Giebel, Karine «Chiens de sang» (2008)

Giebel, Karine «Chiens de sang» (2008)

Grande collectionneuse de prix littéraires et maître ès-thriller psychologique, Karine Giébel est née en 1971. Son premier roman, Terminus Elicius (collection « Rail Noir », 2004) reçoit le prix marseillais du Polar en 2005. Suivront Meurtres pour rédemption (« Rail Noir », 2006), finaliste du prix Polar de Cognac, Les Morsures de l’ombre (Fleuve Noir, 2007), prix Intramuros du festival Polar de Cognac 2008 et prix SNCF du polar 2009, Chiens de sang (Fleuve Noir, 2008), et Juste une ombre (Fleuve Noir, 2012), pour lequel Karine Giébel est couronnée par le prix Polar francophone 2012 et reçoit pour la deuxième fois le prix Marseillais du Polar. Son roman Purgatoire des innocents (Fleuve Noir 2013) confirme son talent et la consacre définitivement « reine du polar « . Après Satan était un ange (Fleuve Noir 2014), De force est son premier roman à paraître chez Belfond. ; D’ombre et de silence (contient 8 nouvelles) parait en 2017, Toutes blessent la dernière tue en 2018

 (Maîtres du jeu : nouvelles. : contient 2 nouvelles : Post mortem suivi de J’aime votre peur – Pocket Thriller n° 15671, septembre 2013)

Résumé :

Ils sont là. Ils approchent.
Aboiements. Tonnerre de sabots au galop…
La forêt est si profonde… Rien ne sert de crier.
C’est le plus dangereux des jeux. Le dernier tabou. Le gibier interdit…
Le hasard les a désignés. Diane aurait dû rester à l’hôtel, ce jour-là. Au mauvais endroit, au mauvais moment…Quant à Rémy le SDF, s’il a perdu tout espoir depuis longtemps, c’est la peur au ventre qu’il tente d’échapper à la traque.
Ils sont impitoyables, le sang les grise.

« Elle taille des thrillers terrifiants et haletants qui attrapent le lecteur à la gorge pour ne le relâcher qu’au bout, secoué et piégé. D’une incroyable efficacité. »Le Point

Mon avis : Deux traques en parallèle.. D’un côté les notables… de l’autre des moins que rien ou des étrangers, des pauvres hères qui sont coupables et suspects par le simple fait d’être seuls ou de vivre en marge… mais des motivations bien diverses. La chasse pour le plaisir de tuer d’une part, la chasse par peur de tout perdre de l’autre. La rage de vivre qui fait avancer ceux qui se demandaient si la vie vaut la peine d’être vécue… Même si ce n’est pas mon préféré de cette romancière, j’aime ses récits qui éclairent les petits et mettent un coup de flash sur les grands et leur intouchabilité… Et je remarque aussi l’originalité des thèmes qu’elle aborde.

 

Extraits :

Prunelles éteintes, ne reflétant plus que deux choses désormais.
Incompréhension.
Mort.

Il apprend la solitude au milieu des autres. La pire de toutes. La plus cruelle.

Il vient du purgatoire, retourne à la case départ.

Mais qui demande à un gosse d’être original ? En général, on lui demande plutôt d’être comme les autres. D’entrer dans le rang, de se fondre dans la masse.

Pourtant, les adultes ne cessaient de lui poser la question fatidique : Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Déjà qu’elle avait du mal à savoir ce qu’elle avait envie de faire la minute d’après…

L’isolement où elle pouvait enfin exister sans craindre d’être jugée, voire condamnée ; les livres, les films où elle se prenait pour l’héroïne. Ou même pour le héros.

Le petit blanc le matin, le vin midi et soir ; avec, entre les deux, le rituel de l’apéro… Une tournée, puis une autre. Simple politesse, savoir-vivre élémentaire.

Devenir frères d’armes, ça tisse des liens. Lutter contre un ennemi commun, ça gomme les différences.

Elle ne marche plus avec ses jambes ; mais avec sa tête, ses tripes, ses nerfs. Avec son espoir et sa peur.

De vastes zones à vampiriser, des espèces entières à exterminer méthodiquement.
Hippotrague et panthère en Centrafrique, buffle et impala en Tanzanie, springbok en Afrique du Sud, lion au Bénin, éléphant au Botswana, crocodile et hippopotame au Mozambique.
Avec 4×4, guides, pisteurs et porteurs. Noirs, bien sûr.

Il lève les yeux vers le ciel, harmonieusement teinté. Il va mourir bientôt. Désire emporter un peu de beauté avec lui, dans ses valises, pour l’ultime voyage.

Violence ordinaire, dont le monde entier se fout éperdument.
Épuration ethnique, massacres, dans l’indifférence générale.
En réponse, terrorisme, résistance, prises d’otages.

Les mêmes massacres, mais à grande échelle et avec des armes lourdes. Là est la nuance.
D’un côté, c’est du terrorisme ; de l’autre, une guerre.

Lui, il a la mort dans les veines, dans les gènes. Anéantir, massacrer, dominer, tuer. Éliminer, refroidir.
Jouir.
Expurger le monde de toute cette vie grouillante, écœurante, nauséabonde. Cette bêtise exaspérante.
Poser le pied sur cette vermine laborieuse. Et l’écraser.

Elle voulait simplement vérifier que ce n’était pas un rêve. Qu’elle avait bien cette chance. De l’avoir trouvé sur son chemin, de l’avoir à ses côtés, dans le même lit, la même vie.

L’impression que le temps vient de se solidifier, emprisonné dans une sorte de bulle hermétique.

Elle navigue entre deux endroits, deux époques de sa vie.
Entre le début et la fin.

Son rêve s’est étiolé, lentement. Effiloché sur les barbelés de la réalité.

Il corrige le passé, l’arrange à sa façon. L’embellit, l’adoucit.
Se ment, se raconte une histoire qui n’est pas la sienne. Tant pis, il peut bien s’offrir ce luxe, à présent.

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