Pérez-Reverte, Arturo «Les Bûchers de Bocanegra» (1997)
Auteur: Arturo Pérez-Reverte, né le 25 novembre 1951 à Carthagène en Espagne, est un écrivain, scénariste espagnol et ancien correspondant de guerre.
Ses romans : ( en italique : lus avant la création du blog)
1986 : Le Hussard (El húsar), retouché et réédité en 2004 après le rachat des droits par l’auteur
1988 : Le Maître d’escrime (El maestro de esgrima) adapté au cinéma en 1994 par Pedro Olea sous le titre El maestro de esgrima
1990 : Le Tableau du maître flamand (La tabla de Flandes) a inspiré le film du même nom de Jim McBride (titre original : Uncovered)
1993 : Le Club Dumas ou l’ombre de Richelieu (El club Dumas) a inspiré le film La Neuvième Porte de Roman Polanski
1993 : La sombra del águila
1994 : Territorio comanche
1995 : Cachito (Un asunto de honor)
1995 : Obra breve
1995 : La Peau du tambour (La piel del tambor)
1998 : Patente de corso
2000 : Le Cimetière des bateaux sans nom (La carta esférica)
2002 : La Reine du sud (La Reina del Sur)
2004 : Cabo Trafalgar
2006 : Le Peintre de batailles (El pintor de batallas)
2008 : Un jour de colère (Un día de cólera, Trad. François Maspero)
2009 : Les Yeux bleu (Ojos azules)
2010 : Cadix, ou la diagonale du fou (El asedio, Trad. François Maspero)
2012 : Le Tango de la vieille garde (El Tango de la guardia vieja)
2013: La Patience du franc-tireur (El Francotirador paciente )
2015 : Deux hommes de bien (Hombres buenos)
Série Capitaine Alatriste
– 1996 : Le Capitaine Alatriste (El capitán Alatriste) – tome 1
– 1997 : Les Bûchers de Bocanegra (Limpieza de sangre) – tome 2
– 1998 : Le Soleil de Breda (El sol de Breda) – tome 3
– 2000 : L’Or du roi (El oro del rey) – tome 4
– 2003 : Le Gentilhomme au pourpoint jaune (El caballero del jubón amarillo) – tome 5
– 2006 : Corsaires du levant (Corsarios de Levante) – tome 6
– 2012 : Le Pont des assassins (El puente de los asesinos) – tome 7
Série Falcó
– 2016 : Falcó, (Falcó) – 2017 : Eva (Eva) – 2018 : Sabotage (Sabotaje)
Série Capitaine Alatriste
Les Bûchers de Bocanegra (Limpieza de sangre) – tome 2
Seuil – 09.10.1998 – 235 pages / Points Poche 01.04.2000 – 288 pages / Points Poche 11.04.2020 – 314 pages Jean-Pierre Quijano (Traducteur)
Résumé :
Sur le point de rejoindre son régiment en Flandre, Diego Alatriste y Tenorio est sollicité par son ami le poète Francisco de Quevedo pour résoudre une affaire délicate et dangereuse, qui n’est peut-être pas sans lien avec le meurtre d’une femme, retrouvée étranglée dans une chaise à porteurs devant l’église de San Ginés. Il s’agit de libérer la jeune Elvira de la Cruz, recluse dans un couvent sur lequel courent d’étranges et inquiétantes rumeurs. Mais l’affaire tourne mal et, au cours d’une échauffourée tragique, le jeune page du capitaine, Inigo Balboa, est enlevé par des inconnus, jeté dans un cachot et menacé de périr sur le bûcher. Une fois encore l’ombre de l’Inquisition s’étend sur le Madrid décadent de Philippe IV où, depuis plus de deux siècles, les juifs convertis sont traqués sans relâche. Le capitaine Alatriste et Francisco de Quevedo devront, pour sauver Inigo, déjouer un complot aux multiples ramifications et affronter de vieux ennemis : le perfide secrétaire Luis de Alquézar, le sinistre père Emilio Bocanegra et le spadassin sans âme Gualterio Malatesta.
