Giebel, Karine « Terminus Elicius » (2004)
Grande collectionneuse de prix littéraires et maître ès-thriller psychologique, Karine Giébel est née en 1971. Son premier roman, Terminus Elicius (collection « Rail Noir », 2004) reçoit le prix marseillais du Polar en 2005. Suivront Meurtres pour rédemption (« Rail Noir », 2006), finaliste du prix Polar de Cognac, Les Morsures de l’ombre (Fleuve Noir, 2007), prix Intramuros du festival Polar de Cognac 2008 et prix SNCF du polar 2009, Chiens de sang (Fleuve Noir, 2008), et Juste une ombre (Fleuve Noir, 2012), pour lequel Karine Giébel est couronnée par le prix Polar francophone 2012 et reçoit pour la deuxième fois le prix Marseillais du Polar. Son roman Purgatoire des innocents (Fleuve Noir 2013) confirme son talent et la consacre définitivement « reine du polar « . Après Satan était un ange (Fleuve Noir 2014), De force est son premier roman à paraître chez Belfond. ; D’ombre et de silence (contient 8 nouvelles) parait en 2017, Toutes blessent la dernière tue en 2018
Résumé : Istres-Marseille. Pour Jeanne, la vie est ponctuée par cet aller-retour ferroviaire quotidien entre son travail de gratte-papier au commissariat et la maison de sa mère. Elle attend néanmoins qu’un événement vienne secouer le fil de son existence: un regard, enfin, du capitaine Esposito? La résolution, peut-être, de cette affaire de serial killer qui défraie la chronique phocéenne? « Vous êtes si belle, Jeanne Si touchante et si belle. » Ce soir-là, une lettre, glissée entre deux banquettes, semble combler toutes ses espérances. Un peu trop, même. Car derrière le mystérieux soupirant se cache le meurtrier tant recherché par la police. Commence alors une correspondance amoureuse qui, pour Jeanne, n’aura de terminus qu’au bout de l’enfer…
Prix Marseillais du Polar 2005
Mon avis : C’est je crois le premier livre publié par cette romancière française et c’est de bonne augure pour la suite. D’ailleurs elle semble avoir confirmé depuis et se situer dans les tous bons auteurs de policiers français.. Ce livre est court mais très prenant. Un thriller psychologique ou tant le Commissaire que le coupable ou que Jeanne ne sont pas bien dans leur peau… c’est le moins qu’on puisse dire… La jeune Jeanne vit un calvaire, prise entre deux feux… Esposito et Elicius… Dénoncer ou couvrir… Trahir ou pas.. Privilégier l’amour ? à vous de prendre le train … Ce que j’aime dans ce roman – tout comme dans l’autre roman que j’avais lu d’elle – c’est l’humanité et la compréhension dont font preuve les personnages envers ceux qui semblent atteints de folie meurtrière ou autre…
Extraits
Elle aimait l’exactitude et détestait les approximations. Ce qui n’était pas parfait, ce qui n’était pas à sa place. Les livres écornés, les crayons mal taillés, les vêtements mal repassés. Les hommes mal rasés.
… elle avait toujours l’étrange impression d’être épiée, dévisagée. Autopsiée.
Je regarde le monde comme on regarde un film, sans avoir l’impression d’y participer. Un peu comme s’il tournait sans moi. Un étranger qui ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe autour de lui.
Alors, elle se laissa bercer par les mots, ne retenant que les plus beaux, oubliant la laideur des autres. Bercer par le ronronnement rassurant et les images familières qui l’entouraient…
Elle aurait voulu hurler sa souffrance mais elle ne pouvait pas. Bloquée au fond d’elle depuis longtemps, elle avait remplacé le sang dans ses veines, se nourrissait de ses entrailles. Elle avait pris toute la place dans son crâne…
J’adore les gares. Et vous ? Un petit monde dans le monde, arrivées et départs, séparations et retrouvailles. Ceux qui sont pressés, ceux qui aimeraient que le temps s’arrête.
Et sa télévision était une fenêtre sur l’extérieur, le seul lien avec cette réalité brutale.
Ce n’est pas une école, c’est une entreprise de démolition ! Oui, c’est ça : un rouleau compresseur qui écrase la moindre faiblesse. Une sorte de temple de la sélection naturelle, en somme.
Quelques secondes qui échappent au temps et à la réalité. Tout s’arrête, tout semble possible. Sensation éphémère.
Comme si elle ne l’avait jamais vue avant. D’ailleurs, elle ne l’avait jamais vue. Jamais remarquée, en tout cas. Comme ces gens que l’on croise chaque jour dans les couloirs et auxquels on ne fait même pas attention. Mais, aujourd’hui, cette inconnue était le centre d’intérêt, le centre du monde.
Dans votre cœur, je continuerai d’exister. Et c’est le plus bel endroit pour exister.
Elle avait changé. Elle était toujours la même, pourtant. Une façade pour cacher l’indicible. Les blessures partout, les plaies qui refusent de guérir. L’horreur qui se dessine au fond de ses yeux.
One Reply to “Giebel, Karine « Terminus Elicius » (2004)”
Cela faisait un bon moment que je me promettais de m’attaquer aux romans de Karine Giébel. Je me suis enfin lancée, sur tes conseils.
J’ai bien aimé le portrait de cette jeune femme perturbée, tellement seule qu’elle est prête à accepter l’amour du premier venu, même s’il s’agit d’un meurtrier.
J’ai programmé « Meurtres pour rédemption » pour dans un futur proche.