Beuglet, Nicolas « Transylvania » (RL2025) 352 pages
Auteur : Auteur français né le 28 mai 1974. Après quinze années passées chez M6, Nicolas Beuglet a choisi de se consacrer à l’écriture de scénarios et de romans.1er roman paru sous le nom de Nicolas Sker : «Le premier crâne» (2011).
Romans:
La trilogie Trilogie Geringën « Le cri » (2026) et en 2018 « Complot » et une nouvelle dans le recueil « Phobia » (J’ai Lu 14/03/2018) . « L’île du diable » paraît en 2019. Une nouvelle «Ça n’arrivera pas» parait en 2020 sur le thème de la pandémie.
La trilogie Grace Campbell « Le dernier message » (2020), suivi «Le passager sans visage» (2021), «L’Archipel des oubliés» (2022)
Autres Romans : « L’ultime avertissement » (2024), «Transylvania» (2025)
Editeur XO – 18.09.2025 – 352 pages /
Résumé:
Il était une fois…
Encore aujourd’hui, on prétend que le château de Bran, en Transylvanie, était la propriété du comte Dracula. Rares sont ceux qui s’arrêtent dans cet hôtel reculé, cerné par la neige et la glace. L’endroit paraît habité par des fantômes depuis la nuit des temps.
C’est là que la jeune inspectrice Mina Dragan est envoyée pour enquêter sur un meurtre étrange. Un cadavre gît dans une chambre. Celui de l’unique client de l’établissement. À ses côtés traîne une vieille malle verrouillée. Avant de disparaître, l’assassin a inscrit un tatouage énigmatique sur la main de sa victime.
Mina Dragan ne le sait pas mais c’est pour elle le début d’un jeu de piste terrifiant qui lui fera découvrir la face cachée et peut-être pas si imaginaire des contes de fées de notre enfance.
Et si la clé de tous ces mystères se trouvait dans un seul livre ?
Un livre fondateur. Il était une fois Transylvania…
Dans ce thriller qui plonge dans les profondeurs de notre subconscient, Nicolas Beuglet explore, une fois de plus, les ombres du passé pour éclairer l’avenir. Haletant. Vertigineux. Passionnant.
Mon avis:
Et encore un roman coup de coeur. Un roman, un thriller, un essai… un mélange réel/imaginaire comme l’auteur en a le secret… Evasion, suspense et réflexion …
Il était une fois… et nous voilà transportés dans une ambiance de contes de fées… Sauf que.. le château de Bran, que l’on suppose être celui de Dracula, en Roumanie… n’est-ce- pas un peu étrange comme château de contes de fées? Enfin si je me souviens bien de mes anciennes lectures, du style « Psychanalyse des contes de fées » de Bruno Bettelheim, les contes de fées … ce n’est pas si innocent que ça…
Place à l’ambiance gothique , un univers imaginaire dans un coin reculé de Roumanie, dans une ambiance de froid et de glace, d’ombre et de neige, dans le silence de la nature oppressante… Une ambiance de conte de fées, avec sorcières et poisons… Blanche-Neige, Cendrillon, le Petit Poucet (qui sème ses cailloux comme autant de pistes à suivre), Hansel et Gretel, le petit Chaperon rouge et sa rencontre avec le loup … tous ces contes populaires – les contes de Grimm – qui décrivent de fait la vie de l’époque, des contes qui se réfèrent à la dureté de la vie . Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’auteur se réfère aux contes… il nous a déjà entrainé dans le sillage du joueur de flûte… La réalité serait-elle parvenue jusqu’à nous sous forme de contes? Laissons nous porter par l’aventure, par l’imaginaire… et dès le moment ou Mina va quitter la Roumanie pour l’Allemagne et continuer son périple international , le rythme de l’action va aller de plus en plus vite, le stress va grimper, le suspense croitre…
Je me suis aperçue que dans les romans de cet auteur, il faut toujours faire attention aux noms et prénoms ..Mina (« comme Mina Harker, celle qui se fait mordre par le comte Dracula dans le roman ? Vous aviez un prénom prédestiné pour venir ici… »… et Dragan, qui n’est pas un inconnu dans le monde des vampires à ce qu’il semblerait…
Dans ce château Mina, agente promue inspectrice pour l’occasion car il n’y a personne d’autre à envoyer sur place, va être accueillie par la gardienne du lieu, la gérante Anita Pretorian ( la gardienne ? prétorienne?) , et se pencher sur le cadavre de Hans Karloff (Karloff : cela ne vous fait-il pas penser aux monstres?) …
