Nothomb, Amelie «Psychopompe » (2023) 160 pages

Nothomb, Amelie «Psychopompe » (2023) 160 pages

Auteur : nom de plume de la baronne Fabienne Claire Nothomb, née le 9 juillet 1966 à Etterbeek (Région de Bruxelles-Capitale, est une romancière belge d’expression française. Auteur prolifique, elle publie un ouvrage par an depuis son premier roman, Hygiène de l’assassin (1992). Ses romans font partie des meilleures ventes littéraires et certains sont traduits en plusieurs langues. Ce succès lui vaut d’avoir été nommée commandeur de l’ordre de la Couronne et d’avoir reçu du roi Philippe le titre personnel de baronne. Son roman Stupeur et Tremblements a remporté en 1999 le Grand prix du roman de l’Académie française. En 2015, elle est élue membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle a reçu, entre autres, le prix Chardonne, le prix de Flore, et le Grand prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre.

Chroniques : – Pétronille » (08/2014) –  « Le crime du comte Neville » (2015) –  «Riquet à la houppe» (08/2016) –  «Frappe-toi le cœur» (RL2017) –  « Les prénoms épicènes » (RL2018) – «Soif» (RL2019) – « Les Aérostats » (RL2020) – « Premier sang » (RL2021) – « Le livre des sœurs » (RL2022) – « Psychopompe » (RL2023) – « Impossible retour » (RL2024) – 

Albin-Michel – 23.08.2023 – 156 pages / Le Livre de Poche – 02.01.2025 – 160 pages

Résumé:
 » Ecrire, c’est voler »  

Mon avis:

Toujours le suspense pour moi que la lecture de l’autrice belge. Parfois j’aime et parfois je passe totalement à coté. En règle générale je n’accroche pas quand elle écrit sur sa jeunesse et parle d’elle dans ses livres autobiographiques, bien qu’il y ait eu quelques exceptions…
Ici la magie n’a pas fonctionné. Certes l’écriture est belle mais … il n’y a pas à dire, je préfère ces livres qui tirent sur le roman et le conte et qui ne me rapportent pas ses réflexions sur sa vie et celle de sa famille…
Tout commençait pourtant si bien avec le conte traditionnel japonais… légende et poésie des mots…
Et puis on a suivi les changements de poste de son père et je sais maintenant quelles sont les types d’oiseaux que l’on peut voir au Japon, en Chine, au Bangladesh, à New York, en Birmanie, au Laos et j’en passe… … C’est surement très interessant du point de vue ornithologique mais… et après?
Elle se sent oiseau psychopompe, elle vole entre vie et mort, sorte d’oiseau bâ égyptien… mais franchement faut qu’elle apprenne sacrément à voler pour rejoindre l’oiseau bâ… 

Alors oui je comprends cette importance du lien avec les disparus, mais delà à se prendre pour Jésus ou le Saint Esprit… et pire de vouloir parler pour et à la place des morts … Et là elle fait en plus parler les morts (son père) qui lui raconte ce qu’il ne lui avait jamais dit dans le passé…

Alors c’est fantastique qu’elle ressente quand les gens ont réussi leur passage vers l’au-delà, mais c’est comme la vie après la mort… je n’y crois pas… Quant aux lumières qui s’allument et s’éteignent pour signifier que Papa donne son accord… désolée mais je ne crois pas aux tables qui tournent et aux signes … Pas plus que je crois qu’il y ait un comportement des êtres après la mort… ni qu’ils changent une fois morts…
Se sentir oiseau, pouvoir s’envoler… c’est certainement un sentiment fantastique…
Associer le vol, l’oiseau, l’envol et la plume littéraire… Alors oui… je veux bien que l’on écrive avec une plume et que cela ne garantissent pas l’envol des manuscrits vers le succès…
 Et la phrase « C’était sûrement le cas de mon père, il n’avait pas besoin de moi pour réussir sa mort, mais j’ose affirmer que j’ai contribué à faire d’elle un chef-d’œuvre. »  me hérisse… 

Maintenant que les vivants veuillent faire parler le passé et le modifier, ça je le crois volontiers… Mais çà c’est ce que je pense moi…
Alors désolée de le dire comme ça… elle  m’a carrément pompée.. psychologiquement…

Extraits:

Mais Mao avait lancé l’une de ses grandes opérations, qui consistait à rendre l’oiseau responsable des famines et autres nuisances. Chaque Chinois devait massacrer les oiseaux qui étaient à sa portée, et même les autres. Cette action fut un succès d’autant plus considérable que celui qui brandissait, devant le commissaire du peuple, le plus de dépouilles aviaires recevait louanges et faveurs.

La Chine ne tarda pas à devenir un désert d’oiseaux. Il fallut beaucoup de temps au Grand Timonier pour remarquer les conséquences catastrophiques de cette disparition pour l’écologie et l’économie du pays. 

Un amour qui se vit par l’observation, a fortiori par l’observation d’une espèce à ce point mobile, influe sur le caractère. La contemplation perpétuelle d’un être furtif m’enseigna l’art d’aimer l’insaisissable. On s’étonne de la fidélité amoureuse des oiseaux. Elle est pourtant très naturelle chez les individus à qui la notion de possession est étrangère.

Quand on se réveille tôt, on a l’état d’esprit qu’il faut. On est seul et on peut s’adonner à ce mystérieux saut dans le vide. On a saisi le principe : le vol consiste à créer une tension et à la résoudre. À chaque instant. Si la résolution ne suscite pas de jouissance, elle n’est pas résolution : on s’effondre aussitôt.

L’écriture comporte l’énorme péril de la chute, parce qu’elle est un vol. Cocteau définissant le concept de ligne s’en rapproche : le funambulisme est une étape vers l’envol. Il y est question d’un équilibre si précis qu’on s’écroule au moindre doute.

Les navigateurs du passé guettaient avidement le premier oiseau, qui leur signalerait le succès d’une traversée. Le psychopompe, ce n’est pas autre chose.

J’avais aimé mon père vivant avec politesse, en lui mentant chaque fois qu’il fallait : souvent. Désormais, l’aimer avec politesse n’impliquait plus aucun mensonge, ce qui n’entraînait d’ailleurs de ma part aucune confession, tant je sentais ce père, autrefois distant, en proximité absolue. 

En déclarant « Je t’aime » à mon père, non seulement je lui faisais découvrir l’effet que cela faisait de se l’entendre dire, mais en plus je saisissais une prérogative masculine.

Ce n’est pas un hasard s’il a éprouvé un si profond coup de foudre pour le Japon, qui le lui a bien rendu. Si la réincarnation n’est pas un vain mot, il avait dû être un shogun : il en avait la puissante majesté, la cruauté polie, la sévérité pleine de bonhomie.

One Reply to “Nothomb, Amelie «Psychopompe » (2023) 160 pages”

  1. “Alors désolée de le dire comme ça… elle m’a carrément pompée.. psychologiquement…“
    Oufti Sœurette !
    Cet opus d’Amélie Nothomb n’est pas encore arrivé sur ma PAL.
    J’hésitais… j’hésite, et j’hésiterai encore, sans doute 😉

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