Giebel Karine «Purgatoire des Innocents» (2013)

Giebel Karine «Purgatoire des Innocents» (2013)

Grande collectionneuse de prix littéraires et maître ès-thriller psychologique, Karine Giébel est née en 1971. Son premier roman, Terminus Elicius (collection « Rail Noir », 2004) reçoit le prix marseillais du Polar en 2005. Suivront Meurtres pour rédemption (« Rail Noir », 2006), finaliste du prix Polar de Cognac, Les Morsures de l’ombre (Fleuve Noir, 2007), prix Intramuros du festival Polar de Cognac 2008 et prix SNCF du polar 2009, Chiens de sang (Fleuve Noir, 2008), et Juste une ombre (Fleuve Noir, 2012), pour lequel Karine Giébel est couronnée par le prix Polar francophone 2012 et reçoit pour la deuxième fois le prix Marseillais du Polar. Son roman Purgatoire des innocents (Fleuve Noir 2013) confirme son talent et la consacre définitivement « reine du polar « . Après Satan était un ange (Fleuve Noir 2014), De force est son premier roman à paraître chez Belfond. ; D’ombre et de silence (contient 8 nouvelles) parait en 2017, Toutes blessent la dernière tue en 2018

 (Maîtres du jeu : nouvelles. : contient 2 nouvelles : Post mortem suivi de J’aime votre peur – Pocket Thriller n° 15671, septembre 2013)

Résumé : Je m’appelle Raphaël, j’ai passé quatorze ans de ma vie derrière les barreaux. Avec mon frère, William, et deux autres complices, nous venons de dérober trente millions d’euros de bijoux. Ç’aurait dû être le coup du siècle, ce fut un bain de sang. Deux morts et un blessé grave. Le blessé, c’est mon frère. Alors, je dois chercher une planque sûre ou Will pourra reprendre des forces. Je m’appelle Sandra. Je suis morte, il y a longtemps, dans une chambre sordide. Ou plutôt, quelque chose est né ce jour-là… Je croyais avoir trouvé le refuge idéal. Je viens de mettre les pieds en enfer. Quelque chose qui marche et qui parle à ma place. Et son sourire est le plus abominable qui soit…

 

Mon avis : Un nouveau Giebel. Une nouvelle angoisse… et un nouvel univers.. Toujours suspense psychologique. Encore une fois : bienvenue en enfer ! Dans une atmosphère glauque et malsaine, on atteint des sommets ! Moi qui n’aime pas tant que ça la violence, je ne sais pas pourquoi je suis toujours attirée par les livres de cette romancière. Mais ce n’est pas mon préféré. Elle aurait pu éviter certaines scènes hyper-violentes. Mais le suspense et l’intrigue sont bonnes et le dénouement totalement inattendu. N’empêche que la morale de l’histoire, si morale il y a est qu’au niveau de la justice, mieux vaut s’attaquer à des personnes physiques qu’à de l’argent !  De loin pas mon préféré…

 Extraits :

C’est un beau mec, comme on dit. Un type qui inspire crainte et respect, même dans le camp adverse.
Un homme qui a appris les règles, n’y déroge jamais.
L’argent, le risque, la liberté, l’honneur. La violence.

D’un point de vue pénal, mieux vaut violer une femme que le coffre d’une banque. Prendre les armes pour prendre l’argent là où il se trouve, voilà un crime impardonnable aux yeux de la justice… Vraiment aveugle, aucun doute.

Hier aurait pu – aurait dû – être un jour comme un autre. Hier, jour où sa vie a basculé.

Mais son cœur est aussi difficile à atteindre que l’or caché dans les coffres de la Banque de France. Il n’a pas encore trouvé le code d’accès.

Ce n’est qu’à deux cents mètres de la maison, il a pourtant l’impression d’avoir parcouru des kilomètres, trop de kilomètres. D’être allé au-delà de la limite. Pour arriver au cœur des ténèbres.
Là où se perdent les hommes pour devenir des ombres monstrueuses et effrayantes.

La soirée a été une succession de longs silences. Comme ceux qui précèdent l’explosion d’un volcan.

Mais entre eux, il manque quelque chose de fondamental qui se nomme confiance.

Elle a toujours préféré les mots aux chiffres. Tellement plus poétiques. Tellement plus beaux. Tellement plus généreux, riches et élégants. Tellement plus émouvants.
On ne déclare pas son amour avec des chiffres.
On n’appelle pas au secours avec des nombres.
Mais avec des mots. Ou des gestes. Avec les yeux et la parole.
On rêve avec des mots. Avec les chiffres, on compte.
Le temps, les heures, les minutes. Qui passent trop vite ou trop lentement.
On compte les jours de vacances qui restent avant de retourner en classe. Les années qui nous séparent de la mort. L’argent qu’on ne peut pas dépenser.
Ou les êtres chers disparus.

Malgré tout, il préfère avoir en face de lui un modèle réduit visiblement sur le déclin qu’un jeune loup baraqué.

Il n’y a pas d’âge pour mourir. À peine venu au monde, on est sur la liste d’attente. Susceptibles d’y passer d’une seconde à l’autre.
Repas potentiel de la faucheuse.

Une demi-portion croisée avec une serpillière. Il ne pouvait espérer mieux.

Ce mec est aussi émotif et sensible qu’un bloc de marbre. Aussi téméraire qu’une poule mouillée.
Mais il est intelligent.

Cette voix lui fait l’effet d’un glaçon glissé dans son tee-shirt.

La haine.
Sa colonne vertébrale, sa force, le levier de sa puissance. Plus efficace que n’importe quel flingue.
Il faut éviter de la diluer dans les sentiments. Pure, elle doit couler dans ses veines, saturer son cerveau. Abolir le doute, le désespoir, la peur.
Froide, elle doit contracter ses muscles.
Précise, elle doit viser les deux monstres qui se terrent dans cette maudite baraque.
Impitoyable, elle doit frapper sans hésiter.

Il faut toujours trouver un coupable quand frappe la mort.

Les yeux rivés sur la mort.
C’est à cet instant qu’il réalise. Qu’il réalise vraiment. Qu’il ne la reverra plus jamais.
Qu’il ne la prendra plus jamais dans ses bras pour la soulever du sol et la faire tourner dans les airs.
Qu’il ne sentira plus son odeur, son parfum. Qu’il n’entendra plus sa voix, même plus ses reproches.

Au fil des kilomètres, ses souvenirs affluent. Peut-être pour juguler l’angoisse.
La voiture avance vers l’avenir, son esprit s’enfonce dans le passé.

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