Konate, Moussa « La Malédiction du lamantin» (2009) –187 pages Série Commissaire Habib-Tome 04

Konate, Moussa « La Malédiction du lamantin» (2009) –187 pages Série Commissaire Habib-Tome 04

Auteur : Moussa Konaté, né en 1951 à Kita, au Mali, et mort le 30 novembre 20131 à Limoges, est un écrivain malien. Diplômé en lettres de l’École normale supérieure de Bamako, il enseigna plusieurs années avant de se consacrer à l’écriture. Il est connu pour la publication de plusieurs romans policiers qui relatent les enquêtes du commissaire Habib.

Série Commissaire Habib. Enquête sur les rives du fleuve Niger :
Le Commissaire Habib : L’Assassin du Banconi – L’honneur des Keïta L’Empreinte du renardLa Malédiction du lamantinMeurtre à Tombouctou  ( En route pour Tombouctou) – L’Affaire des coupeurs de têtes

«La Malédiction du lamantin»  – les enquêtes du commissaire Habib – tome 4

Fayard Noir – 27.05.2009 – 218 pages – Points Policier 04.02.2010 – 187 pages

Le commissaire Habib, après avoir longtemps officié à la Série Noire, a déménagé chez Fayard Noir : il fallait bien qu’on le retrouve sur les chemins numériques ! Ce qui ne change pas : le Mali, l’odeur et le bruit de l’Afrique, mais aussi la grande vibration populaire de la langue, toutes les facettes du rire et de l’humour, et ce grand tremblement permanent d’humanité. Sauf que lui, l’inspecteur Habib, et son inspecteur Sosso qui serait presque le personnage principal du livre, n’ont pas le temps de s’intéresser au tourisme.

Résumé :
Au coeur de la saison sèche, sans prévenir, le fleuve Niger entre en furie, laissant sans vie le chef Kouata et son épouse. Ils étaient tous deux des Bozos, une ethnie réputée pour sa connaissance des mystères du monde aquatique. En dépit des preuves apportées par le commissaire Habib, les villageois croient à une mort surnaturelle: c’est le Lamantin, le génie du fleuve, qui s’est vengé. Mais de quoi?

Mon avis:
C’est avec plaisir que j’ai retrouvé l’ambiance si particulière des enquêtes du binôme Habib-Sosso au Mali. Une fois de plus il y a conflit entre les règles ancestrales et les règles de la société contemporaine. Lorsque sa hiérarchie fait pression sur lui pour ne pas enquêter sur des morts suspectes pour ne pas froisser la sensibilité de la culture ancestrale et celle de l’ethnie Bozo en particulier, Habib est une fois de plus confronté à sa conscience. Quand à Sosso et les autres jeunes policiers ils ne sont pas d’accord de laisser les meurtres impunis sous la menace de ceux dont la vie est gouvernée par les croyances et les légendes.
Après avoir fait la connaissance des Dogons dans le tome précédent, l’auteur nous fait découvrir une autre ethnie cette fois, celle des Bozos, qui vivent le long du fleuve Niger et vivent de la pêche. Alors place à l’histoire des bobos et au mythe du Lamentin, aux divinités dont la puissante Maa, aux guerriers hommes crocodiles, aux griots, au Manding, au pouvoir des fétichistes, des sorciers, des envoutements, à l’irrationnel
J’adore cette plongée dans les rites, coutumes, croyances et légendes africaines et ses enquêtes menées au rythme malien, à la corruption de la milice malienne qui raquette les automobilistes, à la peur des divinités qui noient tout sur leur passage…

Extraits:

Le savon efface la tache, le médicament guérit la plaie, la pluie lave les nuages, mais seule l’humilité de l’offenseur guérit la douleur de l’offensé. Que celui qui a offensé présente ses excuses à celui qu’il a offensé.

Le zèbre qui ne porte plus de zébrures doit être nommé autrement. Alors, que veulent savoir les policiers ?

« Qui est Maa ? Les Bamanan l’appellent Faro, mais c’est la même divinité. Ce n’est pas Dieu, mais le grand maître des eaux. Il est multiforme : il peut être un esprit, un poisson, homme, femme, mi-homme, mi-poisson, arbre, oiseau, comme bon lui semble. Quand la divinité Balanzan terrorisait les hommes, se nourrissait de leur sang, c’est Maa qui mit fin à son pouvoir despotique. C’est aussi Maa qui divisa le ciel en sept cieux et fit du cinquième ciel son quartier général. Maa est donc le maître du ciel et de l’eau. Entre nous, les Bozos, et Maa fut signé un pacte : la divinité nous accorde sa protection contre le respect de toutes choses qui vivent au ciel et dans l’eau, car Maa a dit que toute vie est sacrée. Nous pêchons les poissons, mais juste de quoi manger et acheter ce dont nous avons besoin ; nous coupons le bois, mais juste pour préparer nos plats, nos pirogues, nos maisons et nous réchauffer ; jamais aucun Bozo ne s’amusera à gaspiller l’eau, parce que, sans elle, aucune vie n’est possible. Nous avons donc respecté le pacte qui nous lie à Maa, jusqu’au jour où le malheur s’est produit.

Si tu me demandes s’il y a un pouvoir, je te répondrai qu’il y en a en fait deux. Il y a ceux qui sont au pouvoir par la grâce de la colonisation, et ceux qui s’estiment les héritiers du pouvoir ancestral. Au sommet même de l’Etat, on reconnaît cette dualité. 

Pour nous, l’âge est un privilège, Habib, car si ces vieilles personnes interviennent, c’est toujours dans l’intérêt de la société. Ces gens-là savent des secrets auxquels toi, tu n’auras jamais accès. 

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