Dos Santos, José Rodrigues «Furie Divine» (2016)

Dos Santos, José Rodrigues «Furie Divine» (2016)

Dos Santos, José Rodrigues «Furie Divine» (2016)

L’auteur : Journaliste, reporter de guerre, présentateur vedette du journal de 20h au Portugal, José Rodrigues dos Santos est l’un des plus grands auteurs européens de thrillers historiques, plusieurs fois primé.  La Formule de Dieu (2012), traduit dans plus de 17 langues et en cours d’adaptation au cinéma, L’Ultime Secret du Christ (2013), La Clé de Salomon (2014) – suite de La Formule de Dieu –, Codex 632 (2015) ,  Furie divine (2016), Vaticanum (2017), Signe de vie (2018), Immortel (RL2020). (HC Éditions). En 2019 il publie « L’homme de Constantinople »  suivi de « Un millionnaire à Lisbonne» (2020)  

HC Editions – 4.05.2016 – 542 pages /Pocket – 27.04.2017 – 627 pages – (Paru en 2009 au Portugal)

Suite des aventures de Tomás Noronha (5ème enquête)

Résumé : Mayak, complexe nucléaire en Russie. Au coeur de la nuit, un commando tchétchène fait irruption dans l’un des entrepôts du site et s’enfuit avec deux cargaisons d’Uranium hautement enrichi. Le nouveau cauchemar de l’Humanité commence. Tomás Noronha est en vacances aux Açores lorsque Frank Bellamy, directeur des Sciences et de la Technologie de la CIA, prend contact avec lui. Le jeune et talentueux cryptologue portugais doit les aider à déchiffrer un message d’Al Qaïda qu’ils ont intercepté et qui pourrait être une menace planétaire.

Quarante ans plus tôt, en Égypte, Ahmed est un jeune garçon pieux et particulièrement brillant. Il a 7 ans lorsqu’il est présenté au cheik Saad qui lui enseignera le Coran et les fondements d’un Islam modéré et pacifique. Ahmed grandit, il étudie dans l’une des plus grandes universités islamiques du Caire et se lie d’amitié avec un professeur charismatique qui lui présente un autre Islam, celui du Djihad et de la guerre contre les infidèles.

Le petit garçon est devenu un jeune homme. Son âme reste partagée entre les discours de ses deux maîtres spirituels, jusqu’au jour où il décide de prendre le chemin de la radicalisation. Un chemin qui va le conduire bien loin…

Mon avis : J’ai repris avec grand interet la suite des aventures de ce cher Professeur Noronha. Ecrit avant la grande vague d’attentats actuelle en Europe (la version originale est sortie en 2009 ) et les livres qui sortent actuellement sur le sujet ( Pascal Manoukian, Yasmina Khadra…)  les cibles ont changé ; ce n’est plus  Al-Qaïda ou Ben Laden mais maintenant la menace provient de l’Etat islamique, de Daesch, et l’attentat nucléaire est plus que plausible…

Tout en étant un roman, ce livre explique la religion de l’Islam et ses différents courants ( le soufisme… ), les rouages de l’endoctrinement des jeunes en Egypte de manière approfondie. J’ai appris beaucoup de choses. Alors oui, il est étiqueté « Thriller historique » mais il va beaucoup plus loin.

Ahmed, que l’on suit depuis l’enfance est à la fois attachant dans sa dérive et sa quête de vérité, même si sa vérité est loin d’être la bonne et extrêmement insupportable ; c’est l’archétype du « radicalisable » qui cherche un sens à sa vie et tombe sous l’emprise de la mauvaise personne. On suivra Ahmed en Afghanistan, dans les camps de moudjahidines, dans la réalisation de son destin. La radicalisation est au centre du roman, la radicalisation en milieu carcéral est très bien expliquée. La manipulation est présente et sa perversité suinte par toutes les lignes. Les relations professeur/élève dans des contextes bien différents sont au centre de l’histoire: Ahmed et son mentor, Ayman, au Caire et Tomás Noronha au Portugal.

Mais je ne vous en dis pas plus. C’est à la fois un roman, un approfondissement des connaissances sur la religion musulmane, les différents courants, le monde de la radicalisation et une enquête pour faire déjouer un attentat.

Dos Santos a une fois de plus l’art et la manière de vous captiver et comme il n’y avait pas trop de sujets scientifiques, j’ai pu tout comprendre ! Extrêmement bien documenté comme les précédents tomes. Ca fait froid dans le dos.

 

Extraits :

Tous les élèves savaient que la charia était la loi de l’islam, l’umma, la communauté universelle islamique et les kafirun, pluriel de kafir, les infidèles.

Croire que l’inventeur de la bombe atomique peut garder le secret de sa fabrication, c’est comme croire que celui qui a inventé la roue pouvait garder son invention secrète. En réalité, la boîte de Pandore était ouverte. C’était le début de l’ère nucléaire et il était impossible de revenir en arrière.

N’oublions pas que la bombe atomique est l’arme la moins chère jamais inventée si l’on rapporte son coût à son pouvoir de destruction.

