Jónasson, Ragnar « La dernière tempête » (2021) Trilogie La Dame de Reykjavik : Tome 3

Jónasson, Ragnar « La dernière tempête » (2021) Trilogie La Dame de Reykjavik : Tome 3

Auteur : Islandais, né à Reykjavik , 1976. Il a découvert à 13 ans les livres d’Agatha Christie et a commencé à les traduire en islandais à 17 ans! Ses grands-parents sont originaires de Siglufjördur, la ville où se déroule Snjór, et où a grandi son père. Avocat et professeur de droit à l’Université de Reykjavik, il est aussi écrivain et le cofondateur du Festival international de romans policiers «Iceland Noir ».
C’est l’agent d’Henning Mankell qui a découvert Ragnar Jónasson et vendu les droits de ses livres dans quinze pays. Mörk a été élu « Meilleur polar de l’année 2016 » selon le SundayExpress et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre.

Série Dark Iceland :   Tome 1 Snjór (Neige), Tome 2 Mörk (Frontière) – Tome 3 Nátt (Nuit) (2018) – Tome 4 Sótt (Fièvre) (2018) Tome 5 Vík (Baie) (2019) !! se passe avant le tome 4 – Tome 6 Sigló (2020)

Autres romans : « Dix âmes pas plus » (2022) – « A qui la faute » (2023)

Trilogie La Dame de Reykjavik : Tome 1 La Dame de Reykjavik (Dimma) 2018 – Tome 2 L’Île au secret (Drungi) 2020 – Tome 3 La Dernière Tempête (Mistur ) 2021
Dans cette nouvelle série, Jonasson a écrit les histoires à rebours : le tome 2, L’île au secret se passe 10 ans avant le tome 1, La dame de Reykjavik. Le troisième tome se passe 25 ans avant le premier.

Tome 3 :
La Dernière Tempête (Drungi) La Martinière – 25.02.2021 – 281 pages / Points Policier – 04.02.2022 – 272 pages.

Résumé :
Après plus de 120 000 exemplaires vendus des deux premiers volumes de « La Dame de Reyjavík », Ragnar Jónasson clôt sa trilogie avec une dernière enquête haletante. 25 ans avant le premier volet de la série, deux histoires de familles se télescopent, deux drames qui se font écho. D’un côté Hulda, 40 ans, enquêtrice à Reykjavík, en proie à une tragédie intime. De l’autre, à l’est du pays, un couple habitant une ferme isolée, qu’une visite inattendue va faire basculer dans l’horreur… Le jour de noël, la mort frappe, impitoyable, aux deux bouts du pays.
La terrible tempête de neige qui s’abat sur l’Islande aurait dû décourager les plus téméraires de s’aventurer à l’extérieur. Ils l’ont pourtant fait. Ce couple n’aurait jamais dû laisser entrer chez eux un inconnu. Il l’a pourtant fait. Un invité indésirable. Un mensonge innommable. Un meurtre. Tous ne survivront pas à cette nuit. Et l’inspectrice Hulda, chargée de l’enquête, continuera d’être hantée par ses fantômes très longtemps encore.
L’auteur au million de lecteurs en France Ragnar Jónasson clôt sa trilogie mettant en scène l’enquêtrice tourmentée Hulda Hermansdôttir à différents âges de sa vie. Ce dernier roman se déroule vingt-cinq ans avant le premier volet de la série, La Dame de Reykjavik, et dix ans avant L’Ile au secret. Tous les volumes peuvent se lire séparément. Ragnar est aussi l’auteur de la série mettant en scène l’enquêteur Ari Thór (dont le roman-phénomène Snjór).

