Gimenez-Bartlett, Alicia « Les Messagers de la nuit» (2003) 374 pages (Série Petra Delicado – tome 3)

Gimenez-Bartlett, Alicia « Les Messagers de la nuit» (2003) 374 pages (Série Petra Delicado – tome 3)

Autrice: Alicia Gimenez-Bartlett née le 10 juin 1951 à Almansa, dans la province d’Albacete, est une romancière espagnole, notamment autrice de roman policier. Elle vit depuis 1975 à Barcelone. Diplômée de Littérature et de Philologie Moderne, elle a enseigné pendant treize ans la littérature espagnole. Avant d’obtenir en effet un énorme succès dans son pays avec les romans Rites de mort et Le jour des chiens elle a publié plusieurs livres : Una abitacion ajena, évoquant le rapport difficile entre Virginia Woolf et sa femme de chambre, lui a valu en 1997 le prix Feminino Lumen pour le meilleur écrivain espagnol féminin. En 2011, Alicia Giménez Bartlett remporte le Prix Nadal pour son roman historique Donde nadie te encuentre, qui évoque la vie de Teresa Pla Meseguer, surnommée La Pastora, une hermaphrodite humiliée par un lieutenant de la Guardia Civil en 1949 qui s’engagea ensuite dans la guérilla anti-franquiste.En 2015, elle obtient le prix Planeta pour Hombres desnudos, un roman sur la prostitution masculine
Après le succès de ses romans, elle a pu se consacrer complètement à l’écriture.
La série qui amant en scène l’inspectrice Petra Delicato,  a eu un énorme succès et a fait l’objet d’une série télévisée. Elle est traduite en six langues.

Série Petra Delicado : Elle crée ainsi le personnage de Petra Delicado, une femme inspecteur de police, héroïne de plusieurs romans policiers. Cette série, qui obtient un vif succès, est traduite en plusieurs langues et lui vaut plusieurs distinctions, dont le Prix Raymond Chandler en 2008. En 1999, une série télévisée adapte les enquêtes de Petra Delicado et de son inséparable compagnon, Fermín Garzón.
La série :  Rites de mort 2000 (Ritos de muerte (1996) – Le Jour des chiens 2002 (Día de perros (1997) – Les Messagers de la nuit 2003 (Mensajeros de la oscuridad (1999) –  Meurtres sur papier 2004 (Muertos de papel (2000) – Des serpents au paradis 2007 (Serpientes en el paraíso (2002) – Un bateau plein de riz 2008 (Un barco cargado de arroz (2004) – Un vide à la place du cœur 2019 Nido vacío (2007) – Le Silence des cloîtres 2012 ( El silencio de los claustros (2009) – Personne ne veut savoir 2015 (Nadie quiere saber (2013) – Crímenes que no olvidaré (2015) – Mi querido asesino en serie (2017) – Sin muertos (2020)

Rivages – Rivages Noirs Poche– 22.02.2003 – 374 pages (traductrice : Marianne Million)

Résumé :

L’inspectrice Petra Delicado est devenue une sorte de célébrité depuis qu’elle est passée à la télévision pour témoigner de la féminisation des forces de police. Suite à l’émission, elle reçoit un volumineux courrier. Un jour arrive un petit paquet sans nom d’expéditeur. Quand elle l’ouvre, elle s’aperçoit avec horreur qu’il contient un pénis humain. Son supérieur, le commissaire Coronas, penche pour la thèse d’un fanatique cinglé aux pulsions exacerbées et décide de placer l’inspectrice sous protection.
Aidée de son adjoint Garzon, Petra va se lancer sur les traces du mystérieux expéditeur de ce colis macabre et ira de surprise en surprise. Dans cette troisième aventure qui conduira Petra Delicado jusqu’à Moscou, Alicia Gimenez Bartlett poursuit les aventures de son inénarrable tandem et, en dépit de la noirceur du sujet, ne se départit pas de son sens de l’humour.
Avertissement : Tous les thèmes développés dans ce roman, aussi invraisemblables semblent-ils, reflètent la réalité la plus absolue. La réalité dépasse toujours la fiction.

