Perry, Anne « La marque de l’injustice » (RL 2022)
Autrice : Anne Perry, née Juliet Marion Hulme le 28 octobre 1938 à Blackheath, à Londres, est une écrivaine britannique, auteur de plusieurs romans policiers qui se déroulent à l’époque victorienne. En 1954, elle a été condamnée pour l’assassinat de la mère de sa meilleure amie, perpétré avec celle-ci, dans l’une des affaires criminelles les plus célèbres de Nouvelle-Zélande, l’affaire Parker-Hulme. Cette affaire a inspiré en 1971 le film Mais ne nous délivrez pas du mal de Joël Séria et en 1994 celui de Peter Jackson Créatures célestes.
Elle a écrit plusieurs séries : Série Charlotte Ellison et Thomas Pitt – Série Histoires de Noël – Série William Monk – Série Celie (À l’ombre de la guillotine – Un plat qui se mange froid)– Série Joseph et Matthew Reavley – Série Elena – et des romans (Du sang sur la soie)
Suite de la série « Charlotte et Thomas Pitt » : Toute la serie des « Charlotte et Thomas Pitt »
Une série dérivée de la précédente mettant en scène Daniel, le fils de Thomas Pitt, jeune avocat qui préférerait suivre les traces de son père (1910) – « Un innocent à l’Old Bailey » (2018) – « Le manoir d’Alderney » (2019) – «Le brasier de Tooley Street» (2020) – «Le prix de l’orgueil» (2021) – La marque de l’injustice (2022)
Page sur la série Daniel Pitt : Toute la série Daniel Pitt
5 ème enquête de Daniel Pitt
Grands détectives 10/18 – 18.08.2022 – 358 pages (Titre original « Three Debts Paid » traductrice Florence Bertrand)
Résumé :
A Londres, un homme assassine les jours de pluie… Un tueur en série rôde dans les rues de Londres, et le camarade d’université de Daniel Pitt, Ian, désormais agent de police, mène l’enquête. Tous les meurtres sont commis par une nuit pluvieuse. Pourtant, Ian pressent qu’un autre lien unit les victimes. Il se tourne alors vers Miriam fford Croft, devenue l’une des premières femmes médecin légiste de la ville, pour percer le mystère.
Ian profite de l’aide de Miriam pour donner à Daniel l’affaire Nicholas Wolford, un de leurs professeurs quand ils étaient à l’université. Poursuivi pour violence suite à sa réaction agressive à une accusation de plagiat, Wolford, dans toute sa fierté, refuse d’admettre ses torts. Qu’il le veuille ou non, Daniel va devoir le défendre… Alors que la pluie de déchaîne, Miriam, Ian et Daniel s’interrogent : les meurtres sont-ils le fait d’un seul homme ? Ou l’affaire est-elle bien plus compliquée ? La réponse est peut-être plus proche d’eux qu’ils ne l’imaginent.
Mon avis :
Après une année d’études en Hollande Miriam rentre à Londres pour occuper un poste de médecin-légiste sous la supervision de sa mentor Eve. Son retour fait le bonheur de Daniel, employé dans le cabinet d’avocat de son père. Et une petite participation de Pitt père, de la Special Branch.
J’ai beaucoup aimé ce tome qui parle non seulement d’une enquête sur des meurtres commis par celui qu’on appelle « l’Éventreur des jours de pluie » mais encore d’un procès au cours duquel Daniel doit défendre un de ses anciens professeurs accusé de plagiat et d’agression.
On parle aussi en détails de la profession de médecin-légiste et des rapports entre avocat/client alors que Daniel essaie de faire comprendre à son client ce qu’il envisage de plaider au procès et pourquoi.
Et enfin de la difficulté des femmes de s’affirmer dans des domaines réservés aux hommes.
Extraits :
Son honnêteté absolue était un changement bienvenu pour lui qui travaillait dans le droit, un domaine où on semblait constamment tergiverser, chercher un argument supplémentaire.
