Rufin, Jean-Christophe « Notre otage à Acapulco » (2022) 380 pages – Série Les enquêtes d’Aurel Timescu  tome 5

Rufin, Jean-Christophe « Notre otage à Acapulco » (2022) 380 pages – Série Les enquêtes d’Aurel Timescu  tome 5

Auteur : Écrivain, membre de l’Académie française, médecin, pionnier de l’action humanitaire, Jean-Christophe Rufin a conquis un large public avec ses romans :  L’Abyssin (prix Goncourt du premier roman et prix Méditerranée), Sauver Ispahan, Asmara et les Causes perdues (Prix Interallié 1999) Rouge Brésil (prix Goncourt 2001), Globalia (2003), La Salamandre, Le parfum d’Adam, Un léopard sur le garrot, Le grand cœur (2012) , Immortelle randonnée, KatibaLe Collier rouge (2014) Check-point (2015) , Le Tour du monde du roi Zibeline (2017), Les Sept Mariages d’Edgar et Ludmilla (2019), Les Flammes de Pierre (2021)

( en italique les livres lus avant la création du blog et donc non commentés)

Les enquêtes d’Aurel Timescu  : tome 1- Le Suspendu de Conakry (2018), tome 2 : Les trois femmes du Consul (2019) – Le flambeur de la Caspienne (2020) tome 3 – La Princesse au petit moi (2021) tome 4 – Notre otage à Acapulco» (2022) –

 

Les enquêtes d’Aurel Timescu (tome 5)

Flammarion – 06.04.2022 – 380 pages / 

Résumé :

La jeune Martha Laborne s’est évaporée à Acapulco. Mauvaise nouvelle pour le Quai d’Orsay : c’est la fille d’un homme politique français. La « Perle du Pacifique » était dans les années soixante le paradis des stars hollywoodiennes. Hélas, la ville aujourd’hui est livrée aux pires cartels mexicains de la drogue. Aurel Timescu, notre calamiteux Consul, est envoyé sur place. Comme à son habitude, il est fermement décidé à ne rien faire. 

Son hôtel, le Los Flamingos, est hanté par les fantômes de Tarzan, d’Ava Gardner ou de Frank Sinatra. En suivant ces héros qui l’ont tant fait rêver dans son enfance, il va subir une complète métamorphose. Un Aurel hédoniste, dandy et buveur de tequila se révèle. C’est bien malgré lui qu’il va se retrouver exposé à des intrigues meurtrières, à des dangers inconnus et au plus redoutable d’entre eux : la passion pour une femme exceptionnelle.

Mon avis:

Notre cher anti-héros est  nommé , pour raisons politiques ( pour donner l’illusion d’une présence) à Acapulco à titre provisoire. Acapulco, troisième ville la plus dangereuse au monde dans un pays où il y fallu sept ans pour arriver à faire rentrer l’otage Florence Cassez en France…

Son souci primordial est de savoir si il va avoir du vin blanc et un piano, ses deux incontournables…

Aussi étrange que cela puisse paraître, il va presque se fondre dans le paysage en abandonnant son manteau et ses costumes pour un bermuda, des chemises a fleurs et des tongs. Mais il va quand même trouver le moyen de détonner et de tout faire à l’envers des consignes, comme il se doit.
Et cela va déchainer les éléments…  Lui qui était supposé se rendre invisible va devenir l’artiste qui anime les soirées locales, relancer la guerre des narcotrafiquants, et je vous laisse découvrir ce qu’il va faire, avec son air de ne pas y toucher. 

Ce n’est pas le meilleur des aventures de mon brave Aurel mais j’ai adoré la plongée dans le passé d’Acapulco, avec ses vedettes, son glamour et de découvrir le mythique « Los Flamingos ».
Comme toujours l’auteur – médecin, qui a fait carrière à la fois dans l’humanitaire et ancien ambassadeur de France – a une extrêmement bonne connaissance du terrain et le sens de l’humour et du romanesque. Il sait rendre ses personnages attachants et on sent le vécu dans les personnages qu’il invente et les contextes décrits.  Et ce cher Aurel est tellement hallucinant!
(je conseille vivement de commencer par le début de la série)

Extraits:

Covid oblige, il portait un masque chirurgical d’un rose pâle. Il l’avait posé de travers, si bien qu’on aurait cru qu’il était bâillonné avec du papier hygiénique.

Il prit l’air à la fois soumis et benêt qui lui avait si souvent sauvé la vie devant ceux qui, par le passé, avaient eu l’imprudence de se croire ses supérieurs.

C’était la voiture d’Elvis, une Fleetwood 57, avec des ailes dodues comme des cuisses d’éléphant et un sourire de squale, tout en chromes.

Il s’était réveillé à midi, la tête embrumée par les bombardements de B52 et les attaques au corps-à-corps de la tequila et du rhum.

Certains êtres, et elle était de ceux-là, sont illuminés par le mouvement. En les figeant pour capter une image, on tue ce qui les rend vivants. Comme ces aliments mal cuits dont il reste la forme mais qui ont perdu leur goût, les êtres de cette qualité laissent des traces qui ne mènent pas jusqu’à eux.

Les diplomates sont des artistes. Regardez Claudel, Saint-John Perse… Pourquoi ne chanteraient-ils pas ?

Sa poignée de main visqueuse l’avait souvent trahi. Aussi s’était-il empressé d’adopter la salutation recommandée par temps de Covid. Il tendait le poing à son interlocuteur et réduisait le contact à un bref choc des phalanges.

L’Indien réfléchit puis se tourna vers lui.

— Pour mon peuple, vos limites n’existent pas. Il n’y a pas de clôtures à nos champs. Il n’y a pas de séparation entre les vivants et les morts. L’absence et la présence sont une seule et même chose.

Photo : Hotel Los Flamingos – source site traversiasdigital (ancienne carte postale)

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