Carrisi, Donato «La Fille dans le brouillard» (08/2016)

Carrisi, Donato «La Fille dans le brouillard» (08/2016)

L’auteur : Né en 1973, Donato Carrisi est l’auteur italien de thrillers le plus lu dans le monde. Le Chuchoteur, son premier roman, a été traduit dans vingt pays, a reçu quatre prix littéraires en Italie. Lauréat du prix SNCF du Polar européen et du prix des lecteurs du Livre de Poche dans la catégorie polar, il connaît un immense succès en France aux éditions Calmann-Lévy.
Série Mila Vasquez : Le ChuchoteurL’EcorchéeL’égaréeLe jeu du chuchoteur
Série
Marcus et Sandra : Le tribunal des âmes Malefico – Tenebra Roma
Autres romans : La Femme aux fleurs de papierLa Fille dans le brouillard

Résumé : Le nouveau thriller sensationnel du créateur du Chuchoteur. Juste avant Noël, Anna-Lou, jeune fille exemplaire, disparaît sans laisser la moindre trace de son petit village des Alpes. Il s’agit de toute évidence d’un enlèvement, mais qui pourrait bien lui vouloir du mal ? C’est alors que la star de la police, le commandant Vogel, débarque sur place entouré de sa horde de caméras. Cependant, il comprend vite qu’il n’a pas la moindre piste. Et devant ses fans, il ne peut pas perdre la face. Comment faire alors pour résister à la pression de son public qui réclame un coupable ?   Une lecture addictive aux rebondissements ahurissants, et une réflexion fascinante sur le pouvoir des médias dans les affaires criminelles. Avec La Fille dans le brouillard, l’auteur de thrillers italien le plus lu au monde signe indéniablement l’un de ses meilleurs thrillers.

Mon avis : J’ai suivi les conseils de Corinne et de Laurence et je ne l’ai pas regretté… Je dois dire que maintenant je vois « Carrisi » et je fonce 😉 c’est une valeur sûre du thriller …

Ambiance de Noël dans un village de montagne. A priori tout est feutré, dans cette ambiance ouatée. Et c’est pire. Le suspense se dépose comme la neige et se colle comme le brouillard. Dans le flou tout est plus angoissant…

Ce n’est pas seulement un roman ; c’est aussi une étude sur la manipulation des informations, sur le besoin des enquêteurs et des médias d’occuper le devant de la scène, même si c’est au détriment de la vérité. L’enquêteur principal est en mal de reconnaissance après avoir manipulé les preuves dans une enquête précédente. Il a donc impérativement besoin de conclure cette enquête pour redorer son blason et relancer sa carrière. Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour cela. Une fois de plus, le « Mal » est l’acteur principal du livre.

L’importance de la télévision, de l’opinion publique … si l’intérêt des téléspectateurs est ferré par les journalistes, alors les crédits sont débloqués pour que la police puisse poursuivre son enquête dans les meilleures conditions possibles pour trouver un coupable et calmer la peur. Les médias vont désigner les cibles. Les moteurs de la vie sont l’argent, le pouvoir, la foi. Les valeurs humaines semblent céder le pas au voyeurisme… Le « monstre tueur » est nettement plus digne d’intérêt que la victime. D’ailleurs qui se soucie des victimes ?

Un thriller psychologique angoissant car cette tragédie pourrait tous nous concerner. Au moment où l’étau se resserre, on se demande si la vindicte populaire a désigné le bon coupable…

Les rouages de la justice semblent bien fumeux… les avis des flics, de la procureure, de tous semblent diverger. Beaucoup de non-dits dans ce village divisé en deux : d’un côté l’argent, de l’autre la congrégation religieuse…

Plongeons dans le côté obscur de la justice, dans le monde de l’audimat, de la publicité aux dépens de la vie …

Pas sanglant mais glaçant… et plus je lis des polars, plus j’aime les polars psychologiques qui sondent l’âme humaine. Suspense assuré jusqu’à la dernière ligne !

Extraits :

Il démarra sa vieille Citroën et attendit quelques secondes que le moteur diesel chauffe avant de partir. Il avait besoin de ce bruit pour rompre la monotonie de cette paix menaçante.

Au centre courait un fleuve d’un vert intense, tantôt placide, tantôt colérique

[…] cette pièce, ces murs, cette maison ne seraient plus jamais les mêmes. Ils étaient pleins de souvenirs qui commenceraient bientôt à faire mal.

La télévision avait cet effet-là. Comme si les mots et les gestes prenaient une consistance nouvelle.
Autrefois, elle se contentait de reproduire la réalité, maintenant c’était le contraire. Elle la rendait tangible, consistante.
Elle la créait.

Toutefois, ce silence n’avait rien de paisible : il avait mis en évidence le vide qui s’était créé dans cette maison depuis plus de quarante-huit heures.

Une tonne de souvenirs heureux. Parce que – cette pensée était idiote – les gens ne prennent pas de photos les mauvais jours. Et s’ils le faisaient, ils les mettaient ensuite de côté.

Dans une société fermée, qui vit entre les montagnes, il faut un réel charisme pour ouvrir une brèche dans le cœur des gens… ou alors profiter de la crédulité populaire,

J’ai appris qu’il existe deux moments où faire les choses. Maintenant et plus tard.

Là était peut-être la clé : le sacrifice. Sans sacrifice, il n’existait pas de foi, il n’existait pas de martyrs.

Le monstre, la victime. La seconde doit être protégée de toute attaque ou soupçon : elle doit être « pure ». Sinon, on risque de fournir un alibi moral à celui qui lui a fait du mal.

Les gens ne cherchent pas la justice, ils veulent un coupable. Pour donner un nom à la peur, pour se sentir en sécurité. Pour continuer de croire que tout va bien, qu’il y a toujours une solution.

Ce sont les méchants qui font l’histoire.
Ce n’était pas uniquement de la littérature. C’était la vie.

C’est toujours bizarre que la vie des autres continue alors que la tienne s’est arrêtée, pensa-t-il. Il se sentait bloqué dans sa vie.

Je t’ai emmené du côté obscur de la lumière. Parce que la lumière aussi en a un, même si tout le monde n’arrive pas à le voir.

3 Replies to “Carrisi, Donato «La Fille dans le brouillard» (08/2016)”

  1. Je suis rapidement devenue fan de de Donato Carrisi. C’est un des seuls qui arrivent à me tenir éveillée jusqu’à pas d’heure 🙂

    Moins violent que ses précédents romans, «La fille dans le brouillard» dénonce les dérives médiatiques qui peuvent perturber les enquêtes policières. Ici, peu de choses sur la victime, rien sur son ravisseur. L’intrigue a l’originalité de porter essentiellement sur les manipulations de l’enquêteur, véritable acteur très à l’aise sous les projecteurs mais trop concentré sur celui qu’il considère comme le coupable idéal pour se préoccuper de la vérité.

    Même si ce n’est pas mon préféré parmi les romans de cet auteur, il s’agit d’un polar efficace du début jusqu’au coup de théâtre final.

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