Cependant, il avait posé la question. L’éluder serait une sorte de mensonge, et il n’y en avait jamais eu entre eux. Des malentendus, sans doute, mais pas des mensonges délibérés.
Aussi détendue qu’agréable, la soirée avait été un plaisir absolu, et pourtant elle sentait une marée d’émotions bouillonner en elle. Non pas semblable aux vagues de la mer, mais un courant profond, inéluctable, loin sous la surface.
Toutes les églises sont uniques à leur manière, mais dans chacune on ressent une paix, une sorte d’intemporalité, l’essence de l’espoir et du chagrin, la sincérité de la prière ; en leur cœur se trouve le même besoin de réconfort, la foi en un pouvoir supérieur, qui perdure après notre départ.
Il eut un sourire empreint de regret.
— On veut être exceptionnel, ne jamais être confondu avec quiconque et, pourtant, on veut aussi ressembler à tous les autres. On désire à la fois l’anonymat et l’originalité, sans se rendre compte qu’on ne peut pas avoir les deux. Du moins, pas simultanément. Bien entendu, on finit comme la plupart de ses contemporains, qui essaient tous aussi d’être différents.
Ne faites pas ça – ne criez pas contre les autres. Ne soyez pas agressif et ne leur donnez pas l’impression qu’ils sont stupides, inférieurs à vous.
Il se força à se remémorer que la colère fait moins souffrir que le chagrin.
On ne prête plus attention à l’injustice dès lors qu’elle devient coutumière, et il n’y a plus de recours pour les faibles, ceux qui ont peur, qu’ils soient âgés ou très jeunes. La violence conjugale devient monnaie courante. Les échauffourées dans les pubs deviennent de franches bagarres. Et…
Un crime ne peut être effacé. Les morts ne peuvent ressusciter. Mais ce qui est arrivé peut être compris. Ce qui a été accidentel, ce qui a été délibéré. Comment on pourrait l’éviter à l’avenir. Sans oublier la possibilité d’en tirer des leçons, et de rendre justice autant que faire se peut.
— Savez-vous que les Chinois bandaient les pieds des femmes nobles pour qu’elles ne puissent pas marcher ? À leurs yeux, c’était une forme de protection, une affirmation qu’on prendrait toujours soin d’elles. Du moins, c’était ce que pensaient les hommes.
Le terme « l’Éventreur des jours de pluie » s’imposa à elle, qu’elle repoussa brusquement. Des gens étaient morts. Brutalement assassinés. Le sobriquet de mauvais goût inventé par un journaliste quelconque semblait minimiser l’atrocité.
— C’est l’inconnu, dit-il, fournissant la réponse. Ce à quoi on ne peut pas se préparer, parce qu’on n’a pas la moindre idée de ce que c’est, et on ne peut pas faire de projets parce qu’on ne sait pas ce qui va arriver. C’est avoir la capacité d’inspirer confiance aux autres quand on en manque soi-même.
Bien s’acquitter de son travail consiste en partie à mesurer ses efforts, à ne pas abuser de ses forces. À accomplir ce que vous pouvez, en jaugeant vos capacités de manière réaliste. De façon à être là le lendemain, et le jour d’après…
être un amateur ne signifie pas qu’on ne sait pas ce qu’on fait. Cela signifie qu’on le fait par amour. Le mot vient du latin amare, « aimer ».
La panique aggravait n’importe quel problème. Le plus souvent, c’était dans ces moments-là que les véritables erreurs survenaient.
la Special Branch, un service du gouvernement qui n’était ni tout à fait la police ni l’armée, un groupe hautement efficace et d’un grand professionnalisme, dont le rôle consistait à lutter contre les menaces pesant sur la nation. Cette organisation, créée à l’origine pour combattre les attentats commis par les fenians irlandais en Angleterre, avait vu sa mission s’étendre jusqu’à couvrir toutes les formes de terrorisme intérieur et tout ce qui mettait en danger la sécurité et la stabilité de l’État.
Le temps passe beaucoup plus lentement quand on est seul.