Carofiglio, Gianrico « Les Yeux fermés » (2012) 230 pages (Série Guido Guerrieri  tome 2)

Carofiglio, Gianrico « Les Yeux fermés » (2012) 230 pages (Série Guido Guerrieri  tome 2)

Auteur : Gianrico Carofiglio est né à Bari le 30 mai 1961. Gianrico Carofiglio est le fils de l’écrivaine Enza Buono et le frère de l’écrivain Francesco Carofiglio. Il devient magistrat à Prato en 1986, puis procureur à Foggia et procureur adjoint à Bari où il est chargé des dossiers concernant la mafia. Il est élu sénateur en 2008. Procureur, conseiller du Comité anti-mafia au Parlement italien, il a été sénateur de 2008 à 2013. Ses romans et ses essais sont traduits dans le monde entier.

Série Guido Guerrieri : Témoin involontaire (2002 – 2007) – Les Yeux fermés (2003 – 2008)– Les Raisons du doute (2006 – 2010)  – Le Silence pour preuve (2010 – 2011)  – La regola dell’equilibrio (2014 – pas traduit)

Série Pietro Fenoglio : « Une vérité changeante » (2022) – «L’été froid» (2021) – La Version de Fenoglio (2023)

Autres romans traduits : Le Passé est une terre étrangère (2009) En attendant la vague, (2013). «Trois heures du matin»(2020)

Editions Rivages Thriller – 02.04.2008 – 214 pages / Rivages/Noir – 11.01.2012 – 230 pages – traduit par Claude Sophie Mazéas 

Résumé:

Guido Guerrieri, avocat à Bari, voit débarquer dans son bureau l’inspecteur Tancredi, accompagné d’une femme en blouson de cuir qu’il prend d’abord pour un officier de police. Il s’agit en fait de soeur Claudia, directrice d’un foyer d’accueil pour femmes battues, et accessoirement professeur de boxe chinoise. Tous deux demandent à Guido de se constituer partie civile pour une jeune femme harcelée par son ex-compagnon, un homme violent à qui personne n’ose s’attaquer car il est le fils d’un puissant magistrat.
Guido finit par accepter, mais au fur et à mesure que le procès se prépare, les pressions commencent à s’exercer. Avocats, juges, experts, tout le monde a un prix dans cette ville d’Italie du sud, et pour qui connaît le système, il existe toutes sortes de manières de faire dévier le cours de la justice… Guido Guerrieri, le quadragénaire attachant de Témoin involontaire est de retour dans ce roman au style enlevé, nourri des observations de l’auteur sur la machine judiciaire. Carofiglio y aborde des thèmes aussi noirs que la violence, la pédophilie et la prédation avec intensité et humanisme.

Mon avis:

J’ai retrouvé avec plaisir Guido Guerrieri, dont j’avais fait la connaissance dans Témoin involontaire  et constaté que Margherita, la voisine du 7ème était toujours d’actualité.
Je confirme ce que j’avais écrit pour le tome 1 : Un thriller juridique psychologique passionnant !
Et des personnages tellement bien campés qu’on croit les connaitre…

La Soeur Claudia, une femme qui se révèle au fil des pages est un personnage très intéressant : elle est directrice d’un foyer d’accueil pour femmes battues et a pris sous sa protection une jeune femme, Martina, qui tente d’échapper au harcèlement de son ex-compagnon. Mais Claudia a un passé bien trouble et une personnalité qui cadre mal avec un profil de bonne-soeur : elle ressemble davantage à une justicière, elle pratique la boxe, se promène en blouson de cuir… Pour son plus grand malheur personne ne veut protéger ou défendre Martina car son ex-compagnon est le fils de l’un des hommes les plus puissants de la ville, Président d’une des sections de la Cour d’Appel. Et on ne s’oppose pas à ces gens-là… 

Sauf Guerrini qui va accepter d’affronter la crème des notables et la défendre. Confrontation des deux partis, duels d’avocats, tractations, fausses preuves et intimidation… jusqu’au dénouement final … Qui de la jeune femme ou de son ex-ami en sortira vainqueur ? Y aura-t-il un vainqueur? 

Décidément je me découvre une certaine attirance pour les romans écrits par des procureurs, qu’ils soient italiens, comme Carofiglio ou suisses comme Nicolas Feuz. Les coulisses de la justice recèlent bien des zones d’ombre, et surtout en Italie du Sud… 

Extraits: 

Personne ne s’est jamais arrêté de fumer.

Tout au plus, on suspend. Pendant quelques jours. Quelques mois ; ou quelques années. Mais personne n’arrête. La cigarette est toujours là, aux aguets. Elle surgit parfois au beau milieu d’un rêve, peut-être cinq ou dix ans après qu’on a « arrêté ».

Elle ne peut rien faire sans la terreur de le retrouver devant elle. Ou derrière elle. De fait, elle ne sort plus. Elle reste enfermée chez elle, comme dans une prison.

Une phrase de Fitzgerald me vint à l’esprit, mais je ne m’en souvenais pas très bien. Dans la nuit noire de l’âme, il est toujours trois heures du matin.

Lorsqu’elle se mit à parler, sa voix était celle de toujours : grise comme l’acier de certains couteaux.

Une légende raconte que le Wing Tsun a été inventé par une religieuse pour permettre aux personnes faibles physiquement de l’emporter sur des adversaires très gros et très forts. Du reste, des légendes de ce genre, il en existe sur tous les arts martiaux. La plus belle est celle des origines du Ju-Jutsu. Celle du médecin japonais et du saule pleureur. 

Le secret du combat était la non-résistance. Ce qui cède passe l’épreuve ; ce qui est dur, raide, un jour ou l’autre succombe, se brise. Un jour ou l’autre, on trouvera quelqu’un de plus fort que soi. Ju-Jutsu, ça veut dire : art de la malléabilité. Pour le Wing Tsun, c’est plus ou moins la même chose. »

«Bien sûr, il faut s’entendre sur ce que signifie malléabilité. Cela signifie résister jusqu’à un certain point, et savoir ensuite à quel moment céder, et dévier la force de l’adversaire, force qui se retourne contre lui. Le secret devrait résider dans le fait de savoir trouver l’équilibre entre résistance et malléabilité ; faiblesse et force. Le principe de la victoire devrait être là, entièrement. Faire exactement le contraire de ce qu’attend l’adversaire, ce qu’on ferait naturellement ou spontanément. Quelle que soit la signification de ces deux mots.»

Je ne sais pas pourquoi je t’ai téléphoné.
— Tu étais seul, peut-être.
— C’est une raison valable ?
— L’une des rares.

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