Cabesos, Violette & Lenoir, Frédéric, «La Promesse de l’Ange» (2004)
Auteurs :
Cabesos, Violette :
romancière française née le 9 mai 1969 à Valence. Après des études d’histoire, de lettres et de science politique dans le Sud de la France, elle se tourne vers la musique puis l’écriture. Elle s’installe à Paris en 1994.
Elle signe en collaboration avec le sociologue et écrivain Frédéric Lenoir deux romans, « La Promesse de l’ange » en 2004, qui a pour cadre Le Mont-Saint-Michel et son abbaye (Prix Maison de la Presse) et « La Parole perdue » en 2011 dont l’histoire se déroule entre Vézelay et Pompéi.
Seule elle publie : Sang comme neige (2003) – Le Teinturier de la lune (2015) – Portrait de groupe avec parapluie (2016) – Le Soleil rouge du Tsar (2020)
Lenoir, Frédéric :
né le 3 juin 1962 à Madagascar, est un sociologue, écrivain et conférencier français, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, il écrit aussi pour le théâtre et la télévision. Il a publié plusieurs ouvrages de sociologie et d’histoire des religions, des romans traduits dans une vingtaine de langues, des livres sur les crises du monde qui appellent à une responsabilité individuelle et collective et des essais qui popularisent la philosophie auprès d’un large public.
Romans et contes : Le secret (2001) – La promesse de l’ange (en collaboration avec Violette Cabesos 2004) – L’oracle della Luna (2006) – La parole perdue (en collaboration avec Violette Cabesos – 2011) – L’Âme du monde (conte initiatique, Nil Éditions, 2012) – Nina (en collaboration avec Simonetta Greggio 2013) – Cœur de cristal, (conte, 2014) – La consolation de l’ange (2019) – Juste après la fin du monde (conte, 2021)
Albin-Michel – 03.03.2004 – 490 pages / Livre de poche – 10.05.2006 – 627 pages
Résumé :
Rocher battu par les tempêtes, lieu de cultes primitifs sanctifié par les premiers chrétiens, le Mont-Saint-Michel est loin d’avoir révélé tous ses secrets. Au début du XIe siècle, les bâtisseurs de cathédrales y érigèrent en l’honneur de l’Archange, prince des armées célestes et conducteur des âmes dans l’au-delà, une grande abbaye romane. Mille ans plus tard, une jeune archéologue passionnée par le Moyen Age se retrouve prisonnière d’une énigme où le passé et le présent se rejoignent étrangement.
Meurtres inexpliqués, amours périlleuses, secrets millénaires… sur le chemin du temps, de la passion, de l’absolu, la quête de Johanna la conduit inexorablement aux frontières d’un monde dont on ne revient pas indemne. Roman initiatique, thriller métaphysique, un suspense érudit et fascinant de Violette Cabesos et Frédéric Lenoir.
Mon avis :
Ah j’adore …voyage entre deux époques (le Moyen Age et le XXIème siècle), avec les bâtisseurs de Cathédrales – l’abbaye du Mont-Saint-Michel en l’occurrence. L’archéologie du Moyen-Age, c’est Cluny mais c’est aussi la Normandie, le Mont-Saint-Michel (anciennement le Mont Tombe). Pour tous les amoureux des vieilles pierres, c’est un documentaire sur l’abbaye du Mont St-Michel, sur son édification, sur Notre-Dame-Sous-Terre. Un voyage qui nous conduira aussi dans les Pouilles (Italie) Alberobello, Lecce, Otrante et Santa Marina di Leuca et au final, une magnifique découverte : le Mont Gargan.
Archéologues en train de fouiller à la recherche des secrets des ruines anciennes, découverte de manuscrits…
C’est aussi une histoire d’amour impossible, le conflit des anciens cultes celtes et de la religion chrétienne … Les croyances et les légendes concernant les dieux celtes, les druides, les ressemblances et les différences entre les histoires qui sont les fondements des croyances celtes et chrétiennes (le combat de l’Archange et du Dragon /St Michel affrontant le dragon), la fête de Samain et le jour des morts (31 octobre /1er novembre)
Pour moi qui adore la mythologie, c’est un plaisir d’en apprendre davantage sur les « ogams », les légendes et les Dieux celtes.
il y a aussi une partie historique :le Duc Robert, Guillaume le Conquérant… La Bretagne, la Normandie…
Et les histoires d’amour : celles du Moyen Age et celles de maintenant… La vie des archéologues, les liens avec les secrets du passé… L’enquête menée par Johanna qui va se confronter à de nombreux problèmes, des meurtres, des forces du passé (?) … car il semble que certains ne souhaitent pas qu’elle puisse mener ses recherches à bien.
