Varesi, Valerio « Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri » (2023) 346 pages – Série Commissaire Soneri 11

Varesi, Valerio « Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri » (2023) 346 pages – Série Commissaire Soneri 11

Auteur : Valério Varesi est né à Turin le 8 août 1959 de parents parmesans. Diplômé en philosophie de l’Université de Bologne après une thèse sur Kierkegaard, il devient journaliste en 1985. Il est l’auteur de onze romans au héros récurrent, dont « Le Fleuve des brumes » nominé au prestigieux prix littéraire italien Strega ainsi qu’au Gold Dagger Award en Grande Bretagne. Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues. Admirateur de Giorgio Scerbanenco (Scerbanenco : voir auteur lettre « S »)

 Les enquêtes du Commissaire Soneri 
12ème tome de la série des enquêtes du commissaire Soneri (9ème traduit en français)
Ultime notizie di una fuga (1998) – Bersaglio, l’oblio (2000) – Il cineclub del mistero (2002)– 
Le Fleuve des brumes (2016) – La pension de la Via Saffi (2017) prix Violetta Negra –  Les ombres de Montelupo (2018) – Les mains vides (2019) – Or, encens et poussière (2020) – La maison du Commandant (2021) – La main de Dieu (2022) – « Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri » (2023) – «La stratégie du lézard» (2024)

Autre: «Il labirinto di ghiaccio » (2023) 228 pages (lu en italien)

Editeur Agullo – 11.05.2023 – 346 pages (– traduction : Florence Rigollet) – Paru sous le titre « È solo l’inizio, commissario Soneri » (2010)

Résumé:
C’est une triste journée d’hiver. De son bureau, le commissaire Soneri observe la pluie qui s’abat sur Parme quand l’annonce d’un nouveau drame vient le tirer de ce spectacle déprimant. Un mystérieux jeune homme s’est pendu dans un vieil hôtel abandonné. Sur lui, on ne retrouve ni papiers, ni argent, mais sa tenue est élégante et une valise de luxe repose à ses pieds. Soneri lance l’enquête, mais voilà qu’une deuxième affaire lui tombe dessus ? : un meurtre à l’arme blanche.
La victime, Elmo Boselli, était un leader du mouvement du Soixante-huit parmesan, grand agitateur de foules et séducteur impénitent. En creusant dans la vie de Boselli, le commissaire remonte une piste ténue qui le mène des Apennins émiliens à la mer, dans les villages des Cinque Terre… Pour reconstituer les pièces du puzzle, Soneri devra se confronter aux espoirs et aux idéaux d’une génération qui rêvait de transformer le monde mais a laissé un héritage miséreux à ses enfants. Tendu et tranchant, un grand roman noir dans lequel Valerio Varesi mêle une enquête passionnante à un portrait lucide et impitoyable de la société d’aujourd’hui.

Mon avis:
Une fois encore je me suis perdue avec délectation  dans les brumes et brouillard de Parme et ses environs. Et qui dit brouillard et pluie fine, voire neige, dit ambiance empreinte de nostalgie, dit retour vers le passé – un petit retour vers les années 60-70 -, regard sur l’évolution de la société italienne, et pour mon grand plaisir, la présence d’Angela, de son copain le légiste Nanetti et de son second Juvara. Comme de juste, la gastronomie est également au programme, avec toujours les spécialités locales et les bons vins du cru. Et des descriptions à vous couper le souffle, avec cette fois la mer en hiver et plus des brouillards parmesans. Et toujours les doutes, l’humanité, la nostalgie du Commissaire Soneri.
Au coeur du sujet les relations trans-générations, les mouvements étudiants des années 60-70,  les différences sociales.
La mort d’une légende des mouvements étudiants, le suicide – ou pas d’un homme, une enquête qui va s’avérer compliquée, toujours des rapports ambigus avec le procureur, une intuition qui sert de guide au Commissaire, la douce présence d’Angela, des escapades en direction de La Spezia…

Mais est-ce encore nécessaire de le préciser ? ceux qui me connaissent savent que Valerio Varesi et son Commissaire Soneri font partie de mes favoris.

Extraits :

Les dépressifs aiment le spectacle de la pluie.

Le jour où les gens se tairont parce qu’ils n’ont rien à dire, le monde plongera dans le silence, songea-t-il.

Je doute trop. Cela dit, le doute a de bons côtés : avoir plusieurs routes devant soi, et ne jamais finir dans un cul-de-sac.

— Alors le problème n’est pas tant la mort des autres, mais la part de nous-même qui meurt avec eux

— Le temps nous transforme, on a souvent l’impression que nos actes passés ne nous appartiennent plus, ou bien qu’ils appartiennent à une personne qu’on aurait enterrée petit à petit, jour après jour,

Chacune de nos petites actions oriente notre avenir, sans qu’on s’en rende réellement compte. Des choses insignifiantes, mais si on les ajoute les unes aux autres, elles finissent par peser.

les enquêtes sont toujours tournées vers le passé, les commissaires sont un peu des archéologues qui fouillent la vie des autres.

Il n’y a pas de vérité dans la passion, seulement la vie. La vérité est dans la réflexion, et quand tu réfléchis, tu t’éloignes de la vie et de son tourbillon.

Il ne résistait pas au charme magnétique des endroits à l’écart, là où la vie semblait s’être arrêtée, repliée sur elle-même, au bord du courant frénétique. Comparé à la misérable comédie citadine, il leur trouvait de l’authenticité.

La mer nous montre nos limites. Ne serait-ce que parce qu’elle fait ce qu’elle veut : elle te caresse ou elle te fouette quand elle en a envie.
— Le vent aussi, dans ce cas…
— Le vent me rend nerveux. Mais la mer, je n’ai pas l’habitude : elle me fait peur et me surprend.

Le brouillard dégageait une vapeur inquiète en caressant de ses ailes grises le pare-brise.

L’extrême droite est en train de conquérir une bonne partie des clubs de supporteurs. Une stratégie, pourrait-on dire. Il n’y a pas de meilleur entraînement au squadrisme et à la guérilla. 

Nous avons tous besoin d’aimer, mais aussi de haïr. On fait comme si on l’avait oublié, noyés dans la mélasse de nos bons sentiments, alors, on la réprime, mais elle refait toujours surface, en douce, de manière sournoise, en nous empoisonnant chaque fois qu’on essuie un affront en gardant le sourire, ainsi que les conventions l’exigent. Notre haine à nous, au contraire, est directe, franche, proclamée, agressive. Non seulement on lui donne une citoyenneté en la libérant, mais on l’accueille autour d’un idéal et d’un drapeau. Nous sublimons la haine du troupeau primitif en un concept de fidélité et de camaraderie.

Le passé se nourrit de ce qu’on vit, il nous dévore. Ne croyez pas qu’on puisse l’effacer. Le moment vient où il pèse de plus en plus lourd

Ils avaient les yeux vides et fatigués de ceux qui revivaient chaque soir des rêves lointains autour d’un verre.

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