Portes, Jean-Christophe «La femme aux doigts d’or» (2022) 343 pages

Portes, Jean-Christophe «La femme aux doigts d’or» (2022) 343 pages

Auteur : Français, Né à : Rueil-Malmaison, le 21/03/1966 – Jean-Christophe Portes est journaliste et réalisateur. Il a fait des études à l’Ecole Nationale de Arts Décoratifs. Auteur d’une trentaine de documentaires d’investigation, de société ou d’histoire, il travaille pour les principales chaînes de télévision françaises

Romans :
Série « Victor Dauterive « : L’Affaire des corps sans tête (2015) – L’Affaire de l’Homme à l’Escarpin (2016) – La Disparue de Saint-Maur (2017) –  L’espion des Tuileries (2018) – La trahison des Jacobins (2019) – L’assassin de Septembre (2020) – La femme aux doigts d’or (2022)
Série « Le groupe du manoir »  – Minuit dans le jardin du manoir (2019) – Le Mystère du masque sacré (2022)
Autres Les Enfants du dernier salut (2017), Les experts du crime (2018) – Les nouveaux experts du crime (2021) – Intouchable (2021) 

Enquêtes de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire : tome 7

Présentation de la série )

City éditions 19.10.2022 – 343 pages /

Résumé :
Hiver 1792. La France est au bord du chaos alors que le procès de Louis XVI commence et que le régime de la Terreur va bientôt s’abattre sur le pays. Dans ce contexte explosif, le gendarme Victor Dauterive est chargé d’escorter et protéger la célèbre actrice Julie Renard en Belgique où elle doit donner une représentation. Mais quelques jours après leur arrivée, l’actrice et sa domestique sont retrouvées mortes.
Pour Dauterive, il n’y a pas de doute : ce sont des meurtres. Le jeune gendarme se retrouve en première ligne et aussitôt accusé. Commence alors une enquête de tous les dangers. Entre révolutionnaires sanguinaires, courtisanes intrigantes et aristocrates prêts à tout pour quitter la France, Dauterive va une fois encore naviguer dans les eaux troubles des complots et des jeux de pouvoir. Au risque d’y perdre la vie…

Mon avis :

Quel plaisir de retrouver Victor Brunel de Saulon, chevalier d’Hauteville, dit Dauterive et son petit monde : Joseph, Marie-Anne, Duperrier , sans oublier bien entendu Charpier et  Olympe de Gouges. 

Dauterive travaille maintenant pour Danton, après avoir oeuvré sous les ordres de La Fayette. Et avec les années et l’expérience il est devenu plus fort. Il vit maintenant en compagnie de sa petite tribu dont il prend soin.  N’empêche que le fait de tomber amoureux ne va pas lui rendre les idées plus claires! Surtout qu’il choisit bien évidemment la mauvaise personne, magnifique mais terriblement manipulatrice et insensible! Quand en prime Olympe et Marie-Anne occupent son coeur, de manière différente. Olympe qui continue à défendre le Roi, ce qui pourrait lui coûter cher…

Alors direction Bruxelles, qui est à cette époque un territoire sous occupation française, où Dauterive assistera à un crime atroce : la jeune servante d’une comédienne réputée passera par la fenêtre d’un hôtel sous ses yeux. Pas question de croire au suicide ou à l’accident malencontreux…
Une fois encore le petit Joseph va mettre sa vie en jeu alors qu’en théorie il est supposé étudier mais il est toujours partant pour aider Dauterive dans ses enquêtes. Des enquêtes qui l’entraînent dans des milieux corrompus, qui mettent sa vie en péril… Dès que politique et argent s’en mêlent, le danger s’invite… et en cette période troublée, la mort est omniprésente car les pauvres n’ont pas disparu, les tensions sociales et économiques sont bien là, les esprits s’échauffent, les suspicions de complots pullulent. Et le meurtre de Bruxelles est bientôt suivi par une autre défenestration dont on veut faire accuser Dauterive…  

Coté contexte, la période du procès de Louis XVI, l’affrontement entre « Montagnards » et « Girondins », ceux souhaitent couper la tête du Roi et ceux qui souhaitent l’exiler. Un procès qui n’aurait jamais dû se tenir, le Roi était au dessus des lois si l’on se réfère à la Constitution de 1791… et pourtant…
N’oublions pas qu’entre entre 1793 et 1794 on va vivre la période de « la terreur »… Le Roi perdant sa tête le 21 janvier 1793 le contexte bouillonne … Mais on sait bien que Violence et Révolution Française ont toujours été de pair et la fin de la monarchie laisse augurer le pire pour l’avenir..

Et toujours ces notes au lecteur en fin de volume que j’apprécie tout particulièrement et ce contexte historique si bien intégré à l’action, les acteurs fictifs et les acteurs historiques qui se complètent si bien.
Vous vous intéressez à l’Histoire de France? A la Révolution française? Je ne vois pas de meilleur compagnon que Victor pour vous accompagner … Je le suis depuis le début et je me réjouis de le retrouver pour la suite de ses aventures (et étoffer plus encore mes connaissances de cette période importante de l’Histoire)

Extraits:

« Les rois, avait dit l’abbé Grégoire, sont dans l’ordre moral ce que sont les monstres dans l’ordre physique. »

Dauterive était secret, par moments brutal et emporté, secrètement déchiré entre ses origines aristocrates et les renversements qu’il souhaitait pourtant. Mais tous deux partageaient une même âme d’artiste, le même sentiment de révolte contre l’injustice, et un dégoût profond de la grossièreté, des trahisons et de la violence. 

Mais quelle loi, quand des assassins œuvraient au sein même de la police ? Pourquoi suivre des procédures, quand leurs ennemis les contournaient toutes ? 

Voilà bien longtemps que le policier maîtrisait l’art de se dissimuler, comme un animal de proie utilise l’ombre avant de goûter le sang.

Au fond, la Révolution n’avait rien changé sur ce point. Même riches et bien nées, les femmes dépendaient toujours presque entièrement des hommes.

La Révolution n’avait pas amélioré leur sort, ils étaient toujours aussi nombreux à se disputer les meilleures places à la sortie des bonnes maisons, des boulangeries ou d’autres commerces. Et comme sans doute du temps des Romains, ou sous Clovis ou Louis le Grand, les bourgeois s’offusquaient de leur présence et la police les pourchassait. Et, identiques au fil des siècles, les miséreux s’égaillaient puis revenaient, comme des mouches qu’on essaye en vain d’écarter des reliefs d’un repas.

— On cherche à fuir le passé, conclut-il, les larmes brillant sur ses joues parcheminées. Mais c’est impossible. On ne peut l’oublier, il vous suit et vous rattrape toujours, quelque pénitence qu’on fasse. Vos fautes vous hantent, elles sont vos fantômes.

De l’enthousiasme général de 1789, on était passé à la suspicion puis à la colère, et maintenant à une sorte de peur diffuse. Les Français s’inquiétaient de tout et voyaient des complots partout, les uns réels, la plupart, imaginaires.

— On ne fait pas de bonne police avec de purs esprits.

Ses yeux étaient mordorés, comme ceux d’Olympe, mais trompeurs, avec cette fausse quiétude d’un chat toujours prêt à déchirer sa proie. On pouvait rêver d’elle, la désirer sans doute et même l’aimer, mais lui faire confiance jamais.

Image : L’interrogatoire de « Louis le dernier » par la Convention. 26 décembre 1792 ( Wikipedia)

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