Gómez-Jurado, Juan « Reine Rouge » (2022) 496 pages (Série Antonia Scott – tome 1)
Auteur: journaliste et auteur espagnol, né à Madrid le 16 décembre 1977. Il est chroniqueur dans « La Voz de Galicia » et « ABC », distribués en Espagne, et il participe à de multiples émissions de radio et de télévision.
Série Anthony Fowler : L’espion de Dieu (2006) – Le Contrat avec Dieu (2009)
Pentalogie Antonia Scott : El Paciente, Cicatriz ( non traduits) Reine rouge (2022) – Louve noire (2023) – Roi blanc (2024)
Fleuve Noir – 06.01.2022 – 496 pages – / Pocket thriller 12.01.2023 – 560 pages (traduit par Judith Vernant) – PRIX POLAR COGNAC 2022
Série Antonia Scott – tome 1
Résumé:
Antonia Scott est spéciale. Très spéciale . Elle n’est ni flic ni criminologue. Elle n’a jamais porté d’arme ni d’insigne, et pourtant, elle a résolu des dizaines d’affaires criminelles. Avant de tout arrêter. Depuis un tragique accident, Antonia se terre dans un appartement vide et n’aspire qu’à une chose : qu’on lui fiche la paix. C’était compter sans l’inspecteur Jon Gutiérrez. Missionné pour lui faire reprendre du service, il parvient à la convaincre d’étudier un dernier dossier, celui d’un assassin sans scrupules qui s’en prend aux héritiers des plus grandes fortunes d’Espagne.
Sa particularité? L’homme ne semble motivé ni par l’appât du gain, ni par le plaisir de tuer. Un cas complexe auquel la police madrilène n’entend rien. En un mot, le terrain de jeu favori d’Antonia Scott.
Mon avis:
Une vraie découverte que cet auteur espagnol. A peine fini le tome 1 que je suis déjà impatiente d’attaquer le tome 2 de cette trilogie : suspense, psychologie, personnages spéciaux, hors du commun, attachants. Ils ont presque plus de défauts que de qualités – apparemment – mais sous la carapace se cachent des fragilités, des défauts, la culpabilité, le besoin de tout donner
Il y a tout d’abord Jon Gutiérrez : un policier basque, un super bon flic – de Bilbao – qui a fait une énorme bourde et est mis à pied. Et c’est si grave qu’il risque même de se retrouver en prison Tout partait d’un bon sentiment mais quand on fait des magouilles avec des preuves… faut pas se faire pendre… Jon est homosexuel, leveur de pierres, il vit avec sa Maman
Il y a Antonia : Une femme avec un QI extrêmement élevé, une mémoire impressionnante qui se souvient de tout ce qu’elle a lu, qui vit coupée du monde depuis que l’amour de sa vie, Marcos, est dans le coma et qui ne communique par écran interposé qu’avec sa grand-mère de 93 ans qui vit à l’autre bout du monde. Mais une fois qu’elle accepte de s’impliquer dans la résolution de l’affaire (des affaires) elle ne lâche pas le morceau et carbure à mille à l’heure
Il y a un personnage mystérieux, un homme de l’ombre, Mentor, qui promet à Jon une mission qui lui permettrait de faire passer sa faute aux oubliettes
Il y a un journaliste hargneux qui veut la peau de Jon Gutiérrez; un vieux de la vieille
Il y a la guerre des polices et le Capitaine Parra et son équipe.
Et il y a Ézéchiel, dont le surnom est inspiré par le prophète.
Il y a l’amour et l’argent… Et une question : que vont privilégier les protagonistes : la vie humaine ou celle de leur réussite?
Et il y a les traumatismes de l’enfance …
Le compte à rebours est enclenché …
Les références au cinéma qui donnent des idées à notre duo atypique…
Et une fois encore, j’aime la littérature ibérique… et je suis curieuse de voir ce que cela va donner en série car effectivement cela s’y prête extrêmement bien.
Extraits:
C’est toujours ça, le pire. Regarder quelqu’un dans les yeux et lui apprendre que son univers s’est brisé en mille morceaux. Et qu’il n’y a pas moyen de le reconstituer, parce que quelqu’un en a embarqué une partie.
Antonia sait qu’elle ne doit pas voir les victimes comme des personnes. On l’a formée à élever une barrière émotionnelle qui les transforme en faits, en séquences d’un rébus, commençant par une image et aboutissant à une solution.
Être flic, ça aide. Être au contact de tout ça, voir les malheurs des autres. Ça vous forge une carapace. Comme si ça ne vous concernait pas.
— Pour trouver une solution, il faut savoir où on se situe par rapport au problème.
La police est lente, sûre, prévisible. C’est un éléphant qui fonce tête baissée vers son but et écrase tout sur son passage.
Il est assez ironique qu’une personne comme elle, qui a toujours perçu son environnement dans ses moindres détails (la froideur de son père, la maladie que sa mère lui a cachée jusqu’à ce qu’elle n’ait plus que ses yeux pour pleurer, le malaise de tous ceux qui croisaient cette fillette étrange et menue), ait toujours fait si peu d’efforts pour communiquer avec les autres.
Alternative, conflit, hésitation, choix cornélien, cul-de-sac. L’avantage d’avoir un diplôme de lettres, c’est de connaître un tas de synonymes pour désigner une situation de merde.
La peur n’arrive toujours pas. La douleur aiguë a reflué, laissant place à son petit frère, le martèlement.
Et il sait reconnaître une femme en colère à de menus détails, par exemple le fait qu’elle a l’air de piétiner un sol couvert des crânes de ses ennemis.
Nous sommes tellement absorbés par notre routine quotidienne – travailler, manger, sortir, dormir – que nous tenons le temps pour acquis. Le passage des jours, les petits défis, les joies, les frustrations, constituent la totalité de notre horizon. Le temps est un calmant qui nous fait oublier la seule vérité irréfutable : tout ce que nous sommes, ce que nous touchons, mangeons, possédons, baisons, tout le mal que l’on nous fait et tout le mal que nous faisons aux autres, n’existe qu’en un ici et maintenant que nous créons de toutes pièces.
L’Audi, qui n’est pas faite pour avancer comme une vieille dame désœuvrée, proteste et piaffe sous les coups de frein.
— Tous les prophètes portaient la barbe, ma jolie. Ézéchiel était un prêtre juif, qui a vécu à l’époque de la conquête babylonienne, alors que son peuple était opprimé par un tyran. Ézéquiel et Jérémie évoquent la justice en ces temps troublés. Le sens de tout ça, c’est que chacun est responsable de ses actes.
Informations:
Bien que la plupart des Madrilènes l’aient oublié, la fresque de Corazón représente le premier emblème de la ville de Madrid, remontant au XIIe siècle. Une pierre à feu et un silex, dont étaient faits les murs de la cité, auxquels les flèches ennemies arrachaient des étincelles, donnant l’impression qu’ils étaient en feu.
Madrid : Magerit, « terre gorgée d’eau », fut le nom donné par les Arabes à la plaine près de la sierra de Guadarrama choisie par Philippe II pour y établir sa cour et qui deviendrait par la suite la ville telle qu’on la connait aujourd’hui.
One Reply to “Gómez-Jurado, Juan « Reine Rouge » (2022) 496 pages (Série Antonia Scott – tome 1)”
J’ai adoré !
Des personnages attachants, un duo d’enquêteurs que tout oppose, un bon rythme, un style très visuel… Cela faisait longtemps qu’un roman ne m’avait pas tenue éveillée jusque tard dans la nuit. Et, bonne nouvelle, une suite est déjà sortie !