Perrin, Valérie « Trois » (2021) 768 pages

Perrin, Valérie « Trois » (2021) 768 pages

Auteure : Française, née à Gueugnon, 1967, Valérie Perrin est une photographe, scénariste et écrivaine. Elle travaille aux côtés de son mari, le réalisateur Claude Lelouch (1937).
Son premier roman, « Les oubliés du dimanche » (2015), a reçu de nombreux prix, dont celui de Lire Élire 2016 et de Poulet-Malassis 2016. En 2018, elle a reçu le prix Maison de la Presse pour son deuxième roman « Changer l’eau des fleurs » (Albin Michel, 2018). « Trois » parait en 2021 (Albin Michel) On suit l’histoire de trois amis d’enfance, des années 80 aux années 2000, sur fond de chansons du groupe Indochine.

Albin Michel – 31/03/2021 – 672 pages / Livre de poche – 30.03.2022 – 768 pages

Résumé :

1986. Adrien, Etienne et Nina se rencontrent en CM2. Très vite, ils deviennent fusionnels et une promesse les unit : quitter leur province pour vivre à Paris et ne jamais se séparer. 2017. Une voiture est découverte au fond d’un lac dans le hameau où ils ont grandi. Virginie, journaliste au passé énigmatique, couvre l’événement. Peu à peu, elle dévoile les liens extraordinaires qui unissent ces trois amis d’enfance. 

Que sont-ils devenus ? Quel rapport entre cette épave et leur histoire d’amitié ?

Mon avis: C’est le troisième roman de cette autrice que je lis et mon intérêt va en déclinant. J’avais beaucoup aimé le premier, moins le deuxième et là j’ai trouvé loooong… et comme en plus il fait 768 pages… Je me suis souvent ennuyée, je n’ai pas eu le petit coup de coeur pour les personnages… Alors certes la partie sur le refuge pour animaux m’a émue, j’ai bien aimé les références aux années jeunesse avec l’époque des slow, des musiques qui me sont familières.. mais… c’est un peu light pour garder l’enthousiasme pendant toutes ces pages…
Il y a beaucoup de problèmes qui sont traités, comme l’abandon ( des enfants et des animaux), la mort, le deuil, la jalousie, la maltraitance (des femmes et des animaux), les relations sociales et familiales, la sexualité, la maladie, la fin de vie, le harcèlement, la transidentité, peut-être trop de sujets concentrés sur peu de personnages qui donnent une impression de trop-plein…
Oui c’est sympa ces années pendant lesquels le trio grandit en symbiose, cette amitié qui fait des trois jeunes plus une fratrie qu’une amitié… mais c’est toujours pareil.. Si je ne m’attache pas aux personnages… c’est raté…
Nettement pas un coup de coeur… heureusement que cela se lit vite…

Extraits: 

Il y a les souvenirs, le présent et nos vies d’avant qui changent de parfum. Quand on change de vie, on change de parfum.
L’enfance a celui du goudron, d’une chambre à air et de la barbe à papa, du désinfectant des salles de classe, des feux de cheminée qu’exhale l’haleine des maisons les jours de froid, du chlore des piscines municipales, de la transpiration accrochée aux survêtements dans les rangs deux par deux en revenant de la gym, des Malabar roses dans la bouche, de la colle qui fait des fils sur les doigts, des Carambar coincés entre les dents, d’un sapin de Noël planté dans le cœur.
L’adolescence a l’odeur d’une première taffe, d’un déodorant musqué, d’une tartine beurrée dans un bol de chocolat chaud, du whisky-Coca et des caves transformées en salles de bal, du corps qui désire, de l’Eau précieuse, du gel pour les cheveux, du shampoing aux œufs, du rouge à lèvres, des effluves de lessive sur un jean.

À La Comelle, on ne se mélangeait pas. Les serviettes restaient avec les serviettes et les torchons avec les torchons. On respectait les ouvriers, moins les contremaîtres. Les fils de cadres étaient mal perçus, l’aisance et la richesse presque suspectes.

Ils ont des phrases et des réflexes de vieux couple, sont jaloux si l’un des trois regarde quelqu’un ailleurs, mais pas dans la séduction.

Au refuge, à chaque fois qu’un chat ou un chien est placé, chacun trimballe une fête silencieuse au fond de lui. Les jours d’adoption sont particuliers. Un œil pleure l’animal auquel on s’est forcément attaché et qu’on ne reverra plus, et l’autre sourit parce que son abandon prend fin. C’en est fini de celui-là. C’est grâce à ces soulagements qu’on tient le coup, ce Tetris de la vie.

dans la vie, il y a ceux qui restent et ceux qui partent. Et puis il y a ceux qui abandonnent.

Au loin, une ligne bleue. La mer, c’est le ciel qui se serait assis par terre.

Mon corps est mort depuis des années. Une peau qu’on ne touche plus, ça meurt. Un corps qu’on ne regarde jamais, il est en hiver. Des couches de froid se superposent. Des neiges éternelles. Il n’a plus d’autres saisons. Plus de désir. Plus d’espoir de retour. Il est figé dans le passé, fixé quelque part. J’ignore où. Il a peur. J’ai peur. Mon corps n’a plus de présent. J’aimerais faire l’amour. J’aimerais savoir s’il a tout oublié. S’il sait encore quelque chose. Vous me plaisez. Et moi, je vous plais ?

« Papy, pourquoi tu m’appelles “mon petit”, je suis une fille. » Il avait répondu : « Le cœur est au masculin. Et toi, tu es mon petit cœur. »

Elle a toujours eu cette faculté de fermer son regard comme on ferme des volets pour ne rien laisser transparaître.

Quand sa tête lui dicte qu’il est l’heure de se lever, quelque chose en lui refuse, son corps l’en empêche. Envie de replonger dans un sommeil immédiat. Fuir les matins, fuir les jours. Continuer à rêver un peu. Se réveiller, c’est rentrer chez soi. Et lui n’en a pas la force.

Je crois que dans tout roman il y a certaines vérités, des racines qui se nourrissent du réel, et que dans les autobiographies il y a beaucoup de mensonges.

Il y a des livres que l’on rate, comme certaines rencontres, on passe à côté d’histoires et de gens qui auraient pu tout changer. À cause d’un malentendu, d’une couverture, ou d’un résumé passable, d’un a priori. Heureusement que parfois la vie insiste.

La timidité est un sac dans lequel on fourre tout pour ne pas se poser de questions.

Les romans, ça sert à écrire ce qu’on est incapable de faire dans la vraie vie.

Combien de fois cela nous arrive-t-il de fermer les yeux ? pense Gé. Un enfant qui pleure trop souvent, un voisin violent, une vieille dame seule que l’on connaît de vue ou un animal maltraité… et au lieu d’agir, de s’en mêler, on fait ses valises. Pour ne plus voir. Ni rien ressentir.

Dès qu’on libère des adultes qui ont été mômes ensemble, l’enfance remonte à la surface.

Les souvenirs, c’est comme les armoires, on finit par se débarrasser de ce qu’il y a dedans.

2 Replies to “Perrin, Valérie « Trois » (2021) 768 pages”

  1. J’ai bien aimé cette histoire qui commence à l’enfance.
    Et surprise sur la fin de comprendre qui était Stéphanie : je ne l’avais pas vu venir ! Du coup ça a été un sujet de discussion avec les personnes de mon entourage qui ont lu le livre : qui avait compris et à quel moment…
    Un pavé qui se lit facilement. Il était dans ma valise l’été dernier et j’en ai été contente.

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