Bussi, Michel « Rien ne t’efface » (RLH2021)
Auteur : Michel Bussi a commencé à écrire dans les années 1990. Alors jeune professeur de géographie à l’université de Rouen, il écrit un premier roman, situé à l’époque du Débarquement de Normandie. Ce dernier est refusé par l’ensemble des maisons d’édition. Il écrit quelques nouvelles, s’attelle à l’exercice de l’écriture de scénarios mais sans parvenir à les faire publier. Il attendra dix ans pour que l’idée d’un roman, inspiré d’un voyage à Rome au moment du pic de popularité du Da Vinci Code de Dan Brown, s’impose. Ce succès d’édition international, ainsi que la lecture d’une réédition de Maurice Leblanc pour le centenaire d’Arsène Lupin, le poussent à se lancer dans un travail d’enquêteur. De retour à Rouen, équipé de ses cartes de l’IGN, il noircit des carnets jusqu’à pouvoir proposer, en 2006, un manuscrit intitulé Code Lupin à un éditeur régional et universitaire, les éditions des Falaises. Ce premier roman sera réédité neuf fois.
Plusieurs années seront nécessaires pour que les ouvrages de Michel Bussi, qui paraissent au rythme d’un par an, tel Mourir sur Seine en 2008, ou Nymphéas Noirs en 2011, voient leurs ventes s’envoler. Après une série de récompenses locales, grâce à ses premières éditions en livre de poche, mais surtout grâce à la sortie en rayon polar de son ouvrage maître Un avion sans elle, l’auteur géographe est propulsé sur le devant de la scène. Deuxième auteur le plus lu en France en 2016.
Une des particularités de son travail est de situer la majorité de ses romans en Normandie. Son roman N’oublier jamais, sorti en mai 2014, met « plus que jamais » la Normandie au cœur de son intrigue, tout comme Maman a tort (qui se déroule au Havre), sorti en mai 2015. Le suivant « Le temps est assassin » sorti en mai 2016, se déroule en Corse. On la trouvait plutôt jolie (2017) a pour cadre Marseille.
Ses romans : Code Lupin (2006) – Omaha crimes /Gravé dans le sable (20067/2014) – Mourir sur Seine (2008) – Sang famille (2009 – réédité 2018) – Nymphéas noirs (2011) – Un avion sans ailes (2012) – Ne lâche pas ma main (2013) – N’oublier jamais (2014) – Maman a tort (2015) – Le temps est assassin (2016) – On la trouvait plutôt jolie (2017) – Les contes du réveil matin (2018) – J’ai dû rêver trop fort (2019) – Au soleil redouté (2020) – Rien ne t’efface (2021)
Les Presses de la Cité – 04.02.2021 – 447 pages
Résumé : Juin 2010 : Esteban, dix ans, disparaît sur la plage de Saint-Jean-de-Luz. Personne n’a rien vu. Juin 2020 : sa mère, Maddi, a refait sa vie mais la douleur et l’incompréhension sont toujours là. Elle revient en pèlerinage au Pays basque et, sur la même plage, reconnaît Esteban. Ou son jumeau parfait, Tom, un enfant de dix ans. Maddi quitte tout pour découvrir l’identité de ce garçon et s’installe dans son village, à Murol, en Auvergne.
Elle, si rationnelle, peut-elle croire à l’impossible ? Esteban serait-il devenu Tom ? L’histoire se répéterait-elle ? Tom est-il en danger ? Maddi est-elle ta seule à pouvoir le protéger ?
Mon avis :
Alors je dois dire que moi qui ne crois pas à la réincarnation… j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire… J’ai dû m’accrocher, mais comme toujours avec cet auteur, les fins de romans sont juste époustouflantes et expliquent tout… Mais que le chemin a été long… les deux tiers du livre à me demander où il voulait m’emmener…
paumée en Auvergne sous la neige, en train de poursuivre qui ? quoi ? Un fantôme. Un ami imaginaire ? une réincarnation ? un rêve ? une divagation ?
Pas mon préféré de l’auteur ( c’est toujours Nymphéas noirs ) mais toujours cette qualité de conteur et cette écriture fluide.
Une petite réflexion : le choix des prénoms est toujours pour moi source d’intérêt … Et ici je relève des prénoms étranges : Savine, Aster (comme les fleurs qui vient du grec et signifie « étoile Il s’agit de plantes vivaces à floraison automnale. En général, les asters sont rustiques et faciles à cultiver.)
Extraits :
Dans les surprises de la vie, ce qu’il y a de plus beau, c’est le papier cadeau.
J’ai suivi les courbes de la route, les mains crispées sur le volant de ma MiTo, fermement accrochée pour négocier les virages de la vie, chamboulée, bousculée, mais déterminée.