Les personnages sont fascinants, attachants. Il y a ceux qui ont existé et les autres. C’est à la fois extrêmement bien documenté et pas trop car la grande Histoire et la petite se marient parfaitement. Les cotés personnels, spirituels, mystiques sont là.
Un livre que j’ai dévoré, Je suis toujours très bonne cliente pour ce genre de romans, les grandes fresques du style les romans de Ken Follett (« les piliers de la terre » – « Le siècle » ), d’Ildefonso Falcones ( « La cathédrale de la mer »), de Jean Diwo, ( « Les Dames du faubourg » (Trilogie) – «Le printemps des cathédrales» (2002) , les romans de Luca Di Fulvio ( « Le gang des rêves », « Les enfants de Venise », « Le soleil des rebelles », « Les prisonniers de la liberté », « L’apothicaire » (2011) d’Henry Loevenbruck, …
Extraits :
Son métier d’archéologue n’était pas une seconde nature, il était sa nature même. Où qu’elle soit, elle ne pouvait s’empêcher d’écouter le message des pierres façonnées par l’homme. Et les pierres lui parlaient. Les lambeaux de mur, même enfouis, lui racontaient des histoires magiques qu’elle n’avait de cesse de chercher à ressusciter par-delà la terre qui les recouvrait d’oubli.
Ad accedendum ad caelum, terram fodere opportet : « Il faut fouiller la terre pour accéder au ciel »…
– Et tu es devenue archéologue…,
Comme les autres moines, Hosmund porte robe de bure et tonsure mais, comme tous les frères lais, il est barbu, signe de son analphabétisme : les poils restent un symbole de l’inculture, de la barbarie même, au vu des longs cheveux et des grandes moustaches des Vikings.
Je suis chrétienne ! Vos semblables ne nous ont pas laissé le choix… Le Christ ou la mort ! La « civilisation », comme vous dites, on nous l’a assénée par la force il y a plusieurs siècles, saccageant nos lieux de culte, éliminant les druides, mes aïeux, qui refusaient de se convertir ! Je suis comme vous, je vénère Dieu, le Christ, et Marie, et les anges, mais je me souviens aussi des dieux de cette terre, et je les honore comme mes ancêtres, droite et fière !
– Que veux-tu… Toi, tu es obsédée par une montagne sainte des bords de la Manche, moi par les monticules de saindoux qui trônent sur mes hanches… Chacune sa croix !
Si elle part maintenant, si elle s’efface de la réalité, elle aura les regrets de la séparation physique, mais point le remords d’avoir rompu un charme magique… qui vivra en elle, comme une grâce éternelle. Elle le regarde encore, fixe dans sa mémoire les yeux de crépuscule et se lève.
les chrétiens n’ont fait que reprendre et développer nos traditions à la sauce de leurs mythes, tellement bien, avec tant d’emphase et de force que nous, nous en avons oublié la source, notre culture !
On dit que cette plante, la mandragore, qui a forme humaine et pousse sous le gibet des pendus, est employée par les sorciers et les esprits mauvais. Il l’avait mélangée à d’autres herbes magiques, la belladone et la jusquiame noire, et ce fut terrible.
Son univers était constitué de plumes d’oiseaux, cornes de bœuf, pattes de lièvre, feuilles d’or, pigments de couleur, dont l’alchimie secrète donnait naissance aux enluminures rouges et vertes, typiques du travail montois. Ses songes étaient peuplés d’entrelacs, de palmettes, de lettrines en têtes de chien, masques de dragon, aigles et lions.
