Desjours, Ingrid «Potens» (2010)
Auteur : Ingrid Desjours est psychocriminologue. Après avoir exercé de nombreuses années auprès de criminels sexuels en Belgique, elle décide en 2007 de se retirer en Irlande pour écrire son premier thriller. Depuis, elle se consacre entièrement à l’écriture de romans et de scénarios pour des séries télévisées. Les nombreux psychopathes qu’elle a profilés et expertisés l’inspirent aujourd’hui encore. Outre ses tableaux cliniques pertinents, l’auteur excelle dans l’art de lever le voile sur la psychologie humaine et de faire ressentir au lecteur ce que vivent ses personnages, pour le meilleur et surtout pour le pire? Ses quatre premiers romans, Écho (2009), Potens (2010), Sa vie dans les yeux d’une poupée (2013) et Tout pour plaire (2014) ont été plébiscités tant par le public que par les libraires. Consécration : Tout pour plaire est en cours de développement pour une série TV par Arte. Elle a également animé l’écriture de Connexions, un polar interactif édité en partenariat avec l’émission « Au Field de la nuit » (TF1). Les Fauves (2015) ouvre la nouvelle collection de polars et thrillers des éditions Robert Laffont : « La Bête noire. » «La prunelle de ses yeux» est sorti en 2016. Ingrid Desjours publie également chez le même éditeur des sagas fantastiques chez Robert Laffont sous le pseudonyme de Myra Eljundir : la trilogie Kaleb ainsi que Après nous, dont le premier tome est paru en mai 2016. Elle vit actuellement à Paris.
Résumé : Sexo-criminologue surdouée, Garance Hermosa est confrontée à un meurtrier d’une intelligence hors du commun ! Qui sortira vainqueur de cette partie d’échec pleine de perversité et de noirceur… ?
Trop d’intelligence rendrait-il inhumain ? Potens fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup de sang aussi.
A la suite du meurtre barbare de Charlotte, une de ses membres les plus dépravées, Potens se retrouve dans la ligne de mire de la psycho-criminologue, Garance Hermosa. Club pour ses surdoués, Potens est souvent décrit comme un repaire de génies asociaux et névrosés, parfois décrié et accusé de véhiculer des idéaux eugénistes.
Infiltrée dans le club, la jeune femme défie un assassin aussi habile que manipulateur. Exercice d’autant plus périlleux qu’un évènement tragique la renvoie à un passé qu’elle aurait préféré oublier…
Potens : l’intelligence, c’est d’en sortir. Vivant.
Mon avis : Bienvenue dans le monde des surdoués ! La Belle Garance (comme son nom l’indique), surdouée elle-même va faire une mission d’infiltration dans un club au Q.I élevé pour tenter de démasquer un tueur. Mais elle qui nage en eaux troubles car elle cache un passé qui l’empêche de vivre va devoir se mêler à une clique de gens dérangés et méprisants, plus instables les uns que les autres, qui prennent les gens de haut et affichent une supériorité malsaine et déplacée. Des adultes qui ont tous un passé bien lourd à porter, des enfants difficiles, des chemins de vie hors normes, un manque d’amour et d’équilibre psychologique effrayants. Au milieu de membres plus manipulateurs les uns que les autres, à l’intelligence élevée mais au mode de pensée inadapté, Garance va promener sa fragilité et tacher d’approcher à ses risques et périls le meurtrier potentiel. Entre la procréation pour s’assurer des pensions alimentaires, le désir de procréer l’être parfait en associant des gênes exceptionnels, des pistes et des fausses pistes, des rapports humains faussés et des manipulateurs de toutes sortes, la vérité sera difficile à atteindre… Magnifique thriller psychologique de cette romancière psycho criminologue. Plus je lis cette romancière et plus elle m’impressionne en alliant psychologie et connaissance des êtres humains.
Extraits :
Un calme tel un grand vide, lèvres serrées sur un sourire figé qui ne s’éteignait pas.
L’intelligence fait peur, car c’est une notion abstraite qui induit une idée de supériorité imbattable, place les autres en position basse, déséquilibre les relations
Un regard qui détaille, scanne, fouille et jauge. Un regard qui cherche l’emprise, qui interroge.
Mais elle ne devait pas oublier qu’elle avait affaire à des surdoués. Potentiellement infoutus de gérer leurs émotions correctement. Potentiellement manipulateurs au point de feindre la maladresse ou le détachement.
Elle se sentait trahie. Était-ce de la jalousie, ou bien de la possessivité ?
Il n’était pas rare qu’un enfant de remplacement porte le même ou un dérivé de celui du défunt. Dans une vaine tentative de faire revivre le mort à travers le vivant…
Elle ne savait pas comment faire face à tous ces éléments qui la renvoyaient brutalement à un passé si effroyable qu’elle aurait voulu s’arracher un morceau de cerveau pour ne plus s’en souvenir.
Alors elle secoua la tête bien fort, se vida l’esprit comme elle put, s’engouffra dans le métro et se noya dans la masse en priant que les souvenirs ne sachent pas nager.
Il y a eu Van Gogh, Dali, Beethoven, Didier Anzieu. Des génies, des visionnaires qui ont su transcender leur souffrance, sublimer leur mal-être, dépasser le fantôme, enterrer la négation de soi pour s’élever dans la création.
minable petite comptable qui a passé sa vie à calculer sans que quiconque compte vraiment.
Malgré les apparences trompeuses qu’elle cultivait comme des ronces,
elle, d’habitude si loquace, voire un peu fanfaronne, peinait à trouver des mots qui avaient désormais perdu de leur couleur.
Sauf que, la souffrance, elle finit par vous bouffer, y a plus que ça. L’injustice, aussi. L’envie d’en finir parce que, putain, c’est pas une vie, que vous n’avez pas rêvé ça.
La nuit enfin, et ses secrets, ses inconnus. La nuit et ses drôles de coïncidences, révélées dans le bain d’une chambre noire !
La cyclothymie, c’est-à-dire l’enchaînement de phases de calme et d’accès de rage, la fuite de la réalité par la musique ou les jeux vidéo, et la toxicomanie, sont symptomatiques d’un état limite. Les personnalités dites “border line” oscillent entre une organisation névrotique et une organisation psychotique de la personnalité.
Le noir qui s’installe, l’esprit qui se protège et l’entraîne loin, dans l’inconscience, vers des rêves qui l’extirpent de tout ce sordide.
On ne condamne pas quelqu’un sur un « peut-être »…, répondit-il, sibyllin.
On préfère parfois couler seul plutôt que de montrer ses faiblesses et appeler à l’aide.