On ne dispute pas un chat qui somnole toute la journée, on ne lui demande pas de travailler, on est juste heureux qu’il soit là quand on rentre, de bonne humeur, joyeux et farceur, parce qu’il s’est ennuyé.
C’est d’abord sa solitude qui me frappe, cette étrange inquiétude dans son regard, comme s’il avait été parachuté dans la cour, était tombé d’une lune ou d’une fusée, et que chaque détail l’effrayait.
Et si je suis hindouiste, je crois au karma, au dharma et au nirvana.
la réincarnation est présente dans la vie quotidienne des Balinais, comme dans celle de tous les hindouistes, et plus généralement de l’immense majorité des hommes et des femmes qui vivent en Asie. Chaque enfant qui naît porte le poids de ses vies antérieures.
Faut-il prouver que quelque chose existe, avant de le croire ? Ou au contraire penser que tout est possible, tant qu’on n’a pas prouvé que c’était impossible ?
La théorie de la réincarnation s’est développée dans la Grèce antique, en même temps que la démocratie, ou la république… Platon, Pythagore et bien d’autres y croyaient. Les Grecs se faisaient enterrer avec des lamelles d’or, des sortes de notices pour que les âmes ne se perdent pas entre deux vies. On a appelé cette religion l’orphisme, en référence au mythe d’Orphée.
— Orphée ? C’est bien celui qui jouait… ?
— De la lyre ! La guitare des dieux, si vous préférez. Celle qui charme les gardiens de l’enfer pour ramener les êtres aimés vers une vie nouvelle.
C’est étrange, la façon dont les souvenirs refont parfois surface.
En vrai, tu sais ce que je crois ? C’est que tu es un souvenir de mon passé ! T’es mon fantôme, mais tu viens d’une de mes vies d’avant.
il reste trois preuves irréfutables d’une réincarnation : les marques de naissance sur le corps, les phobies, et la xénoglossie.
— Ça, répond Aster, c’est ce qu’on appelle le samsara, le cycle des réincarnations. Tu veux vraiment que je te fasse un cours de bouddhisme ?
— Si tu simplifies.
— OK. Pour te résumer en deux mots, le samsara est un cycle de vie dans lequel on est enfermé, une prison qui n’apporte que souffrances et illusions ! Seul notre karma, c’est-à-dire la somme de nos actes, permet d’en sortir et d’atteindre le nirvana. Tu vois, c’est ce que symbolise ce bijou. (Elle agite son collier sous le nez de Savine.) C’est un unalome, les spirales rappellent nos vies successives, et le chemin tortueux jusqu’à l’Eveil, qui est représenté par cette ligne droite dorée. Mais crois-moi, ma chérie, avant d’atteindre ce merveilleux palier, y a de sacrées étapes à franchir… Et pour commencer le passage de l’âme infantile à l’âme mature.
Puis comme tout le reste, comme l’espoir, l’odeur s’est évaporée.
— Faut vraiment croire que le monde se divise en deux, grogne-t-il en se relevant. Ceux qui larguent tout pour avancer et ceux qui trimballent tout le poids de leur vie sur le dos.
Ou me contenter de me recroqueviller dans mes souvenirs. Les déballer un à un, comme on ouvre des cartons stockés au grenier, comme on ressort de vieux bibelots, comme on raccroche d’anciens tableaux, pour que tout soit prêt quand il rentrera.
Vous devez me trouver folle. Peut-être le suis-je, en effet, mais n’est-ce pas ce que chacun fait quand il perd ce qu’il aime ? Il cherche simplement à retrouver ce qu’il a égaré. Si possible à l’identique.
Les enfants sont ce que nous en faisons. Il suffit d’un peu de patience et de beaucoup de persévérance.
Un aller, sans retour ; je n’ai pas le droit d’hésiter.
Je dois choisir.
Nous ne serons jamais que le résultat des milliers de traces que l’on croisera, de milliers de petits cailloux blancs que d’autres ont laissés sur notre chemin. On les ramassera, ou pas. Tout le monde laisse des petits cailloux blancs quand il passe sur terre. Tout le monde. Tu peux appeler cela la réincarnation, ou pas.
Vocabulaire : Unalome : un symbole bouddhiste qui représente le chemin vers l’éveil.
Info : Sur la vente de ce livre, 10 % des droits d’auteur seront reversés au Secours populaire pour aider à son action humanitaire.
2 Replies to “Bussi, Michel « Rien ne t’efface » (RLH2021)”
Pour ma part, je serais assez tentée de croire en la réincarnation… Penser que mon âme va pouvoir continuer son petit bonhomme de chemin quand mon corps ne suivra plus le rythme, ça m’agrée
Et puis depuis les nymphéas noirs, on attend toujours de Bussi qu’il nous étonne avec le dénouement de ses histoires et finalement je n’ai pas été déçue ici
ah oui effectivement la fin est bien trouvée !