Carrisi, Donato «Le tribunal des âmes» (2013)

Carrisi, Donato «Le tribunal des âmes» (2013)

L’auteur : Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur italien de thrillers le plus lu dans le monde. Le Chuchoteur, son premier roman, a été traduit dans vingt pays, a reçu quatre prix littéraires en Italie. Lauréat du prix SNCF du Polar européen et du prix des lecteurs du Livre de Poche dans la catégorie polar, il connaît un immense succès en France aux éditions Calmann-Lévy.
Série Mila Vasquez : Le ChuchoteurL’EcorchéeL’égaréeLe jeu du chuchoteur
Série
Marcus et Sandra : Le tribunal des âmes Malefico – Tenebra RomaAutres romans : La Femme aux fleurs de papierLa Fille dans le brouillard

Résumé : Rome, sa dolce vita, son Capitole, ses foules de pèlerins, ses hordes de touristes. Sa pluie battante, ses sombres ruelles, ses labyrinthes souterrains et ses meurtriers insaisissables. Marcus est un homme sans passé. Sa spécialité : analyser les scènes de crime pour déceler le mal partout où il se terre. Il y a un an, il a été grièvement blessé et a perdu la mémoire. Aujourd’hui, il est le seul à pouvoir élucider la disparition d’une jeune étudiante kidnappée. Sandra est enquêtrice photo pour la police scientifique. Elle aussi recueille les indices sur les lieux où la vie a dérapé. Il y a un an, son mari est tombé du haut d’un immeuble désaffecté. Elle n’a jamais cru à un accident. Leurs routes se croisent dans une église, devant un tableau du Caravage. Elles les mèneront à choisir entre la vengeance et le pardon, dans une ville qui bruisse encore de mille ans de crimes chuchotés au cœur du Vatican. À la frontière de la lumière et des ténèbres.

Mon avis : Alors j’ai commencé et plus lâché. Un thriller avec pour personnage, en plus d’une fliquette qui vient de perdre son mari, un prêtre romain. Ou plutôt du Vatican. Je n’avais jamais entendu parler de la “Pénitencerie” du Vatican , et du Tribunal des âmes qui se cache derrière. Un roman complexe, très bien mené, qui dévoile des réalités obscures et nous fait pénétrer un monde glauque et effrayant. Carrisi nous ouvre les portes du mal.. et je m’y suis engouffrée avec angoisse mais détermination… Un tout grand auteur de thrillers. J’avais beaucoup aimé son roman “La Femme aux fleurs de papier”, je découvre un autre registre qui me fascine tout autant.

Merci à Corinne de m’avoir poussé à découvrir cet auteur

Extraits :

C’était cela, son talent : voir ce que voyait l’intrus.

Le sucre est le meilleur endroit pour dissimuler un narcotique : il en masque la saveur et apporte la sécurité que la victime en absorbera régulièrement.

les maisons ne mentent jamais.

Quand ils parlent d’eux-mêmes, les gens s’entourent de superstructures auxquelles ils finissent par croire. Mais le lieu où ils ont choisi de vivre, inévitablement, dit tout d’eux.

les maisons meurent, comme les gens.

les maisons ont une odeur. Elle appartient à ceux qui y vivent, elle est toujours différente, unique. Quand les occupants changent, leur odeur s’évapore pour céder la place à une autre qui se forme avec le temps, intégrant d’autres parfums, chimiques ou naturels – assouplissant et café, manuels scolaires et plantes d’intérieur, nettoyant ménager et soupe au chou –, et devient celle de cette famille, des personnes qui la composent, qui la portent sur elles sans même la sentir.

Ici, le temps passait différemment. Il se dilatait au point de sembler absent.

Internet est comme l’esprit humain : un détail suffit pour réveiller une chaîne de synapses qui ramènent à la mémoire quelque chose qu’on croyait oublié.

il existe pire que l’indifférence à la douleur d’autrui : la banalité avec laquelle on cherche à la soulager.