Quant au roman comme genre littéraire, il n’existait pas du vivant de cet homme, puisqu’il a été inventé au XIIe siècle, pour susciter le rêve et célébrer l’amour courtois de la chevalerie, l’idéal mystique de l’amour de la femme, différent de l’idéal religieux de l’amour de Dieu…
La voix des livres est parfois assourdissante, mais j’ai toujours aimé les notes dont elle me remplissait la tête, car c’est la complainte des hommes affranchis du temps…
Il est tellement plus facile de se réfugier dans un passé mort et familier que de prendre le risque d’enfanter un futur inconnu et vivant.
Les nombres :
Trois comme la Sainte Trinité, reprend doctement le vieillard, les trois personnes divines : le père, le fils, et l’Esprit Saint… Trois comme les trois vertus théologales : la foi, l’espérance et l’amour, qui sont les voies offertes à l’homme pour rejoindre Dieu. Trois comme les trois archanges : Michel, le guerrier, Gabriel, le messager, et Raphaël, le guérisseur…
Il y en aura quatre, comme les quatre éléments, les quatre fleuves du Paradis, les quatre saisons, les quatre vertus cardinales et les quatre Evangélistes..
le pentagone est le symbole de la création augmenté de l’unité divine, c’est le chiffre de l’homme (les cinq sens) et de Dieu fait homme (les cinq plaies du Christ)…
Extraits sur la mythologie :
Souvent ils visitent les humains en se transformant en animaux et créatures de la forêt : les fées sont des cygnes, la déesse mère un corbeau…
Les druides y honoraient le dieu Ogmios, ou Ogme, qui est l’opposé du dieu Dagda, vénéré sur le mont Dol, à côté : Dagda est le dieu de la lumière, Ogme, le dieu des ténèbres : le chef des morts, le dieu de la guerre, de la magie, le conducteur de l’âme des trépassés dans l’autre monde…
C’est une croix d’or et d’os, qui résume toutes les connaissances cosmogoniques et métaphysiques des druides : une croix dont les quatre branches égales, en or, sont gravées de petits signes géométriques appartenant à l’écriture des druides et du dieu Ogme : les ogams. Ces symboles représentent les quatre éléments, l’eau en bas, le feu en haut, l’air à droite, la terre à gauche. Ces branches naissent de quatre cercles centraux : le plus petit est le cercle de Gweennwed, qui représente l’ascension de l’âme auprès des dieux ; le deuxième est le cercle d’Annouim, le cercle de l’abîme ; le troisième, le cercle d’Abred, figure la destinée également partagée entre le bien et le mal ; enfin, le cercle de Keugant, le plus grand, est celui d’où sortent les âmes, sous forme d’étincelles, pour entreprendre leur migration vers d’autres corps… Ces quatre cercles sont tracés sur un morceau d’os de forme circulaire enclavé à la croix : une amulette remontant aux sources de son peuple, à l’époque où les druides pratiquaient sur les crânes des guerriers décédés la trépanation rituelle, récupérant un opercule qui, porté par les combattants, leur donnait force et courage, tandis qu’on enterrait dans l’allégresse les morts au crâne perforé.
Ogme ! s’écrie-t-elle en levant les bras au ciel et en observant l’eau. Dieu de la guerre, maître de l’éloquence, de l’écriture et de la magie, chef du royaume des morts, conducteur de l’âme des trépassés…
Dieu de la guerre, maître de l’éloquence, de l’écriture et de la magie, chef du royaume des morts, conducteur de l’âme des trépassés… ton domaine est en danger !
Morrigan, la déesse mère, la fée de la mort et de la fertilité, celle qui survole les champs de bataille pour choisir les futurs trépassés et s’accoupler avec les héros.
Epona, protectrice des chevaux, animaux précieux symboles de la chasse, de la guerre, de la mort, Epona patronne des guerriers, des voyageurs, et de ceux qui sont en route vers l’au-delà, l’autre monde, l’univers des défunts…
Vocabulaire :
Simonie : La simonie consiste en l’achat, la vente de biens spirituels, de sacrements, de postes hiérarchiques, de charges ecclésiastiques ou de services intellectuels. Elle s’est développée principalement au Moyen Âge et au début de la Renaissance, en violation du concile de Chalcédoine.