Nicci French «Maudit mercredi» (2015)

Nicci French «Maudit mercredi» (2015)

Auteurs : Sous le pseudonyme de Nicci French se cache un couple de journalistes, Nicci Gerrard et Sean French. Tous deux ont étudié la littérature anglaise à Oxford à la fin des années 1970 sans jamais se rencontrer. Ensuite, chacun a mené sa carrière de son côté dans le journalisme. Nicci collabore à l’Observer pour lequel elle traite notamment des grands procès d’assises ; Sean est chroniqueur littéraire pour divers magazines. Ils se croisent enfin en 1989, et décident de partager leur vie et leur écriture. Maniant l’art de jouer avec les nerfs et le suspense cousu main, ils rencontrent le succès dès leur premier thriller psychologique.

Série Frieda Klein:  8 livres : Série « Frieda Klein »  (page sur la série)

Lundi mélancolieSombre mardiMaudit mercredi – Terrible jeudiCruel vendrediTénébreux samedi Fatal dimancheLe jour des Saints

L’action se passe à Londres. Une psychothérapeute d’une trentaine d’années, qui tient à son indépendance, et au respect de sa vie privée. Elle a une nièce de 16 ans à qui elle donne des cours de chimie et cela semble être la seule personne de sa famille à laquelle elle soit attachée. Elle souffre d’insomnies et de ce fait elle parcourt Londres la nuit, seule, à pied.

Elle va faire équipe avec le policier Karlsson mais elle a des méthodes bien à elle et très indépendantes de collaborer…

Tome 3 : Maudit mercredi – Le jour où les jeunes filles rencontrent la mort

Fleuve noir, 2014, 556 p.  / Pocket, 15.05.2015, 640 pages

Résumé : Ruth Lennox, épouse et mère modèle, est sauvagement assassinée. Aide-soignante charitable et voisine exemplaire aimée de tous, voilà une femme sans histoire, pensait l’inspecteur Karlsson. Jusqu’à ce que les langues se délient… Face aux mensonges d’une famille meurtrie, il a besoin de la psychothérapeute Frieda Klein qui n’a pas son pareil pour déceler les secrets. Mais, traumatisée par une récente agression, jalousée par un confrère retors, et sollicitée par sa nièce au bord de la crise de nerfs, elle est obnubilée par d’étranges intuitions qui la mènent sur la piste de jeunes filles disparues auxquelles personne ne s’intéresse… À corps perdu, Frieda se lance à la poursuite d’un tueur en série ignoré de tous.

À moins qu’il ne soit que la projection de ses propres angoisses ? Suspense garanti dans ce troisième opus des Nicci French. Le jeu du chat et de la souris entre la mystérieuse Frieda Klein et son ange gardien, le psychopathe Dean Reeve, se poursuit.

Mon avis :

Je continue la semaine. Et le mercredi n’est pas mon jour préféré mais il permet de connaitre davantage Frieda. Mercredi, Frida ne collabore en théorie pas avec la police. Elle a été virée à la fin du tome précédent, et elle récupère de sa grave blessure. Son amoureux est parti vivre à New-York … Frieda, que le psychothérapeute Hal Bradshaw veut à tout prix anéantir ; et qui va la mettre involontairement sur la piste de disparitions inexpliquées, sur une enquête dont même la police ignore tout. Elle va suivre ses intuitions et se mêler de choses qui, bien évidemment, ne la regardent pas. Elle va être mêlée à une enquête de meurtre car elle va faire connaissance des enfants de la victime par le biais de sa nièce. Pas mon préféré donc mais important dasn la découverte de la personnalité de l’héroïne principale. Je me réjouis d’être à jeudi…

Extraits :

Quand on était ados, on pouvait faire quelque chose et après c’était fait, pfuit, envolé, c’était du passé. Aujourd’hui, ils se font filmer, envoient ça d’un portable et ça finit sur Facebook. Les gens ne se rendent pas compte que leurs actions leur colleront aux fesses à jamais. Ce n’était pas comme ça, de notre temps.

Même les choses insignifiantes prennent de l’ampleur à 3 heures du matin.

