Van der Vlugt, Simone « La Maîtresse du peintre » (2020) 298 pages
Auteur : Simone van der Vlugt (Hoorn, 15 décembre 1966) est une auteure néerlandaise, principalement connue pour ses thrillers et ses romans historiques, dont certains appartiennent à la littérature d’enfance et de jeunesse.
Romans ont été publiés en français : La Mémoire assassine (2010, Presses de la Cité), Bleu de Delft (2018, Éd. Philippe Rey), Neige rouge (2019, Éd. Philippe Rey), La Maîtresse du peintre (2020, Éd. Philippe Rey) , La Fabrique (2021, Éd. Philippe Rey), La ville dévastée (2022, Éd. Philippe Rey),
Editeur Philippe Rey – 04.06.2020 – 329 pages / 10/18 – 20.05.2021 – 312 pages (traduit par François Deneufbourg)
Résumé
Un jour de juillet 1650, Geertje Dircx est arrêtée et conduite à la maison de correction pour femmes de Gouda, condamnée à y passer douze ans. A l’origine de cette peine, Rembrandt Van Rijn. Jugée par contumace, la prisonnière, depuis sa cellule, revient sur les années qui ont précédé son arrestation et sur son idylle avec le célèbre peintre. De milieu modeste, Geertje entre à tout juste trente ans au service de Rembrandt, en tant que nourrice de son fils Titus.
La mort de Saskia Van Uylenburgh, femme de l’artiste, fait de Geertje la maîtresse de maison, et la cohabitation laisse vite place à l’amour. Les deux amants vivent une liaison scandaleuse, hors mariage, jusqu’à la trahison de Rembrandt… S’appuyant sur des documents historiques et des sources sérieuses, La maîtresse du peintre redonne voix à Geertje Dircx, injustement désavouée par l’histoire. A l’encontre de l’image répandue d’un homme visionnaire et intouchable, Simone van der Vlugt dresse de Rembrandt le portrait d’un être complexe, un génie certes, mais capable de manipulation.
Un roman puissant qui met en lumière une femme réduite au silence.
Mon avis:
J’avais eu le coup de coeur pour Bleu de Delft , et beaucoup aimé Neige rouge (même si j’avais été un peu déçue de ne pas plonger dans l’univers de la peinture). Ce roman m’a beaucoup intéressé également même si on plonge davantage dans la vie privée de Rembrandt van Rijn que dans la partie picturale et artistique.
On découvre la vie aux Pays-Bas au XVII ème siècle, la condition des femmes et le personnage de Rembrandt qui fait froid dans le dos. Sous le vernis se cache un personnage d’une malveillance rare…
Après un début de vie difficile comme nettoyeuse de poissons dans la petite ville d’Edam , la jeune Geertje va travailler dans une auberge à Hoorn puis devenir nourrice dans une famille qui l’apprécie beaucoup avant d’être embauchée par le grand peintre Rembrandt van Rijn pour s’occuper de son petit garçon et de sa femme en fin de vie à Amsterdam. Là elle connaitra le bonheur d’aimer et d’être aimée pendant quelques années avant de connaître la dégringolade. Le fait de vivre maritalement avec Rembrandt la catalogue dans la catégorie de putain, non seulement dans la vie de tous les jours mais aussi aux yeux de sa famille et de son frère en particulier.
Quand Rembrandt s’amourache de la jolie servante qu’il vient de prendre à son service, la situation s’envenime et la face cachée de celui qu’elle aimait se dévoile.. Ancien amant, famille, amis vont révéler leur vrai visage..
Ce n’est que récemment que des pièces d’archive ont permis de connaitre les agissements des protagonistes de cette sombre affaire et j’ai trouvé très interessant tout le dossier avec toutes les pièces légales (testaments, contrats, Déclarations officielles).
Extraits:
« Je ne comprends pas grand-chose à l’art.
– Il n’est pas nécessaire de comprendre pour apprécier. Une œuvre nous touche, ou nous laisse indifférent.
– Vous avez raison, monsieur. La maison de mon précédent patron était pleine de tableaux : des vases et des fleurs surtout. Mais les fleurs, j’aime autant les voir en vrai. »
– Durant ces longues nuits blanches passées à me tourmenter, je prends conscience que la certitude de n’avoir personne pour penser encore à moi est sans doute le stade ultime de la solitude.
Image : Rembrandt van Rijn (Wikipedia)