Mon avis De retour dans le Madrid du XVIIème siècle dans les années 1620, j’ai retrouvé avec plaisir la fougue d’Alatriste et son jeune compagnon – Inigo Balboa, basque, âgé de 13 ans, amoureux de la fausse personne -, son ami, Don Francisco de Quevedo, ses ennemis dont l’italien Gualterio Malatesta Une fois encore Alatriste se retrouve dans une bien mauvaise posture, embarqué dans une aventure qui risque bien de lui couter la vie. Mais avec lui, on s’y attendait non ?
Au final c’est surtout son jeune assistant, Inigo qui est au centre de cette aventure. Tombé dans les griffes de l’Inquisition, emprisonné à Tolède, il n’a qu’une seule carte à jouer : il a moins de 14 ans…
Alatriste réussira-t-il à le sauver des griffes de l’Inquisition, et plus particulièrement de Bocanegra.
De nombreuses références aux personnages qui font toute la richesse de l’Espagne ( les auteurs ) et à l’Histoire.
La série Alatriste est vraiment une série de romans à lire dans l’ordre ; l’auteur nous prend à témoins avec des phrases du style « Je crois vous avoir déjà parlé » et il instaure un dialogue entre lui, nous et les personnages …
Extraits :
En cette année mille six cent vingt-trois, deuxième du règne de notre jeune roi Philippe, la reprise de la guerre en Flandre réclamait plus d’argent, plus de régiments et plus d’hommes.
Diego Alatriste était un homme avare de ses paroles et que ses silences étaient plus éloquents que ses mots.
Don Miguel de Cervantès, le plus bel esprit de tous les temps, n’en déplaise aux Anglais hérétiques avec leur Shakespeare, le Cervantès immortel assis à la droite de Dieu depuis ce jour où, sept ans plus tôt, ayant mis le pied à l’étrier, il s’en était allé vers l’autre vie
Mais, avant qu’on les voie rouler, on ne sait jamais ce que vont donner les dés qui ont été jetés.
Et malgré mon jeune âge, j’avais fort bien compris qu’ouvrir tout grands les yeux et les oreilles ne faisait point de tort, bien au contraire. Dans la vie, le mal n’est pas de savoir mais de montrer que l’on sait. Et celui qui commet la sottise de montrer qu’il en sait trop risque autant que le niais qui n’en sait pas assez. Mieux vaut connaître la musique avant que ne commence le bal.
À une époque où la haine des juifs et des hérétiques était le complément indispensable de la foi, Lope de Vega et le bon Miguel de Cervantès s’étaient félicités, à peine quelques années plus tôt, de l’expulsion des morisques
Au bout du compte, Dieu a le dernier mot et c’est lui qui distribue les cartes.
L’honneur était le patrimoine exclusif de l’hidalgo. Et l’hidalgo, à la différence du roturier qui payait tous les impôts, ne travaillait pas et n’apportait rien aux caisses du roi.
Mais le fameux honneur des comédies de Lope de Vega, de Tirso de Molina et de Calderón trouvait sa source dans la tradition chevaleresque d’une époque révolue, alors qu’abondaient maintenant les vauriens et truands de toutes sortes.
Celui qui perd la jugeote – c’était l’une des grandes maximes militaires que j’avais apprises du capitaine – finit par perdre la tête, souvent avec l’aide indésirable d’une bonne corde de chanvre.
Quoi qu’il en soit, la vérité est que l’Inquisition fut souvent une arme de gouvernement dont se servaient les rois comme notre Philippe IV qui lui abandonna les nouveaux chrétiens et les judaïsants, les sorcières, les bigames et les sodomites, ainsi que la censure des livres et la lutte contre la contrebande des armes et des chevaux, plus le contrôle de la monnaie et la chasse aux faux-monnayeurs, sous prétexte que les contrebandiers et les faux-monnayeurs portaient un grave préjudice aux intérêts de la monarchie. Et qui était l’ennemi de la monarchie, qui défendait la foi, était aussi l’ennemi de Dieu.