Mon avis: 

Le duo improbable que forment l’inspectrice Petra Delicado et son adjoint Garzón est toujours aussi jubilatoire. On a aussi le plaisir de voir le Commissaire Coronas s’impliquer un peu plus dans l’enquête. Mais c’est surtout le duo qui est important, avec Garzón qui est devenu proche de l’ex-mari de Petra et qui l’entraine dès qu’il en a l’occasion dans le restaurant de ce dernier.
Cette enquête scabreuse va nous entrainer dans un environnement très spécial et dangereux. Mais il y a toujours l’humour de notre tandem pour détoxiquer l’ambiance, que ce soit en Espagne ou à l’étranger, lors de leur voyage à Moscou… Incroyable le nombre de chansons à boire que Garzón peut connaitre avec pour principal sujet « les bites »…
Une fois encore beaucoup de plaisir que j’ai suivi nos inspecteurs jusqu’au bout du suspense dans une aventure qui n’est pas sans dangers, qui est pleine de rebondissements et qui parle de sujets d’actualité : religion, sectes, mafia, …

Extraits:

Je sais, mais si à quarante ans on ne s’est pas réconcilié avec ses extravagances, c’est que les autres ont réussi à diluer votre cerveau dans la médiocrité, et je gardais l’espoir que tel ne fut pas le cas.

Cela arrive toujours avec les affaires qui déclenchent une fièvre investigatrice : on commence comme s’il s’agissait d’une étape ordinaire et soudain quelque chose se détache, une sorte de virus, une étincelle dont l’intensité finit par vous embraser de la tête aux pieds, en vous consumant.

Il s’ennuyait de façon démesurée, comme une bête, un malheureux animal condamné à la cellule d’un zoo alors qu’il ne rêve que de savanes infinies. Une vie routinière avait fini par faire de lui un homme assoiffé de sensations, à l’approche de la retraite. Aussi, après avoir goûté au miel du mystère, rechignait-il à revenir au vulgaire potage du menu traditionnel. 

Pourquoi voudrait-elle aller au bout de ses sentiments, puisqu’ils sont presque toujours douloureux ?

Je réfléchissais. Au passé, à la fugacité des amours et des passions. Ma vie défila un instant dans mes pensées, ce qui est dévastateur. Mais aurait-il pu en être autrement ? Oui, comme pour toute chose, ma vie aurait pu être différente, voire opposée. Même si cela n’avait pas d’importance, il y a toujours des faits qui vous poussent à changer et chaque changement est vécu comme une perte. Vivre est une perte continuelle, avant de tout perdre au final.

Dans le couloir, je pus voir ce qu’était un homme qui se consume. Mon collègue fumait littéralement. Les vapeurs de l’intrigue lui sortaient par les oreilles, il mordait le filtre de sa cigarette en se tachant les lèvres de nicotine et déambulait à grands pas furibonds et inutiles. 

Toutes les choses ne sont pas affectées à l’usage pour lequel elles ont été conçues. C’est comme lorsqu’on monte sur une chaise pour arriver à une certaine hauteur et atteindre un livre sur une étagère supérieure. Et pourtant les chaises ne sont pas des échelles, n’est-ce pas ?
Je lui demandai une explication, ce qui lui permettrait d’exercer au mieux son art dévoyé de la parabole.

— Écoutez, la nécessité de se sentir attiré ou d’attirer, on la porte en soi. De temps en temps, on éprouve une urgence à la voir resurgir, alors il est plus facile de regarder en arrière, si c’est possible. Mais ce retour en arrière se résume à une affaire de commodité, c’est un mirage qu’il faut fuir.

— J’aime beaucoup quand vous échafaudez des théories, mais je ne crois pas que vous ayez raison. J’ai la mienne ; je pense que nous abandonnons dans le passé de petits morceaux de notre cœur qu’il est beau de récupérer.

— Oui, s’ennuyer en compagnie pendant de longues années finit par rapprocher. C’est comme le mariage.

Durant sa vie de policier, il avait dû affronter la cruauté, la vengeance, l’ambition, mais le don gratuit de l’âme était une chose inédite pour lui. Il avait raison, il est dur d’admettre que notre ennemi le plus irrationnel peut résider en nous. 

Information :

J’ai découvert qu’il existe à Husavik, en Islande un Musée du Phallus…

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