Nicci French «Sombre mardi» (2013)

Nicci French «Sombre mardi» (2013)

Auteurs : Sous le pseudonyme de Nicci French se cache un couple de journalistes, Nicci Gerrard et Sean French. Tous deux ont étudié la littérature anglaise à Oxford à la fin des années 1970 sans jamais se rencontrer. Ensuite, chacun a mené sa carrière de son côté dans le journalisme. Nicci collabore à l’Observer pour lequel elle traite notamment des grands procès d’assises ; Sean est chroniqueur littéraire pour divers magazines. Ils se croisent enfin en 1989, et décident de partager leur vie et leur écriture. Maniant l’art de jouer avec les nerfs et le suspense cousu main, ils rencontrent le succès dès leur premier thriller psychologique.

Série Frieda Klein:  8 livres : Série « Frieda Klein »  (page sur la série)

Lundi mélancolieSombre mardiMaudit mercredi – Terrible jeudiCruel vendrediTénébreux samedi Fatal dimancheLe jour des Saints  

L’action se passe à Londres. Une psychothérapeute d’une trentaine d’années, qui tient à son indépendance, et au respect de sa vie privée. Elle a une nièce de 16 ans à qui elle donne des cours de chimie et cela semble être la seule personne de sa famille à laquelle elle soit attachée. Elle souffre d’insomnies et de ce fait elle parcourt Londres la nuit, seule, à pied.
Elle va faire équipe avec le policier Karlsson mais elle a des méthodes bien à elle et très indépendantes de collaborer…

Tome 2 : Sombre mardi, le jour où les vieilles dames parlent aux morts (Tuesday’s Gone) Fleuve noir – 2013 – 522 pages / Pocket, 15.05.2014, 576 pages

Résumé : Un homme nu, assis dans un fauteuil, une pâtisserie à la main… et pourtant bien mort. Voilà la découverte que fait l’assistante sociale chez une de ses patientes, Michelle Doyce. Celle-ci, pourtant, ne peut dire aux policiers d’où vient cet homme, ni qui il est.  à ce mystère, l’inspecteur Karlsson fait appel à la psychothérapeute Frieda Klein et à son incomparable capacité à sonder l’âme humaine. Car pour découvrir le meurtrier, il faut d’abord connaître la victime. Un criminel pris à son propre jeu, un témoin clé qui a perdu la tête et une psy qui enquête tout en ayant le sentiment d’être épiée : non, rien dans cette affaire n’est à sa place. La pièce maîtresse manque encore au puzzle.

Mon avis : J’ai retrouvé avec plaisir et intérêt la psychothérapeute Frieda, une femme repliée sur elle-même, secrète, qui trimballe un lourd passé qui ne nous a pas (encore) été révélé et qui ne tient pas du tout à être détective sous contrat et attachée à la police mais… qui se retrouve prise au piège car elle veut percer les mystères à jour. Il est capital pour elle de régler les problèmes des autres mais attention à ne pas les mélanger avec les siens… Avec ce deuxième livre, on résout non seulement une enquête (qui est liée par quelques fils ténus à la précédente mais peut se lire sans avoir lu la première) et on commence aussi à la découvrir elle un petit peu plus. La vie quotidienne banale est remise en question… on se rend compte à quel point le banal est susceptible de basculer dans le drame et l’insécurité d’une minute à l’autre si on se retrouve la proie de personnes malintentionnées. Grace à l’étude de la psychologie de tous les intervenants (policiers, psychologues, témoins, famille) on découvre les angoisses et les secrets qui sont le lot de chacun et tend à démontrer que le passé enfoui nous conditionne plus que nous pourrions le supposer.   J’aime aussi découvrir des endroits de Londres que je ne connais pas : dans la partie guide touristique ( la pierre de Brutus , la statue du chat de Dick Whittington… ) et pénétrer plus avant dans le monde de la psychologie/psychiatrie.

Vivement Mercredi 😉

Extraits :

Un lundi, c’est comme de se jeter dans de l’eau glacée, mais au moins, l’excitation procure un choc. Le mardi, on est toujours dans l’eau mais l’effet du choc s’est dissipé, et on a juste froid.

« Tant que la pierre de Brutus perdurera, la ville de Londres prospérera. » C’est censé être le cœur de la ville, le point à partir duquel les Romains mesuraient l’ampleur de leur empire. Certains pensent qu’elle détient des pouvoirs occultes. Personne ne sait vraiment d’où elle vient – des druides, des Romains. Peut-être est-ce un ancien autel, une pierre sacrificielle, un lieu de culte mystique.

