Kasischke, Laura «La couronne verte» (2008)

Kasischke, Laura «La couronne verte» (2008)

Auteur : Née en 1961, Laura Kasischke a étudié à l’Université du Michigan, elle a gagné de nombreux prix littéraires pour ses ouvrages de poésie ainsi que le Hopwood Awards ; elle a également reçu les Bourses MacDowell et Guggenheim. Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses revues. « La Vie devant ses yeux » et « A suspicious river » ont été adaptés au cinéma. « Esprit d’hiver » a reçu, en 2014, le Grand Prix des Lectrices de Elle. Laura Kasischke vit aujourd’hui dans le Michigan, où elle enseigne l’art du roman au Residential College de l’Université de Ann Arbor.

Ses romans : A Suspicious River (1999) – Un oiseau blanc dans le blizzard (2000) – La Vie devant ses yeux (2002) – Rêves de garçons (2007) – À moi pour toujours (2007) – La Couronne verte (2008) – En un monde parfait (2010) – Les Revenants (2011) – Esprit d’hiver (2013)
Recueil de nouvelles:   
«Si un inconnu vous aborde» (2017) – Eden Springs (2018)

Christian Bourgois 02.10.2008 – 225 pages – Livre de poche – 12.05.2010 – 216 pages – titre original « Feathered »  (traductrice Céline Leroy)

Résumé : Véritable rituel, les vacances de printemps marquent le passage à l’âge adulte pour les élèves de terminale aux Etats-Unis. Quittant pour la première fois le nid familial, ils partent une semaine entre amis dans un cadre exotique. Face à l’insistance de leur amie Terri, Anne et Michelle renoncent à la croisière dans les Caraïbes qu’elles avaient prévue et optent pour les plages mexicaines. En dépit des mises en garde maternelles, Anne et Michelle acceptent d’aller visiter les ruines de Chichén Itzâ en compagnie d’un inconnu.
Cette expérience les entraînera bien au-delà de la simple découverte culturelle, pour leur plus grand malheur… Laura Kasischke, dévoilant avec son talent habituel les égarements et les inquiétudes des jeunes gens, construit un roman aussi troublant que profond.

Mon avis : C’est une fois de plus un livre qui allie prose, poésie, suspense, adolescence… et une fois de plus je retombe sous le charme des écrits de cette autrice
Immanquablement ce livre me ramène à son précédent ( Rêves de garçons ) car les thèmes se rejoignent. Les jeunes filles, l’adolescence, les premiers pas vers la liberté ; comme dans le précédent cela commence dans la légèreté : trois amies qui partent pour la première fois en vacances ensemble, à l’étranger, pour une semaine de détente avec pour destination la mer, le soleil, la plage… Trois adolescentes, trois amies, l’une est belle, l’autre chante divinement bien et le troisième écrit. Toutes trois vont quitter la terne ville de Glendale pour le pays des couleurs et de la lumière, les plages de Cancún. Mais cette destination idyllique cache bien des pièges… et bien vite des vacances de rêve se transforment en cauchemars.
Comme dans les autres livres de cette autrice, les relations mère-fille sont au centre du récit. Et ici l’absence de la figure paternelle dans la vie de l’une des jeunes filles prend des proportions très importantes. C’est aussi un livre sur la difficulté de faire confiance, sur les dangers qui guettent les ados, sur le manque de réalisme des jeunes, sur leurs erreurs de jugement. S’affranchir des parents n’est pas sans risques..
Alors bienvenue sur le territoire du dieu Quetzalcóatl, autrement dit le serpent à plumes…
La couleur verte, c’est le reflet de l’océan, qui par ses tons de vert, rend le bleu encore plus bleu ; c’est aussi la végétation de Cancún, c’est l’univers des poissons multicolores, des plumes des oiseaux, les lézards verts, ; c’est même la couleur de la voiture, une Renault; c’est aussi le pays des zopilotes, des ruines des Incas, des puits sacrificiels avec leur eau vert sombre…

 Extraits :

Je me trouvais dans cet état d’esprit où l’on croit faire des projets d’avenir alors que c’est l’avenir qui décide pour nous.

Elle pensa au nombre incalculable d’événements – fêtes, sorties, rendez-vous – censés jalonner la vie d’une adolescente, qui n’arrivaient en fait pas à la cheville des dimanches après-midi passés à regarder de vieux films avec sa mère, blottie dans le canapé du salon.

Ce monde sous la surface de l’eau. Psychédélique. Effrayant et beau dans son étrangeté. La chorégraphie des poissons dans leur robe élégante. Nageant au ralenti, les yeux grands ouverts, comme des rêves devenus réalité. Elle n’aurait jamais deviné !

Une autre fois, je lui avais demandé si elle était triste de ne pas avoir de père, ou du moins de ne pas savoir qui il était. « Je suis toujours en train de chercher », m’avait-elle répondu ce qui signifiait que le pire était dans la recherche. Non pas dans le fait de ne pas avoir, mais dans le vide qui attendait toujours d’être comblé.

Le quetzal est un oiseau doté d’une magnifique queue verte qui vit ici dans le brouillard des montagnes.

Le monde était ainsi fait. Il flamboyait de couleurs.

tu peux apercevoir les cenotes. C’est la bouche qui recueille l’eau des cieux et qui donne son nom à Chichén Itzá. Ce sont les puits où on emmenait les vierges à sacrifier.

Elle se représenta cette âme dans un nuage de plumes et une explosion de vert – trop légère pour ce monde.

Elle s’allongea sur le dos, regarda autour d’elle et suffoqua devant la beauté des lieux. Le monde à sa création. Beaucoup de vert, bruissant, et plus haut, une couleur indescriptible, pour laquelle il aurait fallu inventer un mot.

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