Mina Dragan est un personnage hors du commun. Important dans sa vie de respecter la loi, la morale et la justice et rester fidèle à ce qu’elle est, rester libre, permettre au doute de contrebalancer ses pulsions… Elle a sa part d’ombre, elle n’a pas suivi la voie normale pour devenir policière, ce qui lui donne des qualités insoupçonnées. Elle a des réflexes qui lui viennent de son expérience qui fait qu’elle ne se laisse pas intimider ni marcher sur les pieds mais en même temps, elle se freine, ne rue pas immédiatement dans les brancards, elle se met en retrait, écoute, analyse ses interlocuteurs avant de réagir. C’est le cas tant avec le tueur qu’avec le médecin légiste qui commence par la prendre de haut … Et pourtant il y a des fois ou elle voudrait suivre son instinct…
Comme Nicolas Beuglet ne serait pas Nicolas Beuglet s’il ne nous imbriquait pas dans l’histoire un problème de société, il nous amène à nous poser des questions sur la manipulation des cerveaux via la dépendance des réseaux sociaux, le formatage d’une nouvelle humanité, la disparition du sentiment d’empathie, la baisse de la créativité, la destruction de la démocratie…
Il passe son message qui ravira ceux/celles qui comme moi, aiment lire : la lecture nous fait vivre, nous permet de nous évader, de ressentir de l’empathie, nous préserve du stress et nous fait vivre plus vieux… la lecture fait « pétiller nos neurones » alors lisons… et j’espère retrouver Mina dans de nouvelles aventures…
Extraits:
Elle se rappelait que son indépendance se plaçait au-dessus de toutes les hiérarchies. Et si elle voulait bien être respectueuse, elle ne serait en revanche jamais soumise.
Tout n’était que minéral et glace, aucune âme ne semblait pouvoir habiter un paysage aussi hostile.
Ne jamais rester immobile, bouger, agir. Si tu t’arrêtes, c’est là que la peur prend le contrôle. Trompe ton cerveau, montre-lui que tu peux faire ce qu’il veut t’interdire de faire.
Qui était Dracula avant d’être Dracula, était-il déjà cruel et sanguinaire, ou était-il un homme bon dont le destin avait bouleversé l’existence ? Elle n’avait pas le souvenir que Bram Stoker eût raconté l’origine du comte dans son livre, il s’agissait d’un roman essentiellement épistolaire qui faisait la part belle aux très touchants états d’âme de Mina et de son amoureux Jonathan.
Replongée dans le récit, Mina se demandait si l’assassin avait choisi de tuer sa victime au château de Bran parce que Karloff était moins protégé que chez lui ou parce qu’il y avait quelque chose de symbolique à prendre la vie de cet homme dans ce lieu imprégné du mythe gothique.
— C’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre, répliqua Mina.
— Ce n’est pas de vous, ça.
— Non, d’un roi français appelé Louis XIV, répondit Mina
Quant à Belladona, cela vient du fait qu’à petites doses ce poison provoque une dilatation de la pupille, donnant au regard un air hypnotique et séduisant de belle dame. D’ailleurs, pour l’anecdote amusante, le fruit de la belladone, rond et noir, ressemble à une pupille dilatée.
Elle se demanda si ces atrocités racontées aux enfants avaient façonné des esprits adultes plus violents ou, du moins, plus adeptes des vengeances sanglantes qu’aujourd’hui. Avait-on créé des générations d’humains si baignés dans la cruauté qu’ils en avaient perdu leur empathie ?
C’était la même force qui l’animait en cet instant, la même pulsion d’indépendance et la même certitude que c’était le choix le plus fou, mais le meilleur pour se sentir vivante. Et se sentir vivante, elle adorait ça.
La bêtise charriée par ses plateformes de réseaux génère une addiction qui détruit l’intelligence et donc l’avenir de millions d’enfants et de jeunes.
Longtemps, la lecture ne fut réservée qu’aux classes dirigeantes de la noblesse ou du clergé. Dans le seul but de pouvoir dicter leurs volontés aux populations, sans risque de contestation. De mon point de vue d’historien, la démocratie n’a pu naître que dans l’esprit de citoyens informés, critiques et cultivés. Par exemple durant l’Antiquité, chez les Grecs, qui furent de grands producteurs de textes. Et notamment avec les encyclopédistes et les Lumières dont les idées se sont si bien répandues grâce à la lecture. J’en ai la conviction, seule la lecture a permis au cerveau de se nourrir de pensées visionnaires et éclairées.
Vivre libre, c’est vivre en harmonie avec notre être profond. Voilà pourquoi la liberté est la valeur sans laquelle rien d’autre ne peut être construit.
La quête de chaque être humain est de vivre libre à l’intérieur de lui-même. Libre de ses traumatismes, libre de ses peurs, libre de ses culpabilités. C’est, je crois, le projet secret de chacun d’entre nous.
[…] j’ai isolé un sentiment commun à tous les livres que j’ai aimés. Ils ont tous créé une nouvelle vie en moi.