Desjours, Ingrid « Retenir l’hiver  » (2024) 320 pages

Desjours, Ingrid « Retenir l’hiver  » (2024) 320 pages

Autrice :  Ingrid Desjours est une psychocriminologue née en 1976. Après avoir exercé de nombreuses années auprès de criminels sexuels en Belgique, elle décide en 2007 de se retirer en Irlande pour écrire son premier thriller. Depuis, elle se consacre entièrement à l’écriture de romans et de scénarios pour des séries télévisées. Les nombreux psychopathes qu’elle a profilés et expertisés l’inspirent aujourd’hui encore. Outre ses tableaux cliniques pertinents, l’auteur excelle dans l’art de lever le voile sur la psychologie humaine et de faire ressentir au lecteur ce que vivent ses personnages, pour le meilleur et surtout pour le pire? 

Ses quatre premiers romans, Écho (2009), Potens (2010), Sa vie dans les yeux d’une poupée (2013) et Tout pour plaire (2014) ont été plébiscités tant par le public que par les libraires. Elle a également animé l’écriture de « Connexions », un polar interactif édité en partenariat avec l’émission « Au Field de la nuit » (TF1). Les Fauves (2015) ouvre la nouvelle collection de polars et thrillers des éditions Robert Laffont : « La Bête noire. » «La prunelle de ses yeux» est sorti en 2016.
« Retenir l’hiver » (2024)  est paru aux éditions Hauteville ainsi que « Capucine Ladouce » 

Ingrid Desjours publie également des sagas fantastiques chez Robert Laffont sous le pseudonyme de Myra Eljundir : la trilogie Kaleb ainsi que Après nous, dont le premier tome est paru en mai 2016. Elle vit actuellement à Paris. Elle écrit aussi sous le pseudo Arabella Grìm

Hauteville – 02.10.2024 – 320 pages /

Résumé

« On ne peut donner que deux choses à un enfant : des racines et des ailes. »
Novembre 1990. Idriss et son fils Samba sont au début d’une nouvelle vie, à Roche-Bleue, un village accroché à flanc de montagne. Un village bien loin du Burkina Faso, mais ancré dans le cœur d’Idriss : sa mère lui a tant vanté la beauté des pentes enneigées et la chaleur de ses habitants, qu’il rêvait d’y trouver un nid pour son fils et lui.
Mais le garçon de neuf ans, déraciné et perdu dans cet univers glacé, se braque et s’isole. Jusqu’à sa rencontre avec une fillette fantasque aux cheveux roses et à l’imagination débordante, qui lui lance les défis les plus fous, lui fait aimer le froid et l’aide à s’ouvrir au monde. Une princesse pour qui il est prêt à tout, même à unir un village et retenir l’hiver.

Dans la lignée de L’Odyssée de Pi, Retenir l’hiver est une fable moderne et bouleversante sur l’entraide et l’amour pur.

Mon avis:
Cela change des autres livres que j’ai lu de cette autrice qui étaient d’excellents thrillers. Et je dois dire que je n’ai pas été déçue, bien au contraire ! J’ai adoré ce roman tendre et émouvant. Et ce qui est très important c’est que je me suis d’emblée attachée aux personnages.
Beaucoup de poésie, de délicatesse, d’amour et d’amitié pour traiter un sujet difficile : l’intégration d’un père et de son fils de 9 ans qui arrivent du Burkina-Faso dans un village de montagne reculé : la différence fait peur et engendre le rejet d’emblée…
Quand il va rencontrer sa « princesse des neiges », son père va tout d’abord croire qu’il a peuplé sa solitude avec un ami imaginaire… Mais non…
Le petit garçon et son Papa vont-ils réussir leur nouvelle vie ? Un binôme touchant, émouvant que celui formé par Idriss et Samba. L’espoir distillé par la petite princesse de l’hiver, une petite « elfe » solitaire aux cheveux roses. Les deux enfants vont tomber amoureux et imaginer des situations pour tout faire pour que la réalité deviennent belle pour l’un, puis pour l’autre. Elle va éliminer les « dragons » de Samba et il va retenir l’hiver.
Un livre magnifique, poignant, humain, qui met les larmes aux yeux.
Depuis toute petite j’ai aimé les contes qui se déroulent en hiver (souvent des contes russes) alors je ne pouvais qu’aimer ce livre! Et en prime une histoire d’amour avec un bébé écureuil…
Ce n’est pas un livre « pour enfants » c’est une superbe histoire d’amour à tous les niveaux.
Qui donne envie de revoir « Dirty Dancing « …

Extraits:

Vous savez, risqua l’agente de mairie, la fierté cause plus de ravages que de bienfaits.
— La fierté, c’est tout ce que nous avons.

Les clés de la féminité, celle qui affole les hommes, lui étaient toujours demeurées inaccessibles. Elle n’avait jamais su s’apprêter, préférant le confort d’un bon vieux jean et d’un tee-shirt aux tenues plus sophistiquées qui auraient mis ses formes en valeur. Quant au maquillage et autres artifices de séduction, c’était sainte Rita, la patronne des causes perdues, qu’il aurait fallu invoquer pour lui donner un semblant d’habileté.

La Princesse des neiges, c’est une créature qui n’est pas tout à fait de ce monde. Elle descend sur Terre quand les dernières feuilles sont tombées des arbres et elle repart lorsque les bourgeons reparaissent.
— Mais elle va où, après ?
— Dans le royaume de l’hiver éternel, bien sûr ! C’est un monde merveilleux, où le ciel bleu se reflète dans une neige immaculée, comme si c’était la mer.

On aimerait tous être quelqu’un d’autre, à un moment donné.

— La malheureuse doit être coulrophobe.
— Quoi ? Elle a peur des gens cool ?
— Des clowns. La coulrophobie, c’est la phobie des clowns.

Les contes, les légendes, ça doit le rassurer, lui faire l’effet d’un doudou. Mais ce n’est pas parce qu’il a un pied dans l’enfance qu’il ne grandit pas.

La seule personne qui peut te sauver, c’est toi-même.

Mes parents disent souvent qu’il faut donner des racines et des ailes aux enfants… on va faire en sorte de t’en donner à toi aussi. Tu sais, les arbres de la forêt sont tous reliés par leurs racines, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas pareil pour nous ! 

C’est facile de se moquer d’une personne qui va mal, c’est ce que tous les autres font…

— Il faut bien mourir de quelque chose, dit-il, philosophe.
— Le problème, ce n’est pas de mourir d’une attaque ou d’un AVC, soupira-t-elle. C’est plutôt d’y survivre…

La Princesse lui avait appris à ne jamais baisser les bras, à considérer les difficultés de la vie comme des dragons à terrasser, et cela avait marché pour lui. Il inspira profondément, sécha ses joues, et choisit la voie de l’espoir.

Il se rendait compte qu’il avait bercé son fils de mensonges, certes avec l’espoir de lui rendre la vie plus douce, mais aussi pour se faciliter les choses, à lui.

La vie était trop courte pour passer à côté du bonheur.

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