Quand le présent est si intense, le passé est inutile. Elle n’imaginait pas qu’accumuler les souvenirs lui servirait un jour à survivre.

Les détails apparurent un à un, comme une épave qui émerge progressivement des abysses où elle a passé des décennies dans l’obscurité absolue.

la douleur est la seule émotion humaine qui n’a pas besoin d’être reliée à un souvenir.

Les tueurs en série sont toujours mus par une crise d’identité : au moment où ils tuent, ils se regardent dans la victime et se reconnaissent, ils n’ont plus besoin de faire semblant.

On a tendance à oublier que les monstres ont été des enfants, constata Marcus. Nous gardons tous certaines choses de l’enfance. Mais d’où vient le besoin de tuer ?

 La souffrance a des effets étranges. Elle affaiblit, elle fragilise, mais en même temps elle renforce une volonté qu’on croyait pouvoir tenir à distance. Le désir d’infliger la même douleur aux autres. Comme si la vengeance était le seul remède pour calmer la sienne.

il n’y avait jamais de certitudes, mais des doutes qui s’ajoutent à des questions.

la solitude avait constitué un refuge précieux. Ce n’était pas un état, c’était un lieu. L’endroit où elle continuait à parler avec lui, sans pour autant se sentir folle

Le silence sait être hostile. Si on n’apprend pas à le tenir à distance, il s’insinue dans la première faille de la relation, il la remplit et l’élargit. Avec le temps, il crée une distance sans qu’on s’en aperçoive.

— Je vous l’ai dit, je n’aime pas les mensonges.
— Vous craigniez que je ne vous dise pas la vérité ?
— Les questions offrent un prétexte aux menteurs. Si vous aviez quelque chose à me dire, vous me l’auriez dit.

La différence était dans ce « encore ». Ce mot contenait le piège du temps.

Elle avait peur de l’oublier, elle s’accrochait désespérément aux souvenirs.

Certains objets relient les morts au monde des vivants. Il suffit de les trouver et de les libérer.

La mort prenait les souvenirs, même les plus beaux, et les inséminait avec la douleur, rendant tout rappel insupportable. La mort maîtrisait le passé. Le doute était pire, parce qu’il s’emparait du futur.

Ils n’avaient pas transformé le mal reçu en mal à rendre.

Mais le doute fait croire n’importe quoi. Ce silence est insupportable. On veut juste qu’il cesse. Personne d’autre ne peut l’entendre, mais pour nous c’est une torture, on en perd la tête.

Pour reconnaître le mal, il faut l’avoir à l’intérieur. Tu es comme moi. Regarde à l’intérieur de toi, tu comprendras.

à la frontière entre le bien et le mal, il y a toujours un miroir. Si tu t’y regardes, tu découvriras la vérité.

Quand on n’a plus de ressources propres, tout ce qui reste est la foi en un Dieu en qui on ne croit pas.

Le vrai danger n’est pas les ténèbres mais l’état intermédiaire, là où la lumière devient trompeuse. Où le bien et le mal se confondent, où on ne peut plus les distinguer.
Le mal ne se cache pas dans l’obscurité. Il est dans l’ombre.
C’est là qu’il peut fausser les choses. Les monstres n’existent pas. Ce ne sont que des gens normaux qui commettent des crimes horribles.

image : « Le Caravage »

2 Replies to “Carrisi, Donato «Le tribunal des âmes» (2013)”

  1. J’ ai à lire « la dame aux fleurs de papier  » sur tes conseils Catherine .Je viens de finir « La scribe « d’ Antonio Garrido ,je l’ai trouvé très bien ,il m’a réconcilié avec l’époque de Charlemagne !

  2. Tu comprends mieux pourquoi j’ai tout lâché pour me plonger dans « Malefico » (la suite du Tribunal des âmes) dès sa sortie.

    J’ai découvert Carrisi fin de l’année passée et je suis fan.

    Et si tu veux du glauque, essaie Le Chuchoteur. Brrrr !

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