Bouysse Franck « Né d’Aucune Femme» (2019) 336 pages

Bouysse Franck « Né d’Aucune Femme» (2019) 336 pages

Auteur : né le 5 septembre 1965 à Brive-la-Gaillarde, écrivain français, auteur de nombreux romans policiers. Professeur de biologie et d’horticulture auprès de personnes en réorientation, l’auteur fait partie de cette nouvelle génération d’écrivains en France, influencés par de grands auteurs américains, qui sortent du polar citadin pour créer des intrigues au cœur de la France profonde, un peu oubliée où la nature est maître.

Romans :  Trilogie « H » (Le Mystère H- Londres ou Les Ruelles sans étoiles – La Huitième Lettre) (2008-2010.2012 )L’Entomologiste, Noire porcelaine, VagabondOxymort. Limoges : requiem en sous-sol (2014)Pur-SangGrossir le ciel, PlateauGlaiseNé d’aucune femme (2019), Orphelines (2020),  Buveurs de vent (RL2020), Fenêtre sur terre (2021), L’Homme peuplé (2022), 

La Manufacture de livres – 10.01.2019 – 334 pages – / Le livre de poche 19.08.2020 – 336 pages (Elle – Grand Prix des Lectrices – Policiers – 2019) 

Résumé :
« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile. Et alors, qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandai-je. Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés. De quoi parlez-vous? Les cahiers… Ceux de Rose ». Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.

Mon avis:

Alors que j’ai pratiquement eu le coup de coeur pour tous les livres de cet auteur, et que plusieurs personnes s’étonnaient que je n’aie pas encore lu celui-ci – je sentais bien que le sujet était trop violent pour moi – je me suis lancée. Et je vous assure que je me suis accrochée pour aller jusqu’au bout ! Chemin de croix pour Rose, mais pour moi aussi!
Heureusement que comme toujours les romans de l’auteur sont extrêmement bien écrits car c’est pas du roman, c’est de l’acharnement morbide et malsain ! L’ambiance est glauque mais surtout à force de rajouter des drames, la pauvre Rose est tellement agressée de toutes parts, tous les maux de la terre se déversent sur elle que j’en suis arrivée à me dire …bon et maintenant? Qu’est-ce qui va lui arriver encore… trop de misérabilisme et au final j’ai continué… parce que je n’aime pas abandonner un livre…
Sang, sang et encore du sang… je veux bien que les viols, les meurtres et tout le reste existent, mais le cumul de tout ce qui peut arriver de pire sur la tête d’une seule et même personne.. j’ai fini par totalement me détacher et ne plus croire à rien. Quand c’est trop c’est trop et j’ai totalement décroché…Massacre à tous les niveaux…
J’ai continué la lecture pour certaines phrases, pour le style mais plus pour Rose et son histoire… il m’a totalement perdue dans les méandres de cette noirceur…

Extraits:

Taire les mots. Laisser venir. Il ne resterait alors rien que la peau nue, les odeurs, les couleurs, les bruits et les silences.

Et pourtant, dans ce cimetière où l’immobilité des pierres contrastait avec la volubilité des âmes, nul ne l’avait connue, et encore moins aimée pour en concevoir une légitime peine.

Ces ombres en éclats d’obscurité qui n’épargne rien ni personne, sinon dans la plus parfaite des nuits qu’est la mort, avant le grand jugement.

Plus le jour pointait, plus ma détresse se transformait en une colère dure et froide, de quoi bien prendre appui dessus. Je savais pas encore ce qu’il y avait au-delà de la colère, ni où ça me mènerait. Si je l’avais su, j’imagine que j’aurais tenté de m’enfoncer encore un peu plus.

J’aurais beau mettre du bruit sur le silence tout le restant de ma vie, ce serait toujours lui qui gagnerait à la fin. C’était trop tard.

Tout le monde souhaite la mort de quelqu’un, à un moment ou à un autre de sa vie, elle a dit, sans presque détacher les mots, comme s’ils s’appuyaient les uns sur les autres pour prendre leur élan, et qu’elle arrive au bout de ce qui avait tout l’air d’une vérité fondamentale à ses yeux. 

C’est tout le problème des bonnes gens, ils savent pas quoi faire du malheur des autres. S’ils pouvaient en prendre un bout en douce, ils le feraient, mais ça fonctionne pas comme ça, personne peut attraper le malheur de quelqu’un, même pas un bout, juste imaginer le mal à sa propre mesure, c’est tout.

La seule chose qui me rattache à la vie, c’est de continuer à écrire, ou plutôt à écrier, même si je crois pas que ce mot existe il me convient. Au moins, les mots, eux, ils me laissent pas tomber. Je les respire, les mots-monstres et tous les autres. 

C’est toujours ce qui se passe avec les mots nouveaux, il faut les apprivoiser avant de s’en servir, faut les faire grandir, comme on sème une graine, et faut bien s’en occuper encore après, pas les abandonner au bord d’un chemin en se disant qu’ils se débrouilleront tout seuls, si on veut récolter ce qu’ils ont en germe.

3 Replies to “Bouysse Franck « Né d’Aucune Femme» (2019) 336 pages”

  1. Comme toi, je n’ai pas aimé ce roman . L’accumulation des malheurs de Rose , recouvre effectivement une complaisance certaine pour le sordide . J’ai trouvé tout cela assez malsain et la redite des scènes en changeant de voix pour les raconter , ne fait qu’ajouter à ce malaise , ad nauséam . Côté style je serai plus sévère que toi car je trouve que , la façon de s’exprimer de Rose est bien peu crédible vu sa condition sociale et certains passages écrits par Edmond m’ont paru très artificiels . J’ai aussi trouvé la fin confuse , au point de devoir la relire .

  2. Triste et cruelle histoire que celle de Rose ! Que d’acharnement sur cette pauvre fille ! Pourtant le sort de la jeune femme n’a pas réussi à m’émouvoir. Pourquoi s’éterniser autant sur les sévices et survoler d’autres éléments essentiels au récit comme la psychologie et les motivations des différents protagonistes ?

    L’écriture m’a parfois laissée perplexe et j’avoue que si tout avait été rédigé comme le premier chapitre, le livre me serait vite tombé des mains. J’ai bien compris la raison de la simplicité de langage du journal de Rose, j’ai beaucoup aimé la manière qu’a Gabriel de s’exprimer, j’ai lu quelques superbes descriptions du monde rural mais j’ai aussi dû revenir sur l’un ou l’autre passage car je pensais que quelque chose m’avait échappé. Quant à la fin, expéditive mais ouverte, je préfère l’imaginer différente de celle imaginée par le narrateur.

    J’ai apprécié ce roman sans toutefois être réellement emballée. Et même si je reconnais à l’auteur beaucoup de talent, si jamais l’envie de me plonger dans le spectacle de la détresse humaine me reprenait, je me demande si je ne préfèrerais pas relire Zola.

    1. Avec Bouysse j’ai soit le coup de coeur soit la déception…
      Quand il en fait trop dans le misérabilisme, c’est toujours une déception pour moi… et je décroche et me détache des personnages et de l’histoire.

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