Mukherjee, Abir « Le Soleil rouge de l’Assam» (RLH2023) 465 pages (Série Sam Wyndham tome 04)
Auteur : Abir Mukherjee est né en 1974 à Londres, est un romancier britannique d’origine indienne qui a grandi dans l’ouest de l’Écosse dans une famille d’immigrés indiens. Fan de romans policiers depuis l’adolescence, il a décidé de situer son premier roman à une période cruciale de l’histoire anglo-indienne, celle de l’entre-deux-guerres.
Série mettant en scène le capitaine Sam Wyndham, ancien inspecteur de Scotland Yard qui faisait partie de la police impériale, et le sergent Surrender-Not (Surendranath) Banerjee. Cette série débute en 1919 à Calcutta. Avec ce roman, il est lauréat du Historical Dagger Award 2017.
Série Sam Wyndham : L’Attaque du Calcutta-Darjeeling 2019 (A Rising Man – 2017) (Prix Le Point du polar européen en 2020) – Les Princes de Sambalpur 2020 (A Necessary Evil –2017) – Avec la permission de Gandhi 2022 (Smoke and Ashes – 2018) – Le Soleil rouge de l’Assam 2023 (Death in the East – 2019) – Les ombres de Bombay 2024 (The Shadows of Men – 2021)
Autre roman Sin is the New Love (2018)
Série Sam Wyndham tome 04
Liana Levi – 02.02.2023 – 416 pages (traduit de l’anglais par Fanchita Gonzalez Battle) / Folio policier – 08.02.2024 – 465 pages
Résumé
1922, Inde. Sam Wyndham quitte Calcutta pour les montagnes de l’Assam, où il espère vaincre son addiction à l’opium. A son arrivée, il lui semble reconnaître une vieille connaissance londonienne, un homme qu’il croyait disparu à jamais. 1905, Londres. Wyndham, jeune agent de police, est le témoin impuissant de l’agression d’une femme. Le lendemain, elle est retrouvée battue à mort dans une chambre fermée de l’intérieur.
Sam se jure de coffrer le coupable, mais l’affaire finit par le dépasser… Dans l’Assam, Wyndham fait appel à son ami Sat Banerjee. Car il sait que ce fantôme est revenu pour se venger.
Mon avis:
Toujours un plaisir de retrouver ce duo d’enquêteurs. Mais cette fois, c’est différent car Sat Banerjee ne fait son apparition que tard dans le roman. A la fin du tome 3, nous avions quitté le Capitaine Sam Wyndham dans une forme déplorable, sous l’emprise de la drogue et n’arrivant plus à s’en passer.
Il a enfin pris la bonne décision : il va aller se faire désintoxiquer. Et le pauvre va passer par des moments difficiles pendant sa cure..
Le roman va nous faire vivre deux époques de la vie de Wyndham : 1905, alors qu’il était encore à Londres plus précisément dans le quartier de Whitechapel, et la période actuelle – à savoir 1922.
Un plaisir de découvrir le passé de Wyndham, et l’homme de manière plus personnelle à travers les épreuves qu’il a traversé plus jeune et qu’il traverse actuellement .
Mais une fois arrivé dans l’Assam, pendant sa période de désintoxication et de sevrage, il va être confronté à une mort suspecte… et il va croiser – est-ce en réalité ou dans sa mémoire lointaine – un personnage dangereux, qui voulait sa mort à Whitechapel, un être soupçonne de plusieurs meurtres.. Et il va mener l’enquête. Pour cela il va demander à son fidèle Sat de venir le rejoindre…
Dans ce roman, les rapports entre les deux hommes se modifient. Pendant toute la période où Sam a subi l’emprise de l’opium, Sat a pris de l’assurance et l’évolution du personnage est très prometteuse.
Coté mythologie, on croise Kali – déesse de la destruction et son compagnon Shiva, ainsi que Durga – la déesse mère
Extraits:
« Murmuration, mon garçon ! Une nuée d’étourneaux est une murmuration ! N’oubliez pas. »
Ce mot suggérait la clandestinité. Le chuchotement. Un mystère.
Après tout, un policier qui fume régulièrement de l’opium est comme un coureur qui a ses chaussures attachées. Il peut réussir à tenir un moment debout, mais tôt ou tard il finira par tomber à plat ventre.
On dit que l’esprit humain cherche à trouver un sens au chaos. Ce serait bien plus facile de le mettre sur le compte du destin ou des dieux que de faire face à la réalité : l’univers est un endroit sans pitié où il arrive de mauvaises choses à de braves gens parce qu’il n’y a pas de bonne raison pour qu’elles n’arrivent pas.
C’est le bon sens et l’intransigeance de l’hindouisme. Vous déraillez une fois, ils vous aideront. Vous recommencez, vous vous retrouvez tout seul.
Il y a quelque chose d’apaisant dans le mouvement rythmé qui consiste à balayer la poussière et les feuilles qui sont tombées pendant la nuit, et je m’aperçois bientôt que mon esprit vagabonde.
Centré sur le parc ovale bordé d’arbres qui a donné son nom au quartier, Finsbury Circus avait été autrefois la chasse gardée de riches marchands et de gentlemen respectables, et si Jeremiah Caine était assurément riche, l’opinion quant à sa respectabilité dépendait de votre interlocuteur.
C’est plus facile de rendre quelqu’un d’autre responsable de vos difficultés que de vous regarder dans la glace et voir la poutre dans votre œil.
Où sont passés le fair-play, le principe de donner sa chance à chaque homme, de ne pas le frapper quand il est à terre ? N’est-ce pas ce qui fait de nous des Britanniques ? Ne devrions-nous pas en être fiers plutôt que de diffamer les pauvres types venus chercher refuge parmi nous ?
Il y a une raison qui fait que les jeunes idéalistes deviennent de vieux cyniques. C’est ce que l’on appelle l’expérience.
On dit que même la plus grande tapisserie peut se défaire à partir d’un fil tiré. Ce qui vaut pour les tapisseries vaut aussi pour les mensonges.