— Dans le Sud, ils boivent du vin et tiennent debout. Dans le Nord, ils boivent des alcools blancs et s’écroulent.
— Vous voulez dire qu’ils boivent pour s’enivrer.
— Pour oublier les soucis, noyer le chagrin, fuir la nuit.

Quand nous nous retrouverons, je t’enseignerai les rudiments de l’usage du portable. (En gros, il faut le laisser allumé et le garder sur soi.)

[…]les véritables secrets ne se dissimulent pas dans les objets, les emplois du temps, les mots que nous exprimons ou les expressions que nous affichons sur nos visages, dans les tiroirs de sous-vêtements et les classeurs, les textes détruits, ou les journaux intimes planqués au fond du sac. Ils se cachent bien plus profondément, inaccessibles, même pour nous.

Plus personne n’apprenait la sténo aujourd’hui, mais il aimait ces hiéroglyphes dansants, semblables à un code secret.

Ce sont tes humeurs qui s’expriment, le traumatisme que tu as subi. Ce n’est pas rationnel. Tu confonds la dépression et la réalité.

Si tu veux me quitter parce que tu ne m’aimes plus, alors, je dois me résigner. Mais si tu veux me quitter parce que tu m’aimes et que cela te fait peur, je ne l’accepterai pas.

Aie confiance en moi. Laisse-moi une chance de te faire confiance. Je te suivrai en enfer si tu le veux. Je t’attendrai à la porte. Mais je ne me laisserai pas chasser.

Aucune union ne se porte bien quand on commence à fouiner et détailler les failles.

On devrait passer un mois dans un phare, cernés par des mers démontées, avec assez de vivres et de boissons pour n’avoir jamais besoin de sortir. On pourrait parler, lire, dormir, faire l’amour et échanger des secrets. Rattraper tout ce temps perdu

Je veux dire, comment peut-on évaluer les compétences des thérapeutes ? Les profs ont les inspecteurs, mais les psys peuvent faire tous les dégâts qu’ils veulent dans l’intimité de leurs petits cabinets, personne n’en saura jamais rien. Et si ça ne plaît pas aux patients, le psy n’a plus qu’à retourner le problème contre eux : si vous n’aimez pas, c’est que le problème est chez vous, pas chez moi. Le système s’autojustifie.

Nos vies étaient trop différentes. J’étais sur une voie et elle… euh, elle n’allait nulle part, en fait.

Des gens affluaient et refluaient, les traits floutés et vagues. Elle était comme hors d’elle-même : le cours de ses pensées semblait appartenir à une autre.

On est à la merci de tous ceux qui sont en amont. Ce qu’ils font à leur rivière, ils l’infligent à la vôtre. Ce que les gens font en aval, peu importe.

Vous savez, il existe une expression que je n’ai jamais comprise. Quand les gens disent d’une chose qu’elle est ennuyeuse, ils disent : « c’est comme de regarder pousser l’herbe ». Ou « c’est comme de regarder sécher la peinture ». C’est précisément ce qui fait mon bonheur, de regarder mon herbe pousser.

On croit pouvoir protéger les gens, prendre soin d’eux mais parfois, ils ne font que se dérober.

C’est comme ce truc qu’on vous apprend en sciences : on ne peut que prouver qu’une chose est vraie, pas qu’elle est fausse.

Nos cerveaux sont ainsi faits que nous percevons une forme de logique là où il n’y en a aucune. C’est la raison pour laquelle nous distinguons des silhouettes d’animaux dans les nuages. Mais en réalité, ce ne sont que des nuages.

Elle était plus fatiguée qu’elle ne l’avait jamais été, mais incapable de se coucher. En fait, elle avait plutôt l’impression que le sommeil ne reviendrait plus jamais et qu’elle était coincée pour toujours dans cet état de veille aride, lancinante, où les pensées tranchaient comme des lames.

Il fallait affronter la vérité, si douloureuse soit-elle, et avancer à partir de là. L’enterrer ne la faisait pas mourir, et elle finirait bien, un jour, par ressortir de terre à coups de griffes pour venir vous chercher.

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