Desjours, Ingrid «Echo» (2009)
Auteur : Ingrid Desjours est psychocriminologue. Après avoir exercé de nombreuses années auprès de criminels sexuels en Belgique, elle décide en 2007 de se retirer en Irlande pour écrire son premier thriller. Depuis, elle se consacre entièrement à l’écriture de romans et de scénarios pour des séries télévisées. Les nombreux psychopathes qu’elle a profilés et expertisés l’inspirent aujourd’hui encore. Outre ses tableaux cliniques pertinents, l’auteur excelle dans l’art de lever le voile sur la psychologie humaine et de faire ressentir au lecteur ce que vivent ses personnages, pour le meilleur et surtout pour le pire? Ses quatre premiers romans, Écho (2009), Potens (2010), Sa vie dans les yeux d’une poupée (2013) et Tout pour plaire (2014) ont été plébiscités tant par le public que par les libraires. Consécration : Tout pour plaire est en cours de développement pour une série TV par Arte. Elle a également animé l’écriture de Connexions, un polar interactif édité en partenariat avec l’émission « Au Field de la nuit » (TF1). Les Fauves (2015) ouvre la nouvelle collection de polars et thrillers des éditions Robert Laffont : « La Bête noire. » «La prunelle de ses yeux» est sorti en 2016. Ingrid Desjours publie également chez le même éditeur des sagas fantastiques chez Robert Laffont sous le pseudonyme de Myra Eljundir : la trilogie Kaleb ainsi que Après nous, dont le premier tome est paru en mai 2016. Elle vit actuellement à Paris.
Résumé : Edité chez Plon (320 pages) et chez Pocket (2010)
Profiler chargée d’élucider la mort de deux vedettes du PAF, Garance Hermosa devine peu à peu que, loin d’être un tueur ordinaire, son adversaire a toutes les caractéristiques du mal absolu.
« Pervers polymorphe insaisissable, caméléon génial se métamorphosant à l’infini pour coller à un environnement en sables mouvants, je traque, j’épuise, je flatte et je frappe. »
Le star-system est en deuil depuis que les frères Vaillant, présentateurs adulés de l’émission du moment, ont été sauvagement assassinés. Appelée en renfort auprès du commandant Vivier, l’experte en sexo-criminologie Garance Hermosa établit vite que le crime, obéissant à un obscur rituel, est l’œuvre d’un esprit particulièrement sadique et torturé. Mais dans cet univers de strass et paillettes ou les volontés de nuire sont légion, tous ceux que croisent le policier et sa collaboratrice ont une personnalité assez perverse pour être suspects. Afin de démasquer le meurtrier, la jeune profiler à la vie chaotique devra s’en faire le miroir. Au risque d’épouser sa folie et de plonger au cœur du mal…
Mon avis : Après avoir fait connaissance de Garance Hermosa dans «Potens» , je remonte le fils du temps et je vis son entrée en scène. Voici donc le premier roman de cette romancière de thrillers psychologiques. Je trouve passionnant d’apprendre des choses sur la psychologie des tueurs (en série ou pas) et des psychologues « profilers ». Mais je suis contente de ne pas avoir commencé par celui-ci même si c’est bien de faire connaissance des personnages par le début. Je l’ai trouvé moins fluide et surtout j’ai moins aimé le contexte, trop pervers pour moi. Mais alors coté manipulation et mensonges… elle est forte ! Et le dénouement est extrêmement bien amené… je n’avais rien vu venir… Ingrid Desjours est une nouvelle fois la reine des fausses pistes ! J’aime bien sa façon d’écrire qui mêle humour et angoisse, et Garance devient de plus en plus attachante … Patrik aussi… La duplicité des personnages me plait bien. On découvre les failles et la force des deux enquêteurs et cela donne de l’humanité au roman. J’ai aussi apprécié le style qui change en fonction des supports et des médias les mails, le journal intime, les discussions). Et en plus le livre est aussi intelligent. J’ai toujours aimé les clins d’œil littéraires… Et comme j’ai toujours adoré la mythologie, j’aime bien le rapprochement fait entre l’enquête et la nymphe… Je vais continuer à me faire peur en découvrant les livres de cette auteure de thrillers machiavéliques…
Extraits :
Il n’était pas pour autant manichéen – il avait assisté à trop de drames pour cela – mais aimait à se dire qu’en se basant sur de mauvaises fondations, on construit un édifice peu solide.
Ils s’appréciaient beaucoup, au point de faire jaser leurs collègues, ce qui les faisait bien rire puisqu’elle se savait trop peu féminine pour lui et qu’il avait cru comprendre être trop masculin pour elle !
Mais comment échapper à la réalité juchée sur des talons de huit centimètres ? Elle se maudit d’avoir choisi ces chaussures. Elle maudit sa coquetterie, elle maudit sa taille, et elle maudit tous les chausseurs du monde entier.
Après tout, n’est-il pas préférable de prendre les compliments au premier degré et les insultes au second ?
On ne devient pas le roi des loups sans sacrifier d’agneaux.
C’est comme si y avait deux moi, ou même trois. Y a ce que les autres ils veulent que je sois et puis ma véritable identité comme les superhéros.
Elle était une glace sans tain, un miroir magique détectant instinctivement la vraie nature des gens, miroir sur lequel chacun projetait allègrement ses intentions, ses fantasmes. Et tandis que ses interlocuteurs croyaient découvrir en elle un alter ego, ils ne faisaient que s’abîmer dans la contemplation de leur propre reflet.
Le monde du show-business est un univers glauque et marécageux, lisse et brillant à la surface mais grouillant de vermine.
De toute façon « neutre et bienveillant » c’est antinomique. La neutralité c’est rester figé, immobile, c’est le contraire de la vie.
Calomniez, Calomniez, il en restera toujours quelque chose ! » (Beaumarchais)
En général j’accole plus facilement spiritueux que spirituel au mot flic !
Elle avait autant de charisme que les serpillières qu’elle tordait à longueur de journée.
D’où venait la résignation des esprits étriqués ? Comment se satisfaire d’une vie de télévision et de défis ménagers alors que le monde est si vaste ? Alors que l’on peut échanger, apprendre, évoluer. Alors que l’art existe pour transporter les âmes !
Prêter de fausses intentions à quelqu’un pour ensuite le culpabiliser, c’est très typique d’une personnalité perverse.
Garance piqua un sprint jusqu’à la station de taxi la plus proche, pria le saint patron des femmes en escarpins que les chauffeurs ne soient pas en grève, manqua se faire une triple entorse en accrochant un talon à une grille d’aération de métro, mais parvint finalement à se glisser sur la banquette arrière d’un véhicule qui n’attendait qu’elle.
[…]mademoiselle ?…
— Hermosa. Garance Hermosa.
Voilà que je me prends pour James Bond !
— Hum ! Tout un programme… qui me fait hésiter entre Bons baisers de Paris et La Psy qui m’aimait, plaisanta-t-il.
Le charme s’aiguise comme un outil et s’affûte comme une arme.
La mythologie m’en a aussi beaucoup appris. Les histoires sont non seulement très belles, mais elles sont également riches de sens. J’aime particulièrement celle d’Éros – Cupid en anglais… c’est tellement plus pertinent ! – et Psyché, cette âme maudite qui connaît mille tourments lorsqu’elle ouvre les yeux sur la beauté de son amant.
Qu’est-ce qu’un bouc émissaire, si ce n’est un élément si atypique qu’il met l’harmonie du troupeau en danger ?
Un sourire s’entend toujours au téléphone.
… un certain Nietzsche a dit un jour que tout esprit profond avance masqué !