Mon avis:
Une fois de plus, l’atmosphère des romans de cet auteur m’enveloppe et m’emprisonne dans un monde particulier, angoissant, ouaté, oppressant. C’est la troisième fois que je passe un moment avec Hulda (de fait le troisième tome de la trilogie est le premier dans l’ordre chronologique) et l’enquêtrice est aussi importante à mes yeux que les enquêtes sur lesquelles elle travaille. Elle enquête depuis des mois sur la disparition d’une jeune fille lorsqu’elle est envoyée sur une scène de crime à l’autre bout de l’Islande, au milieu de nulle part, dans un enfer blanc, en pleine tempête en période de Noel. Une région où tout est ralenti par les conditions climatiques et la difficulté de déplacement, où tout piétine et s’enlise alors que les minutes et les secondes sont importantes pour la survie… Qui a dit qu’il devait d’un Noel blanc? Ça se discute, au milieu de ce décor féérique, dans ce paradis blanc qui cache bien des surprises…
Au centre du roman, la solitude, le manque, la disparition, la folie.. Le déchirement provoqué par l’éloignement d’une mère et de sa fille et les conséquences de ce vide qui remplit de l’intérieur. Et c’est un sentiment qui concerne aussi bien Hulda, qui se raccroche à ses enquêtes, Erla, qui se noie dans son isolement et ne vit que pour et par son mari et à la lecture…
Dans ce huis-clos en plein blizzard, les bruits deviennent fantômes, la peur de l’absence, du noir, de l’enfermement, de l’étranger, de la claustrophobie se ravivent.. jusqu’à perdre le contrôle du temps, jusqu’à confondre présent et passé, jusqu’à ce que les souvenirs et les actes s’imbriquent, que la réalité se mêlent à l’imaginaire…
Ce dernier tome est mon préféré et même en étant au courant du drame qui avait séparé Hulda et sa fille Dimma, j’ai beaucoup apprécié d’en savoir un peu plus sur l’enquêtrice.    

Et j’aime toujours en apprendre un peu plus sur les légendes et coutumes comme par exemple l’existence de Jólakötturinn,  Chat géant maléfique qui, selon le folklore, mange les enfants qui n’ont pas reçu de nouveaux vêtements à Noël.

Extraits:

Hulda l’inspectrice et Hulda la mère semblaient être deux femmes différentes ; la première cherchait sans cesse à s’affirmer, la seconde, plus posée, plus naïve, fuyait le conflit.

La maison était ancienne, et lorsque le temps se dégradait, nul autre moyen pour se maintenir au chaud que de s’envelopper dans une couverture épaisse. C’est ce qu’elle avait fait, mais ses mains, restées à l’air libre pour feuilleter les pages de son livre, étaient désormais glacées. Un sacrifice qu’elle était prête à accepter, car la lecture lui apportait plus de plaisir que toute autre activité ; avec un bon bouquin, elle voyageait loin, si loin de son quotidien, dans une autre culture, un autre pays où le soleil brillait et où les conditions de vie étaient plus clémentes.

L’hiver, il ne se passait jamais une journée sans qu’elle perçoive quelque phénomène qui lui glaçait le sang. Cet isolement, ce silence, cette fichue obscurité, tout cela participait à amplifier le moindre craquement dans la toiture ou le parquet, le sifflement du vent, les ombres, au point qu’elle se disait parfois que l’existence serait peut-être plus supportable si elle se mettait à croire aux fantômes.

Il n’avait jamais pu supporter les conflits, les évitait toujours soigneusement. Telle la rivière, il cherchait le chemin qui lui opposait le moins de résistance.

Toute sa vie, elle avait fait son possible pour ne pas penser au monde extérieur, à tous ces lieux qu’elle ne pouvait visiter, à tous ces gens qu’elle ne pouvait rencontrer. 

Il y avait une grande différence entre être conscient de quelque chose et en faire l’expérience, et elle ne s’était pas préparée à la sensation qui s’emparait d’elle. 

Si seulement elle avait un peu de lecture à cet instant, et de la lumière, bien sûr. C’était tout ce dont elle avait besoin. De quoi voyager, se laisser emporter, fût-ce temporairement, oublier la froide réalité pour rejoindre le monde rassurant de la littérature.

Dans cette atmosphère étrange, on percevait les traces silencieuses du passé, d’une existence vécue entre ces murs, à la fois proche et si lointaine.

L’existence n’était pas aussi simple, la frontière entre le bien et le mal jamais aussi nette.

One Reply to “Jónasson, Ragnar « La dernière tempête » (2021) Trilogie La Dame de Reykjavik : Tome 3”

  1. Les commentaires déjà lus par ailleurs sur cette trilogie donnent envie de s’y plonger. Il y a ceux du forum, mais également d’autres sites. 120000 exemplaires, même si ça ne se situe pas dans les chiffres d’Adamsberg de Fred Vargas ou de la trilogie de Stieg Larsson (mais pas de sa pâle copie sans souffle et pudibonde !).

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