Gallay, Claudie «Dans l’or du temps» (2006)

Autrice : Née en 1961, Claudie Gallay vit dans le Vaucluse. Elle a publié aux éditions du Rouergue L’Office des vivants (2000), Mon amour, ma vie (2002), Les Années cerises (2004), Seule Venise (2005, prix Folies d’encre et prix du Salon d’Ambronay), Dans l’or du temps (2006) et Les Déferlantes (2008, Grand Prix des lectrices de Elle). Aux éditions Actes Sud : L’amour est une île (2010), Une part de ciel (2013), Détails d’Opalka (2014), La Beauté des jours (2017)
Résumé du livre / Présentation de l’éditeur
Le narrateur passe l’été en famille, avec sa femme et leurs jumelles de sept ans, dans leur maison normande au bord de la mer. II rencontre par hasard Alice, une vieille dame abrupte et bienveillante à la fois, volontiers malicieuse. Il lui rend visite à plusieurs reprises et une attente semble s’installer : l’homme est en vacances, vacant pour ainsi dire, intrigué et attiré malgré lui ; Alice a des choses à raconter, qu’elle n’a jamais pu dire à personne, des souvenirs qui n’attendaient que lui pour remonter à la surface et s’énoncer. Tout commence par un voyage à New York qu’elle a effectué dans sa jeunesse, en 1941, en compagnie de son père photographe et d’André Breton. Ensemble, ils ont approché les Indiens hopi d’Arizona, dont l’art et les croyances les ont fascinés. Dans l’or du temps plonge au plus intime de ses personnages par petites touches, l’air de rien. Hommage à la figure d’André Breton et à la culture sacrée des Indiens hopi, ce magnifique roman célèbre les rencontres exceptionnelles, celles qui bouleversent l’âme et modifient le cours des existences
(lu en 2012 et sur la base de mes notes de lecture)
Mon avis: Une fois de plus je me laisse prendre par les univers solitaires et à la dérive de Claudie Gallay. Une rencontre improbable et le roman se noue. Une vieille dame à la fin de sa vie, sur la coté normande, près d’Etretat. Une fois encore l’importance de la cote normande qui est un personnage aussi . Un homme dont le couple prend l’eau et deux solitudes se rencontrent. Alice a eu une vue hors du commun et elle vit maintenant avec sa sœur qui ne parle pas et un chat, dans une maison pleine de souvenirs cachés. Elle va parler avec un homme sans nom, qui l’accompagnera tout un été et à qui elle racontera des souvenirs, elle parlera de sa jeunesse, des tribus des indiens Hopi, de sa rencontre avec les surréalistes et plus particulièrement Breton ( d’où le titre du livre).,de la vie et de la non-vie.
Plus je lis Claudie Gallay et plus j’apprécie cette plume
Extraits:
Il y a tout ce que nous comprenons, tout ce que nous sommes capables de transcrire en essayant d’être au plus près. Et puis il y a le reste. Tout le reste. Le monde des apparences, des silences. La vastitude de l’innommable. Ce monde est intranscriptible. Il répond à une autre logique. Parfois même, il n’a aucun logique. Il faut décoder.
Il y a deux façons de mourir. La première et puis cette autre qui vient quand plus personne ne parle de vous … Celle-là est sans doute la plus insupportable.
Les vieillards hopi sont semblables à ces arbres décharnés qui poussent sur les bords asséchés des rivières. Plus vivants. Pas encore morts.
Les chats, quand ils rêvent, c’est tout leur corps qui chasse.
Les peuples primitifs considèrent leurs rêves comme des réalités bien plus fortes que la vie réelle.
– Pourquoi vous mentirais-je ?
– Les vieillards font cela parfois.
– Vous avez raison, les vieillards mentent. Mais ils ne le font pas pour le plaisir. Ils veulent intéresser encore un peu ou parce que leur mémoire ne se souvient pas, ou mal, ou qu’elle ne se souvient plus de rien et qu’il devient alors nécessaire pour eux de tout recréer.
En terre Hopi, l’individu seul n’existe pas. Chaque homme fait partie d’un Tout. Du vivant et de l’inerte.
Il n’y a pas de solitude.