Gimenez-Bartlett, Alicia « Des serpents au paradis» (2007) 332 pages Série Petra Delicado – tome 5
Autrice: Alicia Gimenez-Bartlett née le 10 juin 1951 à Almansa, dans la province d’Albacete, est une romancière espagnole, notamment autrice de roman policier. Elle vit depuis 1975 à Barcelone. Diplômée de Littérature et de Philologie Moderne, elle a enseigné pendant treize ans la littérature espagnole. Avant d’obtenir en effet un énorme succès dans son pays avec les romans Rites de mort et Le jour des chiens elle a publié plusieurs livres : Una abitacion ajena, évoquant le rapport difficile entre Virginia Woolf et sa femme de chambre, lui a valu en 1997 le prix Feminino Lumen pour le meilleur écrivain espagnol féminin. En 2011, Alicia Giménez Bartlett remporte le Prix Nadal pour son roman historique Donde nadie te encuentre, qui évoque la vie de Teresa Pla Meseguer, surnommée La Pastora, une hermaphrodite humiliée par un lieutenant de la Guardia Civil en 1949 qui s’engagea ensuite dans la guérilla anti-franquiste.En 2015, elle obtient le prix Planeta pour Hombres desnudos, un roman sur la prostitution masculine
Après le succès de ses romans, elle a pu se consacrer complètement à l’écriture.
La série qui amant en scène l’inspectrice Petra Delicato, a eu un énorme succès et a fait l’objet d’une série télévisée. Elle est traduite en six langues.
Série Petra Delicado : Elle crée ainsi le personnage de Petra Delicado, une femme inspecteur de police, héroïne de plusieurs romans policiers. Cette série, qui obtient un vif succès, est traduite en plusieurs langues et lui vaut plusieurs distinctions, dont le Prix Raymond Chandler en 2008. En 1999, une série télévisée adapte les enquêtes de Petra Delicado et de son inséparable compagnon, Fermín Garzón.
La série : Rites de mort 2000 (Ritos de muerte (1996) – Le Jour des chiens 2002 (Día de perros (1997) – Les Messagers de la nuit 2003 (Mensajeros de la oscuridad (1999) – Meurtres sur papier 2004 (Muertos de papel (2000) – Des serpents au paradis 2007 (Serpientes en el paraíso (2002) – Un bateau plein de riz 2008 (Un barco cargado de arroz (2004) – Un vide à la place du cœur 2019 Nido vacío (2007) – Le Silence des cloîtres 2012 ( El silencio de los claustros (2009) – Personne ne veut savoir 2015 (Nadie quiere saber (2013) – Crímenes que no olvidaré (2015) – Mi querido asesino en serie (2017) – Sin muertos (2020)
Rivages – Rivages Noirs poche – 07.03.2007 – 332 pages (Serpientes en el paraíso (2002) traductrice : Alice Déon)
Résumé :
El paradis est une enclave résidentielle peuplée de yuppies trentenaires, un monde où tout semble parfait comme dans les magazines. Sauf qu’il y a quand même une vilaine tache dans le décor, sinon Petra Delicado ne serait pas là. Juan Luis Espinet, brillant avocat, mari séduisant et bon père de famille est retrouvé noyé dans la piscine de la résidence après une soirée bien arrosée. Partant du principe que personne n’est insoupçonnable, l’inspectrice Delicado et son adjoint Garzón vont arpenter la face cachée du paradis où tout n’est pas que luxe, calme et volupté. Avec cette cinquième enquête de son célèbre tandem, Alicia Giménez Bartlett plonge le lecteur dans une ambiance à la desperate housewives. Son ironie mordante n’épargne personne, mais le comique des situations n’exclut pas un regard lucide sur la vie et ses rendez-vous manqués.
Mon avis:
A peine rentrée de vacances, Petra est immédiatement appelée d’urgence au Commissariat! Le choc est rude.. entre la solitude au fin fond de la Suède et l’effervescence qui règne à Barcelone!
Entre la pagaille chez les Gitans avec un meurtre qui oppose des clans rivaux, un meurtre au « Paradis » – domaine résidentiel haut de gamme avec familles bien sous tous rapports en apparence – et la venue du Pape, le tout enjolivé par les aventures sentimentales de Fermín Garzón et cerise sur le gâteau, l’invention de la théorie de l’interaction vitale systémique que je vous invite à découvrir…
Dans le meurtre du Paradis, aucune piste.. juste une vague égratignure… Un paradis qui sous une apparence lisse et parfaite cache bien des secrets…
Ce qui est étrange dans ce tome c’est que Fermín est sorti de ses gonds, révolté et que Petra qui est normalement la survoltée de l’équipe, est plutôt style maternelle et à la limite regrette de ne pas avoir une vie de famille bien rangée…Heureusement elle a quand même ses coups de gueule légendaires… Et j’ai adoré la Petra anti-pape. Décidément ce duo Petra/Fermín est de plus en plus attachant! La relation amicale se développe de plus en plus, chacun avec son foutu caractère mais chacun prenant soin de l’autre et se préoccupant de son bien-être. Et toujours cet humour caustique. Malgré les états d’âme des uns et des autres, il n’y a pas de temps mort et l’enquête est passionnante et ne sera résolue qu’à la toute fin.
Je vais continuer à lire cette série.
Extraits:
Je me demande comment on peut vivre dans un endroit où il n’y a même pas un semblant de bar. Les bars sont le véritable foyer des gens ordinaires, inspectrice !
« La vie est plus complexe que le cinéma, Petra, plus monotone aussi, elle a tout ce qu’un bon réalisateur s’efforce de supprimer : les temps morts, les digressions, répétitions, retours en arrière…
— Comme une enquête.
Le premier pas vers la reconstruction de la réalité consiste à rompre l’apparence lisse et confortable d’une existence.
Loué soit le ciel ! J’avais réussi à le détendre, à lui arracher ce rire si typique chez lui, nonchalant, étouffé, qui lui secouait les épaules, un rire à mettre en branle les locomotives.
Je sortis un bloc de papier et commençai à écrire. On a les idées plus claires lorsqu’on écrit à la main que lorsqu’on se relit sur l’écran vacillant de ces fichus ordinateurs.
— Tout est une question de persévérance.
— Il arrive qu’on persévère dans l’erreur.
— Je n’ai pas une grande sympathie pour Freud ; seule l’Église catholique a plus empoisonné les femmes que la psychanalyse. »
Elle nous adressa un regard lointain. Seuls ses yeux disaient sa différence d’avec les autres. Un regard ni incongru ni perdu, mais innocent, neuf, pur, sans l’expérience ou le scepticisme d’une personne de son âge.
J’enfilai un énorme pull rapporté de Londres vingt ans plus ôt, que je garde plus pour les moments de découragement que de froid. Il me réchauffe et réconforte comme les bras d’une mère. Sa mission remplie, je le range dans le placard et l’oublie, chose qu’on peut rarement faire avec une mère.
Vivre dans des mondes opposés ne nous empêchait pas de reconnaître chez l’autre une battante, chose qui crée toujours un courant de solidarité.
Absurde et désespérant. La vie à « El Paradís », la vision de ces jeunes couples bien établis, avait réveillé en moi un curieux désir de normalité sociale, le type même de normalité que j’avais consciencieusement fui et méprisé ma vie entière. L’esprit est pervers et, tôt ou tard, l’on finit par regretter l’option écartée.