit par l’auteur comme « un lieu des plus agréables où l’esprit pétillait, source de nouveautés et d’autant de médisances. On s’y rassemblait tous les jours vers onze heures. »
Pour rester en vie, il faudra à Alatriste du courage, de l’esprit, des appuis, une grande science de l’escrime, du sang-froid, de l’intuition et des appuis …
J’ai adoré cette mise en bouche et je me demande encore comment je n’ai pas attaqué cette série il y a des années, alors que j’aime beaucoup cet auteur, que tout ce qui parle de l’Espagne m’attire et que j’ai toujours eu un faible pour les romans de cape et d’épée… Mais je me réjouis de savoir qu’il y a encore six tomes à passer en compagnie du Capitaine…
Extraits :
Il y a des femmes qui intéressent pour leurs charmes, des curés pour leurs absolutions, des vieux pour leur argent… Mais quand il s’agit de gens comme toi et moi, il n’y a que notre épée qui vaille quelque chose
Mais la cape avait aussi une autre utilité : dans ce Madrid rempli de dangers, aux rues étroites et mal éclairées, une cape était fort pratique quand il fallait se battre à l’arme blanche. En travers de la poitrine ou enroulée sur le bras gauche, elle servait de bouclier pour parer les coups de l’adversaire. Jetée sur la lame de l’ennemi, elle pouvait le gêner le temps d’allonger une bonne botte. Tout bien considéré, se battre à la loyale quand on jouait sa peau pouvait peut-être contribuer au salut de l’âme dans la vie éternelle. Mais ici-bas, sur terre, c’était le plus sûr moyen de mourir comme un idiot, avec six bons pouces d’acier dans le foie.
Dans l’Espagne d’alors, se brouiller avec la Sainte Inquisition, c’était s’exposer à la prison, voire à la torture ou au bûcher. Les hommes les plus vaillants en venaient à trembler à la simple mention du Saint-Office.
— Voyez, messieurs, ajouta-t-il, qu’à la différence de la justice terrestre, la justice divine paie d’avance. Mais elle ne manque jamais de réclamer son dû – et il regarda le capitaine et l’Italien comme s’il voulait graver leurs traits dans sa mémoire. Rien n’échappe à ses yeux et Dieu sait fort bien où réclamer ses dettes.
Les Aragonais et les Catalans se barricadaient derrière leurs lois, le Portugal ne tenait que par un fil, le commerce était aux mains des étrangers, les finances dans celles des banquiers génois, et personne ne travaillait sauf les pauvres paysans, saignés par les collecteurs d’impôts au nom de l’aristocratie et du roi. Et au beau milieu de cette corruption, de cette folie, tournant le dos à l’histoire, la malheureuse Espagne, tel un bel animal, terrible en apparence, capable de furieux coups de griffes, mais le cœur rongé par une tumeur maligne, pourrissait de l’intérieur, condamnée à une décadence inexorable dont la vision n’échappait pas à la clairvoyance de cet homme hors du commun qu’était Don Francisco de Quevedo.
Sur l’échiquier de la vie, chacun roque comme il peut. Cette justification, quoique bien faible, lui suffisait.
je trouvai sur mon oreiller une bonne dague, nouvellement achetée rue des Armuriers : poignée damasquinée, croix d’acier et une lame bien trempée longue de six pouces, fine et à double tranchant. Une de ces dagues que nos grands-parents appelaient des miséricordes, car on s’en servait souvent pour achever l’ennemi en les faisant glisser dans les interstices des armures ou sous la visière du casque des chevaliers tombés à terre.
C’est que les peuples sont différents, même dans la façon de quémander : les Teutons chantent en groupe, les Français vous adressent prières et jaculatoires serviles, les Portugais se lamentent, les Italiens récitent par le menu leurs maux et leurs misères, les Espagnols sont arrogants et vous menacent, pleins d’outrecuidance et d’insolence.
Que voulez-vous… Avec des hommes intègres, on peut peut-être gagner des batailles, mais pas gouverner des royaumes. Du moins pas celui-ci.
Informations :
Cheval tourdille : de couleur gris-jaune
Ordre de Calatrava : un ordre militaire hispanique fondé au XII e siècle, et approuvé en 1164 par le pape Alexandre III. C’est le premier ordre militaire espagnol. Ordre militaire et religieux catholique puis Ordre civil honorifique
One Reply to “Pérez-Reverte, Arturo « Le Capitaine Alatriste» (1996)”
Étonnant en effet, Soeurette, que tu n’aies point abordé cette saga de cape et d’épée plus tôt…
Outre ce premier tome, j’ai aussi lu “Les bûchers de Bocanegra“ et “L’or du roi“, il y a longtemps déjà…
Ai encore quelques tomes à acheter ou emprunter 😉
Pour ce qui est de l’ambiance, il y a l’escrime, les échecs, éléments présents dans d’autres romans de mon chouchou espagnol 🙂
Contente que le Capitaine Alatriste te plaise…
Et au cas où tu aimerais Viggo Mortensen (moi, je l’adore !), c’est lui qui a interprété Alatriste pour le film :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitaine_Alatriste
https://www.imdb.com/title/tt0395119/