Besson, Philippe « Paris-Briançon » (2022) 202 pages

Besson, Philippe « Paris-Briançon » (2022) 202 pages

Auteur : Philippe Besson, né le 29 janvier 1967 à Barbezieux-Saint-Hilaire (Charente), est un écrivain, dramaturge et scénariste français, anciennement directeur des ressources humaines en entreprise. Il a été également critique littéraire et animateur de télévision. Il est devenu un des auteurs incontournables de sa génération.

Romans :
En l’absence des hommes, Son frère (adapté par le réalisateur Patrice Chéreau), L’Arrière-saison, Un garçon d’Italie, les jours fragiles, Un instant d’abandon, L’enfant d’octobre, Se résoudre aux adieux, Un homme accidentel, La Trahison de Thomas Spencer, Retour parmi les hommes , Une bonne raison de se tuer, De là, on voit la mer , La Maison atlantique, Un tango en bord de mer , Vivre vite, Les Passants de Lisbonne , Arrête avec tes mensonges ,  Un personnage de Roman, Un certain Paul Darrigrand, Dîner à Montréal, Le Dernier Enfant, Paris-Briançon, Ceci n’est pas un fait divers, Un soir d’été
S’affirmant aussi comme un scénariste original et très personnel, il a signé le scénario de Mourir d’aimer (2009), interprété par Muriel Robin, de La Mauvaise Rencontre (2010) avec Jeanne Moreau, du Raspoutine de Josée Dayan interprété par Gérard Depardieu, et de Nos retrouvailles (2012) avec Fanny Ardant et Charles Berling. Un homme accidentel sera prochainement adapté au cinéma. Un tango en bord de mer, sa première pièce en tant que dramaturge, a été jouée à Paris à l’automne 2014 et publiée parallèlement chez Julliard puis reprise à l’automne 2015 au Théâtre du Petit Montparnasse.

Julliard – 06.01.2022 – 202 pages / Pocket – 05.01.2023 – 208 pages 

Résumé:

Le temps d’une nuit à bord d’un train-couchettes, une dizaine de passagers, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, sans se douter que certains n’arriveront jamais à destination. Un roman aussi captivant qu’émouvant, qui dit l’importance de l’instant et la fragilité de nos vies. Lorsqu’ils montent à bord de l’Intercités n°5789, un des rares trains de nuit encore en activité, rien ne rapproche ces passagers qui se rendent dans les Hautes-Alpes. 

A la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Peu à peu, derrière les apparences, se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. 

Ils l’ignorent encore, mais au petit matin, certains d’entre eux trouveront la mort. L’essentiel réside dans ce qu’ils se seront dit cette nuit-là. Sans se départir de son aptitude à sonder la psychologie humaine, Philippe Besson nous livre un drame au suspense savamment dosé. Métaphore de la vie qui s’interrompt, ce roman de la fatalité nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Et, si l’issue en est toujours tragique, le chemin parcouru tisse l’histoire de nos existences. 

Ainsi, par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres de fortune, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.

Mon avis:

Attention au départ de l’Intercités de nuit no 5789 . Départ de Parie à 20h52 – Arrivée à Briançon à 8h18

Sont montés dans le train de nuit Alexis, un médecin généraliste dans la quarantaine, Victor, un joueur de hockey, moniteur de ski et guide de randonnée de 28 ans, Julia, une jeune mère de 34 ans avec ses deux enfants, Jean-Louis et Catherine, un couple de retraités, Serge, un VRP de 46 ans, et une bande de 5 jeunes de moins de 20 ans et bien entendu encore plus d’une centaine de passagers mais nous n’allons faire connaissance que de cette dizaine…

Dans les compartiments et dans le couloir, les contacts se nouent ; on discute, on se confie, on joue aux cartes… On se surprend aussi… Jeunes et moins jeunes se parlent, se trouvent des points communs… Ils confient ce qu’ils n’auraient jamais dit à des personnes qu’ils connaissent, se confient à des inconnus, se laissent aller, osent enfin…
Comme dans les autres romans que j’ai lu de cet auteur, on se sent mis à l’aise, il parle de sujets  de société importants sans être pesant mais avec délicatesse et empathie. Il parle d’homosexualité, de rapports humains, de rencontres,  des manquement de l’enfance, de la solitude, des relations de couple, des violences faites aux femmes, de l’amour, du mensonge, des non-dits, de la politique aussi.
Cela m’a replongé dans l’ambiance des trains de nuit de ma jeunesse.
J’ai passé un bon moment de lecture.

Extraits:

Souvent, la vie se décide sur presque rien, une rencontre, une opportunité, une paresse.

La nuit est tombée et il ne distingue que la silhouette répétitive et fuyante d’arbres, pas tous sortis de l’hiver, une route ponctuée de lampadaires, à peine éclairée par leur lumière jaune, puis des champs à perte de vue qui pourraient donner l’illusion que le train est un bateau progressant sur une mer calme.

C’est cela aussi, être un couple depuis longtemps, ne pas promettre ce qu’on ne peut pas tenir, et c’est cela prendre de l’âge, admettre ce contre quoi on ne peut pas lutter.

« Pardon, je gaffe tout le temps. »
Il est exact qu’on se moque souvent de ses bourdes, de sa gaucherie. Ça, également, lui vient de l’enfance. Quand on ne vous a pas appris l’assurance, les bévues ne sont pas rares. Et quand on vous a effrayé, dominé, vous risquez de perdre l’équilibre.
« Vous vous excusez tout le temps aussi. Deux pardons en vingt secondes, c’est beaucoup trop. »

Ceux qui vous racontent qu’on est un enfant-roi parce qu’on est un enfant seul se gourent. On est d’abord un enfant seul.

l’homme du train est un inconnu. Il est beaucoup plus facile de se confesser devant une personne qui ne sait rien de vous, qui ne vous jugera pas, qui n’osera pas, qui ne vous délivrera pas de conseils, qui ne s’y sentira pas autorisée, c’est comme parler au vent, ou parler à la mer du haut d’une falaise. 

Je ne sais pas si je sais. Je crois que je ne veux pas savoir.
L’aveu lui semble magnifique, parce qu’il est un aveu. Et terrible parce qu’il raconte une lutte terrible.

Le mensonge, parfois, est moins périlleux que la vérité nue. L’aveuglement, parfois, vaut mieux que la lumière crue. Les regrets sont moins corrosifs que les remords. Les accommodements moins coûteux que les bravades.

Époque vulgaire, où plus rien n’est privé, où tout est spectacle, et surtout la souffrance, surtout la désolation, où la décence pèse si peu devant la prétendue « priorité à l’information », où le goût de l’immédiateté prive de tout discernement, où les dommages collatéraux constituent un détail dérisoire.

2 Replies to “Besson, Philippe « Paris-Briançon » (2022) 202 pages”

  1. Beaucoup aimé ce roman . Une belle galerie de personnages et c’est une réflexion très sensible sur la nature humaine. Belle écriture aussi .

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