Ses pensées s’abîmèrent dans les ténèbres de l’affaire, ses ombres et la peur qu’elle avait distillée, telle une encre noire.

Elle pressa plus fort son front contre la porte, sentant son cerveau travailler, ses pensées en ébullition. Elle ne pouvait s’en empêcher : le passé s’immisçait dans le présent et il y avait des choses qu’elle avait besoin de savoir. Elle se demanda pourquoi elle faisait ça. Pourquoi revisitait-elle le passé ?

Quand on dévisage quelqu’un, on se concentre sur les yeux parce qu’on a l’impression de pouvoir sonder tout son être à travers un regard qui est rendu. Mais ces yeux-là n’étaient qu’absence brumeuse.

Vous ne supporteriez pas mon job. Je passe l’essentiel de mon temps à penser que le gaz est allumé, que le bain déborde et que la fenêtre est ouverte.

Je pense souvent que c’est ça qui fait qu’un couple tient, pas les grandes choses, comme le sexe ou les enfants, mais toutes ces petites habitudes, ces tics idiots, ces petites choses qui vous rendent dingue mais qui vous rapprochent.

Vous pensez toujours, vous autres, qu’il y a quelque chose sous la surface. Qu’il y a des sens cachés sous le sens que nous donnons aux choses.

Peut-être avez-vous le sentiment que nous promettons des réponses alors que nous ne faisons que susciter plus de questionnement.

Elle leva la tête. Son mascara avait coulé. Elle semblait à la fois plus âgée et plus jeune, presque une enfant.

La peur ne rétrécit pas, elle ne fait que grandir et gagner en noirceur.

Elle ne se rappelait plus. Elle ne pouvait se rappeler quelle sensation procurait le printemps, l’été, ou même l’automne, un bel automne lumineux et doré, qui avait toujours été sa saison préférée. Elle ne se souvenait que de l’hiver : ce qu’elle vivait à présent – gelée dans un froid immuable.

Mais quand on devient vieux et qu’on vit seul, le temps passe si vite, et pourtant si lentement à la fois. C’est bizarre, vous ne trouvez pas ?

La dépression est une malédiction, une chose terrible et aveuglante : on n’arrive pas à voir au-delà. On n’est plus en mesure d’espérer, ni d’aimer, ni de se rappeler que le printemps succédera à l’hiver.

Comme s’il n’y avait plus de terre ferme pour moi, comme si tout se dérobait sous mes pieds.

elle me fait penser à l’un de ces animaux, genre blaireau, ou hermine. Pour peu qu’on touche à leur terrier, ils deviennent dangereux et… Enfin, j’exagère. J’en parle comme si c’était une sauvage. Mais elle est entêtée, une vraie tête de mule. Dans le bon sens. 99 % du temps. Ou 95…

Deux cœurs brisés dansant ensemble ?
— Parce que j’ai le cœur brisé ?
— Évidemment.
— Vous avez sans doute raison. Un peu brisé çà et là, un peu partout. Petites fractures multiples. Et votre cœur, il est brisé, lui aussi ?

C’est comme la mer. On a beau vous la décrire, il faut aller la voir par soi-même.

— Quel effet cela fait-il de découvrir ce dont on est capable ?

Ça me fait l’effet de… je ne sais pas, moi… d’un vieux pull. Un bout de laine se défait, et on croit avoir résolu le problème quand quelque chose déconne dans la manche.

« On a tous peur de prendre la mesure de la liberté dont on dispose réellement. »

Infos :

Syndrome de Capgras : Le syndrome de Joseph Capgras, appelé également l’illusion des sosies, est une forme d’hallucination visuelle au cours de laquelle le patient croit rencontrer des lointaines copies des êtres qui lui sont habituellement les plus proches.

En savoir plus : http://psychologieclinique.over-blog.com/2015/08/le-syndrome-de-capgras-ou-l-illusion-des-sosies.html

4 Replies to “Nicci French «Sombre mardi» (2013)”

  1. Ce mois d’Août j’ai lu avec beaucoup d’intérêt: Sombre mardi ombre . C’est un policier assez original ,même si je lui ai trouvé quelques longueurs .

      1. Mais j’ en lirai d’autres ,car je pense que c’est nécessaire pour apprécier et je tiens compte de ton avis judicieux Catherine.

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