Les fondamentalistes musulmans n’ont pas de quartier général, ils ne possèdent pas de ville ni de pays. En réalité, ils n’ont aucune adresse à laquelle nous puissions envoyer notre réponse. Avec les terroristes, la menace des représailles ne marche pas.

La seule faiblesse psychologique qu’on rencontre fréquemment chez presque tous les terroristes c’est un fort complexe d’infériorité. Ils supportent mal la domination intellectuelle, culturelle et technologique de l’Occident. Comme ils ne parviennent pas à l’égaler, ils se sentent complexés et, partant, rejettent l’Occident et s’accrochent à la religion, qu’ils considèrent supérieure à tout.

Al-Qaïda considère que tous les territoires qui ont été musulmans doivent le redevenir. Ben Laden veut récupérer Al-Andalus pour l’intégrer au grand califat.

La nuit, Venise avait quelque chose d’irréel, de merveilleux. La lumière pâle des lampadaires caressait timidement les façades colorées de blanc, d’ocre, de rose.

Des soufis, dites-vous ?
– Oui. C’est le courant le plus pacifique de l’islam, avec les ismaéliens. Les soufis vivent en paix et en harmonie. Pour eux, le djihad est un concept qui renvoie à la lutte de l’esprit pour atteindre la perfection, ce n’est pas nécessairement la guerre ni les massacres.

Il se mit à marcher les yeux baissés, comme le faisaient les croyants les plus pieux, de façon à éviter le regard des autres.

Allah ! Il n’y a qu’une autorité sur terre : Allah ! Il n’y a qu’une loi : la charia ! Mais ici, en Égypte, et dans les pays qui se réclament de l’islam, l’autorité est celle du gouvernement et la loi en vigueur est la loi de ce gouvernement. Et moi je demande : c’est ça, l’islam ? Bien sûr que non ! Bien sûr que non !

Dire qu’un croyant peut être démocrate, cela revient à dire qu’un croyant peut être polythéiste. Ce sont deux choses contradictoires, c’est comme si on voulait mélanger l’huile et l’eau ! La démocratie prévoit la liberté de religion, notamment le droit de changer de religion, mais ça c’est contraire à l’islam, comme tu le sais !

Comment cela pourrait-il être compatible avec la liberté de religion ? La démocratie prévoit également la liberté d’expression, ce qui signifie qu’on peut même critiquer Allah et Ses décisions. Or l’islam interdit expressément une telle chose.

Ce que personne ne dit, c’est que le soufisme est un mouvement mystique islamique très minoritaire et fortement influencé par le christianisme.

Souvenez-vous que les fondamentalistes n’inventent rien. Ils se contentent d’exécuter à la lettre les ordres du Coran et de suivre l’exemple du Prophète.

Djihad.
En bon musulman connaissant l’arabe, Ahmed savait très bien ce qu’il signifiait. L’origine du terme était juhd, c’est-à-dire effort, lutte, tentative, combat. Son sens exact découlait naturellement du contexte.

il existe trois catégories de djihads : le djihad de l’âme, le djihad contre Satan et le djihad contre les kafirun et les hypocrites..

Nous autres, Occidentaux, nous envisageons l’histoire comme quelque chose qui est déjà passé et qui ne doit pas nous conditionner.

– C’est ça, je vous vois venir, vous tâtez le terrain !
– Hélas, c’est bien la seule chose que j’ai tâtée jusqu’à présent…

la ressemblance inattendue entre le mot pakistanais kameez et le portugais camisa, signifiant chemise. Soit Vasco de Gama avait introduit le terme portugais dans le sous-continent indien, soit il avait rapporté le mot ourdou avec lui au Portugal.

les États-Unis s’étant révélés plus puissants que tous les autres pays musulmans réunis sur les plans économique, culturel, politique et militaire, ils humilient l’islam parce qu’ils sont la preuve qu’un pays régi par les lois des hommes est plus fort que de nombreux pays qui obéissent aux lois de Dieu. C’est insupportable pour bon nombre de musulmans en général, et pour les fondamentalistes en particulier.

2 Replies to “Dos Santos, José Rodrigues «Furie Divine» (2016)”

  1. Je viens de finir ce roman et je l’ai trouvé passionnant. C’est un thriller très brillant qui ne se lâche pas mais c’est beaucoup plus que ça car, plus encore que la fiction ,c’est la réalité qui est derrière qui est intéressante : c’est très instructif et j’y ai appris énormément de choses sur la doctrine qui nourrit le fondamentalisme islamique et le mécanisme de radicalisation. On est loin des clichés et des simplismes et cela fait effectivement froid dans le dos .
    Dos Santos s’est aussi beaucoup documenté sur les cargaisons nucléaires russes « égarées » et c’est sûr qu’on a du souci à se faire . L’apocalypse est probablement déjà en route.
    Je vais lire d’autres Dos Santos .

  2. J’ai lu ce livre quand tu en as parlé. Il était sur ma liste depuis un bon moment mais il se faisait toujours griller la politesse par un nouveau venu. Je te conseille de lire les autres.; on apprends toujours beaucoup en plus se suivre l’enquête. J’en suis au 5ème ( les 4 précédents sont commentés sur le blog – il n’y a qu’à cliquer sur les titres) et je vais me procurer prochainement le suivant sur la liste

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